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L'Art est-il imitation de la nature?

Publié le 02/01/2005

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Remarque préliminaire : ce sujet pose la question de savoir non pas si l'art est une imitation de la nature, mais s'il n'est que cela. On ne traiterait donc pas le sujet si l'on se bornait à démontrer que l'art imite la nature.
Introduction
En opposant la nature et l'art (entendu au sens large de tous les procédés humains servant à produire quelque chose), l'Antiquité voyait dans celui-ci une imitation de celle-là : pour Aristote, par exemple, l'art de cuire les aliments imite la digestion dans l'estomac ; pour Démocrite, l'homme en bâtissant des maisons imite les hirondelles, ou en tissant, les araignées. Nous avons abandonné aujourd'hui cette vue un peu naïve, même à propos de l'art entendu au sens restreint de beaux-arts, que le surréalisme ou la peinture abstraite nous ont, entre autres, appris à ne plus considérer comme une imitation de la nature, puisque cette dernière ne s'y trouve plus reproduite. Il reste cependant à nous demander en quoi l'art, même lorsqu'il l'imite, n'est pas une simple imitation de la nature.
1) l'art, réalisation et extériorisation de la conscience de soi
a) Hegel L'art est un moment de la prise de conscience de soi et « un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est «. b) Sartre Sartre prolonge l'analyse de Hegel en faisant de l'art le moment où la conscience cesse de dévoiler simplement le monde pour se poser en productrice de l'être : « Chacune de nos perceptions s'accompagne de la conscience que la réalité humaine est "dévoilante", c'est-à-dire que par elle "il y a" de l'être, ou encore que l'homme est le moyen par lequel les choses se manifestent ; c'est notre présence au monde qui multiplie les relations. C'est nous qui mettons en rapport cet arbre avec ce coin de ciel ; grâce à nous cette étoile, morte depuis des millénaires, ce quartier de lune et ce fleuve sombre se dévoilent dans l'unité d'un paysage ; c'est la vitesse de notre auto, de notre avion qui organise les grandes masses terrestres ; à chacun de nos actes le monde nous révèle un visage neuf. Mais si nous savons que nous sommes les détecteurs de l'être, nous savons aussi que nous n'en sommes pas les producteurs. Ce paysage, si nous nous en détournons, croupira sans témoins dans sa permanence obscure.

« L'art est un moment de la prise de conscience de soi et « un moyen à l'aide duquel l'homme extériorise ce qu'il est ». b) Sartre Sartre prolonge l'analyse de Hegel en faisant de l'art le moment où la conscience cesse de dévoiler simplement lemonde pour se poser en productrice de l'être : « Chacune de nos perceptions s'accompagne de la conscience que laréalité humaine est "dévoilante", c'est-à-dire que par elle "il y a" de l'être, ou encore que l'homme est le moyen parlequel les choses se manifestent ; c'est notre présence au monde qui multiplie les relations.

C'est nous qui mettonsen rapport cet arbre avec ce coin de ciel ; grâce à nous cette étoile, morte depuis des millénaires, ce quartier delune et ce fleuve sombre se dévoilent dans l'unité d'un paysage ; c'est la vitesse de notre auto, de notre avion quiorganise les grandes masses terrestres ; à chacun de nos actes le monde nous révèle un visage neuf.

Mais si noussavons que nous sommes les détecteurs de l'être, nous savons aussi que nous n'en sommes pas les producteurs.

Cepaysage, si nous nous en détournons, croupira sans témoins dans sa permanence obscure.

Du moins croupira-t-il : iln'y a personne d'assez fou pour croire qu'il va s'anéantir.

C'est nous qui nous anéantirons et la terre demeurera danssa léthargie jusqu'à ce qu'une autre conscience vienne l'éveiller.

Ainsi à notre certitude intérieure d'être "dévoilants"s'adjoint celle d'être inessentiels par rapport à la chose dévoilée.

Un des principaux motifs de la création artistiqueest certainement le besoin de nous sentir essentiels par rapport au monde.

» c) transition Nous étudierons donc l'art saisi comme manifestation d'une conscience sous les deux aspects de cette conscience,à savoir en tant que conscience du monde et en tant que conscience de soi, du moi. 2) l'art et le monde a) L'art ne se contente pas d'imiter la nature Pour Hegel, l'art se sépare de la technique précisément en tant qu'il ne se borne pas à imiter la nature : « l'imitationne peut produire que des chefs-d'oeuvre de technique, jamais des oeuvres d'art ».

S'il ne dépasse pas l'imitation,l'oeuvre d'art est « fastidieuse » et « nous n'y voyons qu'un artifice ». Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation de la belle natureaccordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant unproduit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturelpeut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel onimite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

Lavaleur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art,l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel,il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalitédonnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer,à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut lecondamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement lapremière incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Cesont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique",sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellementanthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. b) Il nous dévoile la réalité. »

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