L'art doit-il se soucier de la moralité ?
Publié le 11/05/2012
Extrait du document
— Lectures
• Platon, Ion
• Kant, Critique de la Faculté de juger
• Hegel. L'Esthétique (choix de textes, P.U.F.)
• Breton-Trotsky, Pour un art révolutionnaire indépendant
— Autres sujets
— Une œuvre d’art doit-elle être belle ? (CDE, 1993)
— L'art n’est-il qu’une affaire de technique ? (CDE, 1993)
— Qu’est-ce que le plaisir esthétique ? (A, 1993)
— Les œuvres d’art nous enseignent-elles quelque chose ? (B, 1992)
— L’art est-il le règne de l’apparence ? (CDE, 1984)
— Pourquoi applique-t-on le terme de création à l’activité artistique ? (B,1986)
— L’art peut-il se comprendre comme une conversion des passions ? (CDE, 1987)
— Pourquoi nos préférences ne sont pas des critères suffisants pour juger une œuvre d’art ? (CDE, 1983)
— Peut-on dire que. si les savants visent à définir les lois du réel, l’artiste, lui ignore toute loi ? (A, 1992)
— Existe-t-il un progrès de l’art ? (CDE, 1987)
— L’art qui reproduit la réalité est-il encore de l’art ? (CDE, 1986)
— L’acitivité artistique relève-t-elle du travail ou du jeu ? (A, 1991 )
...
«
• La censure n·est pas un phénomène récent.
Platon.
dans La Répuh/ique.
recom
mande
de lïmtituer pour contrôler les productions poétiques.
qu'il soupçonne de
raconter
n'importe quoi (les poètes.> et" enthousiastes» comme il est
dit dans
lon.
manquent parfois de respect à l"égard des dieux et peuvent suggérer
des pensées étranges).
Mais
c'est que.
pour Platon, toute œuvre d'art est anar
chique- non seulement parce qu'elle risque d'introduire dans la Cité des germes
de désobéissance.
mai'> aussi parce que.
n'étant lorsqu'elle est visuelle qu'une
copie de copie
et lorsqu'elle est poétique qu'une parole d'origine divine plus ou
moins bien retransmise.
elle manque de dignité ontologique.
• Sans doute peu platoniciens.
les gouvernements ne se privent pas d'interdire.
de
condamner.
d'intenter des procès.
Dans ce dernier cas (Baudelaire ou Flaubert), il
suffit de quelques décennies pour que les plaignants apparaissent, plus encore que
ridicules.
assez incompréhensibles dans leurs motivations : qui pourrait
aujourd'hui reprocher sérieusement à Flaubert l'immoralité de
Madame Bovary?
Mais l'époque contemporaine nous offre un exemple qui prête moins à sourire,
puisque
la condamnation à mort prononcée pour sacrilège contre S.
Rushdie et ses
traducteurs
a déjà fait quelques victimes, et puisqu'elle n ·est que la plus
> des condamnations du même genre prononcées contre un certain
nombre
d'écrivains qui ont la malchance de s'attirer les foudres d'un certain
Islam.
• À qui serait tenté de négliger la question posée en suggérant sans trop de
rétlexion
qu'elle perd de son sens avec l'évolution des «mœurs>>, le cas des
Versets Sataniques vient rappeler que l'immoralité paraît toujours possible,
lorsque c'est
un fanatisme religieux ayant le pouvoir qui en juge.
Il n'en reste pas
moins que.
comme
l"affirmaient les Nazis ou les partisans du Réalisme socialiste,
si une œuvre d'art peut être immorale, c'est à condition d'admettre qu'un contenu
moral doit être présent, par définition, dans toute œuvre d'art.
Juger
une œuvre
immorale.
c'est
en effet lui reprocher de démoraliser- et cela n'a de sens que si l'on affirme à l'inverse que.
par principe, l'œuvre d'art doit moraliser.
c'est-à-dire
qu'elle doit être moralisatrice ou
«faire la morale».
Une telle fonction est-elle
vraiment à
en attendre '?
• Il est évidemment plus habituel, ou classique, de juger l'œuvre d'art en réfé
rence à
la beauté (ou à la laideur) qu'en référence aux valeurs morales.
c'est-à
dire
au bien et au mal.
Sans doute peut-on affirmer qu'une œuvre d'art fait à sa
façon
«du bien».
Mais« faire du bien>>, ça n'est pas faire le Bien- et la satis
faction qu'apporte l'œuvre d'art est spécifique:
le plaisir esthétique, remarquait
Kant, n'a rien de commun avec les intérêts pratiques.
Contempler une nature
morte de Chardin ou de Cézanne peut
me faire du bien à sa façon, mais ne peut en
aucun cas satisfaire
la faim que je ressens.
Ce qui n'empêche pas Kant, alors
même qu'il insiste tant, dans
la Critique de la Faculté de juger, sur le peu
d'importance
qu'a le sujet de l'œuvre et sur le rôle qu'y tient au contraire
l'impression de finalité interne qu'elle produit (c'est-à-dire sur les relations qui
unissent ses différents éléments
en une totalité particulière), d'affirmer aussi que
le beau symbolise toujours la moralité.
• Ce qui ne signifie nullement que le beau serait porteur d'un > mora
lisateur
(il faudrait pour cela que son sujet importe, et ce n'est pas le cas), et doit
se comprendre relativement à
la définition kantienne du symbole.
Pour Kant, le
symbole désigne.
non une ressemblance partielle entre deux objets, mais une res
semblance parfaite entre deux relations, ce qui suppose quatre
en pré
sence.
En l'occurrence, on doit comprendre que si le beau symbolise la moralité,
c'est parce que
la façon dont s'y rassemblent les éléments différents évoque celle.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Peut-on parler de progrès dans l'art et la moralité ?
- Peut-on parler de progrès dans l'art et la moralité ?
- La moralité dans l'art
- Existe-t-il une moralité dans l'art ?
- « L’art de la vie se rapproche de l’art de la lutte : il faut se tenir prêt sans broncher à répondre aux coups qui fondent sur nous, même s’ils sont imprévus » Marc Aurèle