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L'action politique doit-elle être guidée par la connaissance de l'histoire ?

Publié le 27/02/2008

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histoire

L'action politique doit-elle être guidée par la connaissance de l'histoire ?

Bien définir les termes du sujet :  

- « L’action politique « : est une action bien spécifique car réfléchie. L’action politique n’est pas une seule action accomplie au coup par cou, mais désigne un ensemble d’actions qui visent toutes le même but. Autrement dit, l’action politique se caractérise par le fait qu’elle pousse patiemment et de manière continue dans une direction préalablement établie. L’action politique est ainsi orientée vers un projet auquel elle est fidèle. Du fait de la réflexion qu’elle implique, la réflexion politique s’inscrit dans la durée, elle rend en compte le passé, mais doit se faire en fonction de circonstances particulières.

- « La connaissance de l’histoire « : L’Histoire est une discipline qui a pour objet la reconstitution et la relation du passé des sociétés humaines, considérées soit globalement, soit dans les collectivités particulières. Cette histoire étant faite par des hommes, il va de soi qu’elle ne peut prétendre à une objectivité absolue. La connaissance de l’histoire consiste donc dans le fait de posséder cette culture historique, de connaître les événements passés

- « Doit-elle « : ici, l’expression eut avoir plusieurs sens qu’il conviendra d’examiner : est-ce souhaitable, convenable ? Cela doit-il être considéré comme une nécessité ?

- « Guider « : ce terme peut simplement signifier montrer une direction en accompagnant – comme le dit l’étymologie. Mais guider peut aussi vouloir dire diriger et déterminer. Il peut donc y avoir une acception plus ou moins dirigiste du terme qui en général et de la manière la plus neutre possible, signifie conseiller ou éclairer.

 

 

Construction de la problématique.            

            Le but du sujet semble être ici de trouver un critère ou plutôt une norme qui permette de déterminer ce que doit être l’action politique. Autrement dit, il s’agit de savoir sur quoi cette dernière peut s’appuyer, de quoi elle peut s’inspirer. Le sujet examiner le lien entre la politique et l’histoire, et cherche à voir dans quelle mesurer la première pourrait être inspirée par la seconde. Le terme « guider « semble cependant contredire l’action politique, si on considère que cette dernière est certes menée dans la continuité, mais cherche avant tout à s’adapter à des circonstances particulières peut-être inédites.

            Se pose donc la question de savoir dans quelle mesure et jusqu’où l’histoire peut influencer la politique, et quels sont les autres domaines dont l’action politique peut s’inspirer.

histoire

« où chaque action est réglée et prévue.

Or, il n'est pas possible de tout maîtriser, et les circonstances, le contextedans lequel doit prendre place l'action politique n'est pas toujours un contexte qui a été choisi.

Autrement dit,l'action politique ne choisit pas le cadre dans lequel elle prend place, elle répond essentiellement aux exigencesd'une situation particulière.

Dans ce cas, l'Histoire ne peut servir que d'indication.

● C'est ce que montre Machiavel dans Le Prince.

L'auteur cite en effet des exemples historiques debatailles, et prend pour modèle des grands hommes et leur destinée.

Ces récits, une fois assemblés et commentésont pour but de permettre au dirigeant d'entreprendre des actions politiques efficaces.

Dans un premier temps,l'auteur cite des événements historiques et les analyse pour trouver le principe qui les régit.

Autrement dit, il en tireune sorte de « leçon » : Machiavel cite ainsi les actions de Louis XII en Italie, et souligne les fautes qu'il a commises« il y avait ruiné les faibles, il y avait augmenté la puissance d'un puissant, il n'était point venu pour y demeurer, etn'y avait pas envoyé des colonies.

» III.

De ces erreurs, l'auteur tire des conclusions générales : il ne faut jamaisrendre un homme assez puissant au point de le faire devenir dangereux, il faut toujours qu'il y ait, directement ouindirectement, la présence du monarque sur la terre qu'il a conquis.

En analysant certaines situations, l'auteurparvient donc à des conclusions qui permettent de mieux gouverner.

Il est ainsi préférable de diviser pour régner, defaire jouer les apparences, de se montrer généreux, bon, vertueux et religieux, alors que l'on est en réalitécalculateur – « Il faut donc qu'un prince sache agir à propos, et en bête et en homme.

» XVIII ● Mais si la connaissance permet de guider l'action politique en lui donnant des conseils généraux, cela nesignifie pas que les situations se reproduisent et qu'il faut agir de la même manière qu'un grand homme pour réussir àimposer son pouvoir et sa force.

En effet, de toutes ces analyses, Machiavel tire une conclusion majeure : si il estpossible d'extraire des principes généraux de l'Histoire, il n'est pas possible de tenter de reproduire des actions, carle contexte change.

En effet, pour l'auteur, l'action politique dépend de la fortuna, c'est le lieu où s'insère l'action,le champ de forces imprévisible.

L'action politique est possible et a un sens parce que le monde est contingent,indéterminé.

Cela signifie aussi qu'il n'y a pas de constance : i l n'est pas possible de fonder une règle selon laquelle pour parvenir à tel résultat il faut employer tel moyen, parce qu'il est possible que « deux actions différentesproduisent un même effet, et que deux actions pareilles ont des résultats opposés.

» XXV Tout dépend du contexte,de la fortuna.

Ex : Certains princes ou grands (Jules II) ont prospéré par exemple en étant impétueux, c'est parce que cela correspondait bien à l'époque, c'était conforme aux temps et aux circonstances.

Mais si la fortune change,leur impétuosité ne fonctionnera plus.

Il faut que le Prince sache changer de caractère et s'adapter à son temps.

«La fortune changeant et les hommes s'obstinant dans la même manière d'agir, ils sont heureux tant que cettemanière se trouve d'accord avec la fortune ; mais aussitôt que cet accord cesse, ils deviennent malheureux.

» XXV.

è Pour Machiavel, l'action politique doit s'inspirer des principes issus des analyses des événements historiques, mais ne doit jamais chercher à reproduire ces événements.

Autrement dit, l'action politique peut êtreguidée non pas par la connaissance historique elle-même, mais par les analyses qui ont été faites à son propos.

III/ Le présent et le passé ne se ressemblent pas : Si il semble possible d'un certain point de vue d'utiliser des connaissances historiques pour guider l'actionpolitique, il n'en reste pas moins qu'il serait dangereux de confondre les problèmes du passé et ceux posés par leprésent.

En réalité, cela consisterait à ajouter des problèmes illusoires à ceux qui existent déjà.

Les conditions sontsi mobiles qu'il ne peut apparemment pas y avoir de leçon de l'Histoire.

● C'est ce que pense Hegel dans La raison dans l'Histoire.

Dire que l'Histoire peut nous guider dans l'actionpolitique signifie qu'elle peut nous donner des leçons, des enseignements.

Or, ces enseignements ne sont valablesque si les conditions passées sont exactement les mêmes que les conditions actuelles.

Pour Hegel, le monde changeet progresse, il a une histoire : l'auteur a beaucoup médité sur la Révolution française et remarqué que lesstructures sociales comme les pensées des hommes peuvent être modifiées et bouleversées au cours de l'histoire.« Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des situations si particulières, forme une situation si particulière,que c'est seulement en fonction de cette situation unique qu'il soit se décider.

» Les actions entreprises par lesGrands du passé sont grandes justement parce qu'elles sont appropriées à l'époque dans laquelle ils se trouvaient.

Ilest ainsi inutile, contrairement à ce que l'on fait croire aux rois et au peuple, de s'instruire par l'expérience del'Histoire.

La seule chose que l'on peut en apprendre est que l'on ne peut rien en apprendre pour Hegel.

● Tenter de donner des maximes générales est aussi chose vaine, car elles ne sont que de peu de secours.Ces maximes sont issues de situations anciennes qui ne valent rien lorsque l'on est plongé dans le tumulte duprésent : elles n'ont aucun pouvoir.

« Nul cas ne ressemble exactement à un autre.

Leur ressemblance fortuiten'autorise pas à croire que ce qui a été bien dans un cas pourrait l'être également dans l'autre.

Chaque peuple a sapropre situation […], nul besoin de s'adresser à l'Histoire.

» Si les événements ne sont jamais les mêmes c'est parceque l'Histoire est en marche, elle est une évolution, tend vers la réalisation de la philosophie, et le déploiement de laraison.

Ceci sans compter que l'Histoire est avant tout subjective, c'est la narration du devenir passé qui nous afaits tels que nous sommes, narration proposée par un homme.

Il est ainsi possible de se poser la question de savoirsi la leçon qui nous est proposée vient de la réalité du passé ou de la moralité de l'historien qui nous raconte lepassé à sa manière, en l'interprétant.

Cette subjectivité du récit nous permet peut-être de tirer des leçons de cequi nous est raconté, mais pas de la réalité du devenir, de ce qui s'est vraiment passé.

L'Histoire ne se répète pas, il n'est donc pas possible de tirer des leçons du passé pour pouvoir guider l'action politique.

Conclusion : La connaissance historique ne nous permet pas réellement de guider l'action politique si on considère que. »

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