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Langage et pensée ?

Publié le 14/03/2004

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langage
Descartes : le langage n'a chez l'homme que des organes d'emprunt Le larynx, la langue, le voile du palais, ou même les muscles appelés «cordes vocales» ne sont, primitivement, comme l'a souligné le docteur Ombredane, que des «organes de respiration et d'alimentation, et le demeurent dans le temps même où le langage se constitue et s'exerce» (L'Aphasie et l'élaboration de la pensée explicite, 1951).Aussi Descartes (1596-1650) remarquait-il que s'il n'y a point d'animaux qui puissent composer un discours, cela «n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes» (Discours de la méthode, partie V - 1637).Bergson : le langage trahit la pensée Bergson (1859-1941) soutient que, parce que le langage désigne chez tous les hommes des manières particulières d'aimer ou de haïr, «nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent» (Essai sur les données immédiates de la conscience, 1888).Le moi intime serait toujours déjà trahi par le moi de la communication. Il y aurait «deux moi différents, dont l'un serait comme la projection extérieure de l'autre, sa représentation spatiale et pour ainsi dire sociale» (ibid) : le langage serait alors tout entier du côté du «fantôme décoloré» de notre moi réel et libre, c'est-à-dire du côté de ce qui travestit notre intimité ineffable.Hegel: l'ineffable, c'est la pensée obscure Prenant par avance le contre-pied de ce qu'on vient de lire, Hegel (1770-1831), à l'instar de tous les rationalistes, refuse catégoriquement l'idée qu'en deçà des mots demeure une intimité indicible, une sorte de pensée, voire d'affect, que le langage serait incapable de formuler.«C'est dans les mots que nous pensons, écrit Hegel. [...] C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis. Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée».
langage

« 1.

Penser par le mot, c'est lier intériorité et extériorité. 2.

Il est impossible de penser sans les mots. 3.

Le langage clarifie la pensée. D'emblée, la thèse de Hegel est affirmée clairement, en une phrase lapidaire : « C'est dans le mot que nous pensons. » L'ensemble du texte vise à l'analyse des deux termes : la pensée, le mot, et à leur articulation.

D'où formellementdeux possibilités : penser avec les mots (penser « dans le mot ») ; penser sans les mots (c'est la tentation de l'ineffable).

Cette seconde tentative est écartée, par Hegel , comme une erreur.

Ainsi, seule, la première possibilité demeure, d'où l'affirmation renouvelée, sous une autre forme, de la thèse : « le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie. » 1.

La thèse est examinée en chacun de ses éléments.

D'abord la pensée.

Penser c'est avoir conscience depenser, ce qui implique un dédoublement.

Si naïvement toute pensée, en tant que personnelle (« nos pensées »), est crue de l'ordre de notre intériorité (et strictement seulement de cet ordre), philosophiquement, elle est aussi de l'ordre de l'extériorité (et donc différenciée de l'intériorité).

Penser est une activité (« donner »à nos pensées) qui assure le passage d'un ordre à un autre, où l'on passe en même temps de l'abstrait(« penser » dans le vague en général) au concret, de la subjectivité à l'objectivité (des pensées « déterminées », cad qui sont celles-ci ou celles-là).

Enfin, avec une réflexion particulière qui doit être consacrée à l'idée de forme (la « forme » objective) qui, en tant que forme, assure une universalité de la pensée applicable dans la diversité et la multiplicité des situations – s'opposant implicitement à un plein qui ne peut seréférer qu'à l'unique particularité du contenu de ce qui est ici et maintenant.

Forme claire opposée à l'obscur duplein. En suite le mot.

Si pour la pensée, il convenait de distinguer intériorité et extériorité, il faut reconnaître au mot (défini au passage comme « son articulé ») le statut concret (« l'existence ») d'une synthèse de l'intériorité (« l'interne ») et de l'extériorité (« l'externe »).

D'un rapport privilégié du mot et de la conscience, puisque c'est le mot qui est le seul à pouvoir à chaque fois unir (intimement) les deux positions de la pensée. La pensée n'est ni l'intériorité seule (l'intériorité est insuffisante il en faut plus) ni l'extériorité seule (il n'y a d'extériorité que seconde, puisqu'elle est le produit, le résultat d'une activité qui prend naissance dans l'intériorité).Mais seul le mot articule en même temps, à la fois, l'intériorité (c'est moi, je, qui parle) et l'extériorité (la « forme » du langage me permet de dire l'universel). 2.

Penser, cad tenir à la fois l'intériorité et l'extériorité, n'est possible qu'avec les mots.

D'où logiquement(« par conséquent ») la réfutation d'une thèse, qui pourtant a cours, et selon laquelle, croit-on, il serait possible de « penser sans les mots ». Prétention démesurée d'un vouloir (« vouloir » penser) qui s'oppose à un pouvoir limité, et qui prend la figure d'une tentative (qui est peut-être même une tentation) impossible et insensée.

Tout à la fois dans le sens de tentativefolle (désespérée), qui n'a pas de sens (qui ne s'oriente nulle part, car sans issue) et vide (ça ne veut rien dire,puisque justement pour penser il faut des mots…). Prétention de l'ineffable à dénoncer.

Selon la métaphore architecturale d'une construction où il y a un haut et unbas (et par là même une fondation, « un fondement ») la croyance répandue (« ordinairement ») en l'ineffable (ce qui échappe à l'expression) est celle d'un haut sur-valorisé (« ce qu'il y a de plus haut »), mais qui ne s'appuie sur rien (« sans fondement »).

Ce qui fait que ce qui est pris par l'opinion, pour le haut n'est en réalité –à l'opposé de l'apparent- que superficialité, qui s'oppose à la solide épaisseur du profond. Cette métaphore, imaginée pour dire l'ineffable, ne pouvant jouer qu'à vide, on peut aussi en proposer une autre,plus réelle (« en réalité… »), mais ici, à peine suggérée : celle d'un baquet, où une chimie secrète (« obscure ») opère sa fermentation.

L'ineffable n'est pas apparemment dans la clarté de ce qui est « le plus haut », mais, en réalité, dans l'obscur de ce qui est au plus profond.

Mais cet obscur fait l'objet d'un travail caché qui s'accomplit au-dedans, dans le bruissement discret de la fermentation.

Mais cette pensée sobre est incomplète, « obscure » au sens d'incompréhension, impossible à déchiffrer, comme on parle d'un sens difficile à comprendre, de quelque chosed'embrouillé ou de fumeux (les vapeurs de la fermentation).

Elle ne sera pensée qu'une fois accomplie, achevée,rendue claire par le mot qui donne le sens.. »

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