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l'art exprime-t-il ou représente-t-il ?

Publié le 23/10/2005

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Il sait d'abord donner à ses rêves éveillés une forme telle qu'ils perdent tout caractère personnel susceptible de rebuter les étrangers et deviennent une source de jouissance pour les autres. Il sait également les embellir de façon à dissimuler complètement leur origine suspecte. Il possède en outre le pouvoir mystérieux de modeler des matériaux donnés jusqu'à en faire l'image fidèle de la représentation existant dans sa fantaisie et de rattacher à cette représentation de sa fantaisie inconsciente une somme de plaisir suffisante pour masquer ou supprimer, provisoirement du moins, les refoulements. Lorsqu'il a réussi à réaliser tout cela, il procure à d'autres le moyen de puiser à nouveau soulagement et consolation dans les sources de jouissances, devenues inaccessibles, de leur propre inconscient ; il s'attire leur reconnaissance et leur admiration et a finalement conquis par sa fantaisie ce qui auparavant n'avait existé que dans sa fantaisie : honneurs, puissance et amour des femmes.     3. TRANSITION L'art emprise avec ses contradictions, ne saurait se limiter à la représentation fut-elle liée à l'expression :l'art vise la transfiguration au-delà de tout sens.   III. Transfigurer  1. l'art invente Texte texte de F.Léger,             "Au contraire l'art consiste à inventer et non à copier.

L’art comme la technique est une activité humaine poursuivant une finalité, à la différence que pour la technique cette finalité est désintéressée. L’art utilise un savoir-faire, une habileté particulière afin de produire une œuvre n’ayant pas pour but d’être utile. Quelle peut-être la finalité artistique ? L’artiste peut vouloir représenter un paysage, un monument mais aussi une personne. La représentation dans ce cas est–elle simplement imitation ou reproduction, n’y a-t-il pas plus, dans la représentation, qu’une simple copie ? Le fait de représenter consiste à utiliser un intermédiaire entre un objet ou une personne et un (e) autre objet ou personne. La représentation possède donc le statut d’un intermédiaire. Or la  création de cet intermédiaire suppose qu’elle est un sens et qu’elle apporte quelque chose de plus que l’objet ou la personne sans représentation. La valeur signifiante que peut avoir une œuvre d’art nous invite à passer de la représentation à l’expression. L’unicité d’une œuvre d’art tient à ce qu’elle est une création, c’est-à-dire la production d’un objet qui jusqu’alors n’existait pas, qui est l’expression de la pensée de l’artiste. D’une part l’acte de représenter signifie imiter, reproduire mais aussi et il faudra l’établir clairement exprimer, il a pour objet des personnes ou des choses (naturelles (fleur) ou artificielles (cathédrale)). D’autre part le fait d’exprimer est synonyme de manifester, traduire, signifier et a donc pour objet des sentiments et de pensées. Le sujet pose donc la question de savoir si le « ou « dont il est question dans l’intitulé est inclusif, l’art aura pour tâche de représenter mais aussi d’exprimer, ou exclusif, l’art représentera ou exprimera soit l’un soit l’autre mais pas les deux. La définition de l’art nous a permis de souligner la difficulté qu’il y aurait à distinguer l’art de l’expression ou de la représentation dans la mesure où elles semblent bien être ses composantes essentielles. Il faut donc alors s’interroger sur la manière de concilier ces deux finalités.

« charpentier qu'il aura peint, de sorte qu'ils prendront l'imitation pour la vérité. — Assurément. — Ainsi, mon cher ami, lorsque quelqu'un viendra nous dire qu'il a trouvé un homme qui sait tous les métiers, quiréunit en lui seul dans un degré éminent toutes les connaissances partagées entre les autres hommes, il faudra luirépondre qu'il est dupe; qu'il s'est laissé tromper par un magicien, par un imitateur qu'il a pris pour un habile homme,faute de pouvoir distinguer la vraie science de l'ignorance qui sait la contrefaire. — Cela est très vrai. — Il nous reste maintenant à examiner la tragédie, et Homère, qui en est le père.

Comme nous entendons dire tousles jours à certaines gens que les poètes tragiques sont très versés dans tous les arts, dans toutes les scienceshumaines qui ont pour objet le vice et la vertu, et même dans tout ce qui concerne les dieux; qu'il est nécessaire àun bon poète d'être parfaitement instruit des sujets qu'il traite, s'il veut les traiter avec succès; qu'autrement il luiest impossible de réussir : c'est à nous de voir si ceux qui parlent de la sorte ne se sont pas laissé tromper parcette espèce d'imitateurs; si leur erreur ne vient pas de ce qu'en voyant les productions de ces poètes, ils ontoublié de remarquer qu'ils sont éloignés de trois degrés de la réalité, et que, sans connaître la vérité, il est aisé deréussir dans ces sortes d'ouvrages qui, après tout, ne sont que des fantômes où il n'y a rien de réel; ou s'il y aquelque chose de vrai dans ce que ces personnes disent, et si en effet les bons poètes entendent les matières surlesquelles le commun des hommes juge qu'ils ont bien écrit. — C'est ce qu'il nous faut examiner avec soin. — Crois-tu que, si quelqu'un était également capable de faire la représentation d'une chose, ou la chose mêmereprésentée, il préférât consacrer ses talents et sa vie à ne faire que des images vaines, comme s'il ne pouvaitemployer son temps à rien de mieux ? — Je ne le crois pas. — Mais, s'il était réellement versé dans la connaissance de ce qu'il imite, je pense qu'il aimerait mieux s'appliquer àproduire de lui-même qu'à imiter ce que fait autrui; qu'il essayerait de se signaler en laissant après lui, commeautant de monuments, un grand nombre de travaux et de beaux ouvrages; en un mot, qu'il préférerait mériter leséloges des autres que de leur en donner. La République , livre X, 598b-599b, 2.

Art et thérapie Texte FREUD , Introduction à la Psychanalyse, trad.

S.

Jankélévitch, Payot, 1965, p.

354. "Il existe notamment un chemin de retour qui conduit de la fantaisie à la réalité : c'est l'art.

L'artiste est en mêmetemps un introverti qui frise la névrose.

Animé d'impulsions et de tendances extrêmement fortes, il voudraitconquérir honneurs, puissance, richesses, gloire et amour des femmes.

Mais les moyens lui manquent de se procurerces satisfactions.

C'est pourquoi, comme tout homme insatisfait, il se détourne de la réalité et concentre tout sonintérêt, et aussi sa libido, sur les désirs créés par sa vie imaginative, ce qui peut le conduire facilement à la névrose.Il faut beaucoup de circonstances favorables pour que son développement n'aboutisse pas à ce résultat; et l'on saitcombien sont nombreux les artistes qui souffrent d'un arrêt partiel de leur activité par suite de névroses.

Il estpossible que leur constitution comporte une grande aptitude à la sublimation et une certaine faiblesse à effectuerdes refoulements susceptibles de décider du conflit.

Et voici comment l'artiste retrouve le chemin de la réalité.

Jen'ai pas besoin de vous dire qu'il n'est pas le seul à vivre d'une vie imaginative.

Le domaine intermédiaire de lafantaisie jouit de la faveur générale de l'humanité, et tous ceux qui sont privés de quelque chose y viennentchercher compensation et consolation.

Mais les profanes ne retirent des sources de la fantaisie qu'un plaisir limité.Le caractère implacable de leurs refoulements les oblige à se contenter des rares rêves éveillés dont il faut encorequ'ils se rendent conscients.

Mais le véritable artiste peut davantage.

Il sait d'abord donner à ses rêves éveillés uneforme telle qu'ils perdent tout caractère personnel susceptible de rebuter les étrangers et deviennent une source dejouissance pour les autres.

Il sait également les embellir de façon à dissimuler complètement leur origine suspecte.

Ilpossède en outre le pouvoir mystérieux de modeler des matériaux donnés jusqu'à en faire l'image fidèle de lareprésentation existant dans sa fantaisie et de rattacher à cette représentation de sa fantaisie inconsciente unesomme de plaisir suffisante pour masquer ou supprimer, provisoirement du moins, les refoulements.

Lorsqu'il a réussià réaliser tout cela, il procure à d'autres le moyen de puiser à nouveau soulagement et consolation dans les sourcesde jouissances, devenues inaccessibles, de leur propre inconscient ; il s'attire leur reconnaissance et leur admirationet a finalement conquis par sa fantaisie ce qui auparavant n'avait existé que dans sa fantaisie : honneurs,puissance et amour des femmes. 3.

TRANSITION L'art emprise avec ses contradictions, ne saurait se limiter à la représentation fut-elle liée à l'expression :l'art vise latransfiguration au-delà de tout sens.. »

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