Devoir de Philosophie

La vérité est-elle différente de la réalité ?

Publié le 17/10/2005

Extrait du document

De plus, si la philosophie est considérée comme la science qui recherche la vérité c'est que cette dernière n'est pas limpide. Or la réalité est tout ce qu'il y a de clair et d'immédiat. Ainsi si la vérité était la réalité, la philosophie n'aurait donc plus d'objet de recherche. Péguy : « Une grande philosophie n'est pas celle qui installe une vérité définitive, c'est celle qui introduit une inquiétude ». La philosophie est donc la science du scepticisme puisque selon Péguy elle n'a finalement jamais de réponse assurée à donner, elle ne peut que garantir une vérité pendant un certain temps jusqu'à ce qu'elle soit réfutée. Même dans la philosophie il n'existe pas qu'une seule vérité. Nietzsche, dans Par-delà le mal et le bien, soulignait le fait que la philosophie recherche éternellement la vérité et ne pourra pourtant jamais l'atteindre.   II. La vérité se cherche   Si ce qui est ne correspond pas à ce qui paraît être toute la question est de savoir à quoi on reconnaît la vérité ? Comment se produit l'instant où l'on sait que l'on a trouvé la vérité ?

INTRODUCTION

Toute l'histoire de la vérité témoigne de cette quête inlassable de la vérité dont l'issue balance entre les certitudes dogmatiques et le doute sceptique. Quelle définition nous faut-il donner de la vérité et surtout une telle définition est-elle possible ? La vérité est-elle différente de la réalité ? Quels liens entretiennent vérité et réalité ? La vérité est-elle une adéquation avec le réel ? La vérité fait-elle l'objet d'une réflexion, d'une démonstration qui vient à différer de la réalité ?

PROPOSITION DE PLAN

I. Les rapports entre vérité et réalité

1. Le morceau de cire: L'apparence, trompeuse par excellence, ne peut être corrigée que par un usage adéquat de l'entendement

Texte   Descartes Méditations métaphysiques (1641), méditation II, Garnier p. 423-424.

Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons. Je n'entends pas parler des corps en général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier. Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes ; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son. Enfin, toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps se rencontrent en celui-ci. Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de sa saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure et personne ne le peut nier. Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement ou l'ouie, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure. Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'était pas ni cette douceur de miel, ni cette agréable odeur de fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se fait remarquer sous d'autres. Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? Considérons-la attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable. Or, qu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire, étant ronde, est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer. Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé. Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive ; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident. Or quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par l'entendement ou l'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le commencement. Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en elle et dont elle est composée.

2.    les choses réelles sont là dans mes sensations

Texte   Berkeley Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Aubier-Montaigne, p. 141-143.

 "Je suis d'un type banal d'humanité, assez simple pour croire les sens et pour laisser les choses comme je les trouve. a parler franc, mon opinion, c'est que les choses réelles sont les choses même que je vois, touche et perçois par els sens. Celles-là je les connais; et comme je trouve qu'elles répondent à toutes les nécessités et à toutes les fins de l'existence, je n'ai aucune raison de l'inquiéter d'autres être inconnus. Un morceau de pain sensible, par exemple apaisera ma faim mieux que dix mille fois autant de ce pain réel, insensible inintelligible dont vous parlez. C'est aussi mon opinion que les couleurs les autres qualités sensibles sont sur les objets. Je ne peux, même au péril de ma vie, m'empêcher de penser que la neige est blanche, et el feu, chaud. Vous certes, qui, par neige, et feu, entendez certaines substances extérieures, non perçues et non percevantes, vous avez le droit dénier que la blancheur et la chaleur soient des qualités inhérentes ) ces substances. Mais moi, que entends parce ces mots les choses que je vois et touches, je suis obligé de penser comme les autres hommes. et, tout comme je ne suis pas sceptique sur la nature des choses, ne ne le suis pas davantage pour leur existence. qu'une chose puisse être réellement perçue par mes sens, et en même temps ne pas exister réellement, c'est pour moi une franche contradiction; car je ne peux séparer, ni abstraire, même en pensée, l'existence d'une chose de la perception, qu'on en a. Le bois, les pierres, le feu, l'eau, la chair, el fer et les autres choses semblables, que je nomme et dont je parle, sont des choses que je connais. et je en les aurais pas connues si je ne les avais perçues par mes sens; les choses perçues par les sens, le sont immédiatement".  

  1. TRANSITION

La vérité semble se construire sur le terreau même de la réalité .Or quelles sont les caractéristiques de la vérité ? Comment expliquer que la vérité vienne alors différer de cette réalité de laquelle elle prenait son origine ?

II. La vérité est construite par les opérations de l'entendement

1.    Vérité et doute

Texte  Descartes Méditations métaphysiques (1641), Méditation seconde, traduction du duc de Luynes revue par Descartes

 La méditation que je fis hier m'a rempli l'esprit de tant de doutes, qu'il n'est plus désormais en ma puissance de les oublier. Et cependant je ne vois pas de quelle façon je les pourrai résoudre; et comme si tout à coup j'étais tombé dans une eau très profonde, je suis tellement surpris que je ne puis ni assurer mes pieds dans le fond, ni nager pour me soutenir au-dessus. Je m'efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie où j'étais entré hier, en m'éloignant de tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, tout de même que si je connaissais que cela fût absolument faux; et je continuerai toujours dans ce chemin, jusqu'à ce que j'aie rencontré quelque chose de certain, ou du moins, si je ne puis autre chose, jusqu'à ce que j'aie appris certainement qu'il n'y a rien au monde de certain.

Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu'un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j'aurai droit de concevoir de hautes espérances si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable.

Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente; je pense n'avoir aucun sens; je crois que le corps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain.

Mais que sais-je s'il n'y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N'y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, qui me met en l'esprit ces pensées ? Cela n'est pas nécessaire, car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucun sens ni aucun corps. J'hésite néanmoins, car que s'ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? Non certes, j'étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j'ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n'y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe; et qu'il me trompe tant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu'après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit.

2. L'universel et la vérité

Texte  ARISTOTE

L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chose déterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelons universel ce qui est toujours et partout. Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que les notions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation. Mais il est évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deux droits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissance scientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans la connaissance universelle. Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur le trajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment il y a éclipse mais nullement le pourquoi, puisque la sensation ne porte pas sur l'universel . Ce qui ne veut pas dire que par l'observation répétée de cet événement, nous ne puissions, en poursuivant l'universel, arriver à une démonstration, car c'est d'une pluralité de cas particuliers que se dégage l'universel.

3. TRANSITION

La vérité exige un travail sur la réalité : entre vérité et réalité il n'y a pas qu'un rapport d'adéquation ou de copie. La vérité peut-elle autre que la réalité ?

II. La vérité comme dévoilement du réel ?

1. Alain       le double sens de la vérité formelle et matérielle

" Nos idées, par exemple de mathématique, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissance dans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans d'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombres au milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si 1'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que ce rapport à 1'objet soit la règle suffisante du bien penser. La preuve selon Euclide n'est jamais d'expérience; elle ne veut point 1'être. Ce qui fait notre géométrie, notre arithmétique, notre analyse, ce n'est pas premièrement qu'elles s'accordent avec 1'expérience, mais c'est que notre esprit s'y accorde avec lui-même, selon cet ordre du simple au complexe qui veut que les premières définitions, toujours maintenues, commandent toute la suite de nos pensées. Et c'est ce qui étonne d'abord le disciple, que ce qui est le premier à comprendre ne soit jamais le plus urgent ni le plus avantageux. L'expérience avait fait découvrir qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre, bien avant que la réflexion se fût mise en quête de ces preuves subtiles qui refusent le plus possible 1'expérience, et mettent en Lumière cet ordre selon l'esprit qui veut se suffire à lui-même. Il faut arriver à dire que ce genre de recherches ne vise point d'abord à cette vérité que le monde confirme, mais à une vérité plus pure, toute d'esprit, ou qui force d'être telle, et qui dépend seu1ement du bien penser "

2.    La réalité est une partie de l'être vrai

Texte Sartre, L'Etre et le Néant

« Il est certain qu'on s'est débarrassé en premier lieu de ce dualisme qui oppose dans l'existant l'intérieur à l'extérieur. Il n' y a plus d'extérieur de l'existant, si l'on entend par là une peau superficielle qui dissimulerait aux regards la véritable nature de l'objet. Et cette véritable nature, à son tour, si elle doit être la réalité secrète de la chose, qu'on peut pressentir ou supposer mais jamais atteindre parce qu'elle est intérieure à l'objet considéré. Les apparitions qui manifestent l'existant ne sont ni extérieures ni intérieures, elles se valent toutes, elles renvoient toutes à d'autres apparitions et aucune d'elles n'est privilégiée. «

CONCLUSION

Relevant du discours et de l'être, la vérité est double :elle est soumise à des critères intérieurs de cohérence logique (évidence, clarté, non contradiction), et à des critères extérieurs au langage (exactitude, conformité à la réalité).L'idée de la vérité comme discours cohérent ordonné à l'être  se retrouve au début du XVIIème siècle.  Or la vérité se déploie aussi dans la sphère de la représentation et peut ainsi poser une véritable différence avec la réalité.

 

« même au péril de ma vie, m'empêcher de penser que la neige est blanche, et el feu, chaud.

Vous certes, qui, parneige, et feu, entendez certaines substances extérieures, non perçues et non percevantes, vous avez le droitdénier que la blancheur et la chaleur soient des qualités inhérentes ) ces substances.

Mais moi, que entends parceces mots les choses que je vois et touches, je suis obligé de penser comme les autres hommes.

et, tout comme jene suis pas sceptique sur la nature des choses, ne ne le suis pas davantage pour leur existence.

qu'une chosepuisse être réellement perçue par mes sens, et en même temps ne pas exister réellement, c'est pour moi unefranche contradiction; car je ne peux séparer, ni abstraire, même en pensée, l'existence d'une chose de laperception, qu'on en a.

Le bois, les pierres, le feu, l'eau, la chair, el fer et les autres choses semblables, que jenomme et dont je parle, sont des choses que je connais.

et je en les aurais pas connues si je ne les avais perçuespar mes sens; les choses perçues par les sens, le sont immédiatement".

TRANSITION 1. La vérité semble se construire sur le terreau même de la réalité .Or quelles sont les caractéristiques de la vérité ?Comment expliquer que la vérité vienne alors différer de cette réalité de laquelle elle prenait son origine ? II.

La vérité est construite par les opérations de l'entendement 1.

Vérité et doute Texte Descartes Méditations métaphysiques (1641), Méditation seconde, traduction du duc de Luynes revue par Descartes La méditation que je fis hier m'a rempli l'esprit de tant de doutes, qu'il n'est plus désormais en ma puissance de les oublier.

Et cependant je ne vois pas de quelle façon je les pourrai résoudre; et comme si tout à coupj'étais tombé dans une eau très profonde, je suis tellement surpris que je ne puis ni assurer mes pieds dans lefond, ni nager pour me soutenir au-dessus.

Je m'efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie oùj'étais entré hier, en m'éloignant de tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, tout de même que sije connaissais que cela fût absolument faux; et je continuerai toujours dans ce chemin, jusqu'à ce que j'aierencontré quelque chose de certain, ou du moins, si je ne puis autre chose, jusqu'à ce que j'aie appriscertainement qu'il n'y a rien au monde de certain. Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu'unpoint qui fût fixe et assuré.

Ainsi j'aurai droit de concevoir de hautes espérances si je suis assez heureux pourtrouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable. Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses; je me persuade que rien n'a jamais été detout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente; je pense n'avoir aucun sens; je crois que lecorps, la figure, l'étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit.

Qu'est-ce donc quipourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain. Mais que sais-je s'il n'y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, delaquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N'y a-t-il point quelque Dieu, ou quelque autre puissance, quime met en l'esprit ces pensées ? Cela n'est pas nécessaire, car peut-être que je suis capable de les produirede moi-même.

Moi donc à tout le moins ne suis-je pas quelque chose ? Mais j'ai déjà nié que j'eusse aucunsens ni aucun corps.

J'hésite néanmoins, car que s'ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps etdes sens que je ne puisse être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde,qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps; ne me suis-je donc pas aussipersuadé que je n'étais point ? Non certes, j'étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j'aipensé quelque chose.

Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute sonindustrie à me tromper toujours.

Il n'y a donc point de doute que je suis, s'il me trompe; et qu'il me trompetant qu'il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose.

Desorte qu'après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, ettenir pour constant que cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je laprononce ou que je la conçois en mon esprit. 2.

L'universel et la vérité Texte ARISTOTE L'universel, ce qui s'applique à tous les cas, est impossible à percevoir, car ce n'est ni une chosedéterminée, ni un moment déterminé, sinon ce ne serait pas un universel, puisque nous appelonsuniversel ce qui est toujours et partout.

Donc, puisque les démonstrations sont universelles, et que lesnotions universelles ne peuvent être perçues, il est clair qu'il n'y a pas de science par la sensation.

Mais ilest évident encore que, même s'il était possible de percevoir que le triangle a ses angles égaux à deuxdroits, nous en chercherions encore une démonstration, et que nous n'en aurions pas une connaissancescientifique : car la sensation porte nécessairement sur l'individuel, tandis que la science consiste dans laconnaissance universelle.

Aussi, si nous étions sur la Lune, et que nous voyions la Terre s'interposer sur letrajet de la lumière solaire, nous ne saurions pas la cause de l'éclipse : nous percevrions qu'en ce moment. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles