Devoir de Philosophie

l'art peut-il nous servir à mieux nous connaître nous-mêmes ?

Publié le 24/10/2005

Extrait du document

L'art peut servir à mieux nous connaître nous-même, en particulier parce qu'il nous renseigne sur les passions des hommes. « L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible » (Paul Klee) a) L'art nous permet de connaître, de nous imaginer, de retrouver le sens des civilisations perdues? En quoi croyaient ces hommes qui foulèrent la terre 1000 ans avant nous ? La réponse seul l'art, peut nous la fournir. b) Que l'on se souvienne de Zola, de Balzac, ou de Stendhal, et de la finesse de leurs analyses psychologiques, sans ces analyses, que serait devenues la psychologie institutionnelle, la psychologie scientifique (développée par Freud) ? Ces écrivains ont par leur création, non pas imitative, donner vie à l'enquête personnelle qu'ils avaient menés sur la psychologie des hommes, en ce sens leurs oeuvres nous permettent de mieux nous connaître nous-même. c) Dans le même ordre d'idée, pour Hegel : une oeuvre d'art ça n'est pas avant tout le sujet de cette oeuvre, le paysage qu'elle représente par exemple, c'est avant tout le geste créateur, le geste humain et spirituel qui a présidé à sa création. L'oeuvre d'art est essentiellement humaine, spirituelle mais pas purement spirituelle, elle est une activité par la quelle l'esprit se donne un corps, une effectivité. Transition : Mais l'art peut-il se réduire à la recherche du vrai ? Ne serait-ce alors en réduire la dimension humaine au profit du spirituel ?

Analyse du sujet :

Du point de vue conceptuel :

Art : Chez les grecs, l'art (techne) s'oppose à la nature (phusis). Il met en jeu l'intervention d'un agent et d'un savoir faire, dans la production d'un objet alors que la nature à l'inverse, les objets de la nature se reproduise d'eux même : le chien vient d'un autre chien, le lit par contre vient de l'ouvrage de l'homme d'art. L'art, tel que nous l'entendons depuis le 18ème siècle, se distingue de l'artisanat (terme sous lequel on range à peu près ce que les grecs entendait par techne). L'artisan est celui qui applique une technique, un savoir faire (enseignable à un apprenti), l'artiste celui qui crée une oeuvre d'art originale, ne saurait transmettre son génie (son activité se rapproche de la poiesis grecque). Il cherche à donner à son oeuvre, une harmonie qui touche universellement tous les hommes.

Servir : Ce terme peut signifier plusieurs choses : être utile (servir un intérêt), être en servitude (esclave). Il est intéressant de noter qu'une chose peut servir à une action dont l'entendement qui en concevait le plan comptait sur elle a priori ou bien servir par accident, sans que l'aide soit elle même englobée a priori par l'entendement qui tentait de prévoir les conséquences de son action. Dans le premier cas le service est intéressé, il est sollicité en vue d'une fin, dans le second, il arrive, s'impose par accident, selon la fortune ou la chance.

Connaître : La première manière de connaître quelque chose c'est de le percevoir ou de l'expérimenter : cette connaissance est une connaissance sensible. La seconde manière de connaître c'est la connaissance par opinion, qui tient pour vrai du non démontré, selon l'affection que l'on porte à celui qui nous l'a donne par exemple. La troisième manière de connaître c'est la connaissance par idée : la connaissance claire est distincte d'un objet qui le représente à l'esprit.

Nous-même/Soi-même : Le soi est une notion difficile à définir parce qu'elle nous implique chacun tous de manière singulièrement différente. « Je « suis moi et « tu « es toi : sitôt que le soi change de sujet, il change de nature et de « personne «. Sans trahir cette notion nous pouvons cependant dire que « soi-même « est la présence du « je « à lui-même. Il est le je en tant qu'il a le sentiment de lui-même pour lui-même, en tant qu'il connaît ce qu'il est en lui-même. Le « nous-même « nous en tant que nous sommes les hommes, la question est donc plus profondément celle de la fonction de l'art pour l'homme.

Du point de vue formel :

« Peut-il « est différent de « doit-il « : Il ne s'agit pas de se demander s'il est nécessaire que l'art nous serve à nous connaître nous-même, mais seulement s'il est possible qu'il nous serve. Nous essaierons donc de comprendre : si c'est possible : « Pourquoi et dans quelle mesure ? « ; si c'est impossible : « Pourquoi et, le cas échéant, qu'est-ce qui joue ce rôle ? «.

 

Problématisation :

 

Nous nous interrogeons sur le rapport entre l'art et la connaissance de soi. L'art peut-il servir à mieux nous connaître nous-même ? Si l'art est imitation d'imitation, tel que le conçoit la raison antique, s'il vise la reproduction de la nature telle qu'elle se représente à nos sens, alors l'art ne semble-t-il pas nous permettre de ne connaître que l'apparence des choses et de nous-même ? Si sans doute, l'art serait dans cette optique le moyen par excellence pour s'illusionner.

Mais pour autant, dans la mesure où l'art nous fait connaître les passions humaines ne nous serait-il pas un moyen sur pour nous rapprocher d'une pleine compréhension de la psychologie des hommes ? Nous pourrions par exemple trouver chez Stendhal, Zola, Balzac, des analyses psychologique très fines. De la même façon l'art nous permet de connaître les civilisations disparues, comprendre leurs rites, leurs conceptions artistiques etc.

Mais pourquoi l'art nous permet-il de connaître alors qu'il est fondé sur l'apparence ? Ne serait-ce qu'au delà de ce sur quoi l'art nous renseigne (nature et psychologie humaine, civilisations perdues) l'art ne serait-il pas plus profondément une activité essentielle, spirituelle de l'humanité ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier.

 

« Transition : Quelle est la fonction de l'art dans ces conditions ? 2 .

L'art peut servir à mieux nous connaître nous-même, en particulier parce qu'il nous renseigne sur lespassions des hommes.

« L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible » (Paul Klee) L'artiste n'est pas une sorte de copiste du réel, se contentant de représenter le monde.

De ce point de vue, nouspouvons jouer sur le verbe " représenter " qui signifie littéralement " présenter deux fois ".

Il ne s'agit pas en effetde se limiter à une imitation du monde.

Si l'art n'était qu'imitation de la nature, il serait alors une activité oiseuse etsuperflue comme le dit Hegel dans l'Esthétique (il ajoute d'ailleurs que l'imitation parfaite de la nature est impossible; l'artiste étant alors semblable à un " ver faisant des efforts pour égaler un éléphant ").

Quelle est alors la valeur dutravail de l'artiste ? C'est une sorte de révélation de ce que nos yeux ne voient pas, ne veulent pas voir ou nevoient plus.

C'est un rapport au réel différent mais peut-être plus authentique et plus parlant.

C'est ce que veut dire" rendre visible " ou " créer le visible ".

Ainsi, l'art fait que nous ne sommes plus dans un rapport utilitaire au mondeet aux choses.

Un rapport utilitaire aux choses qui nous entourent nous conduit à ne saisir le monde que sous uncertain aspect.

L'art nous révèle le monde autrement, nous le dévoile autrement.

C'est dans une telle perspectiveque Heidegger, philosophe allemand du XXème siècle, assimilera l'art à la vérité.

Il ne faut pas alors entendre lanotion de vérité dans son sens logico-mathématique, le terme de vérité renvoie à son sens premier de dévoilement,alèthéia en grec.

Ce n'est donc pas ainsi à partir de la question du beau que le problème de l'art peut être saisi :une œuvre d'art n'est pas nécessairement belle ; ce n'est pas non plus sa fidélité à ce qu'elle représente ou saperfection dans la représentation qui fait une œuvre d'art.

L'œuvre d'art serait ce qui dévoile, ce qui convertit ettransforme notre regard sur le monde en nous le donnant à voir autrement que dans notre rapport quotidien.

Quiprendrait le temps de regarder un fruit par exemple ? Notre préoccupation est de le manger et, comme tel, il estlittéralement invisible, il se dérobe à toute valeur esthétique.

Or, dans la nature morte, nous prenons le temps decontempler ces mêmes choses qui nous laissent indifférents hors de l'œuvre et l'invisible se fait visible, il donne àvoir ce que nos préoccupations immédiatement pratiques nous masquent.

a) L'art nous permet de connaître, de nous imaginer, de retrouver le sens des civilisations perdues? En quoicroyaient ces hommes qui foulèrent la terre 1000 ans avant nous ? La réponse seul l'art, peut nous la fournir.b) Que l'on se souvienne de Zola, de Balzac, ou de Stendhal, et de la finesse de leurs analyses psychologiques, sansces analyses, que serait devenues la psychologie institutionnelle, la psychologie scientifique (développée par Freud)? Ces écrivains ont par leur création, non pas imitative, donner vie à l'enquête personnelle qu'ils avaient menés surla psychologie des hommes, en ce sens leurs oeuvres nous permettent de mieux nous connaître nous-même.c) Dans le même ordre d'idée, pour Hegel : une oeuvre d'art ça n'est pas avant tout le sujet de cette oeuvre, lepaysage qu'elle représente par exemple, c'est avant tout le geste créateur, le geste humain et spirituel qui a présidéà sa création.

L'oeuvre d'art est essentiellement humaine, spirituelle mais pas purement spirituelle, elle est uneactivité par la quelle l'esprit se donne un corps, une effectivité.

Transition : Mais l'art peut-il se réduire à la recherche du vrai ? Ne serait-ce alors en réduire la dimension humaine au profit du spirituel ? 3 .

L'art a une fonction humaine qui dépasse la simple utilité en vue de la connaissance et de l'esprit.

a) L'art a pour produit, et bien qu'il ne poursuive aucune fin, parfois le beau.

Le beau nous permet d'accéder à uneconnaissance de quelque chose en nous qui nous renvoie à la part universelle en nous : notre espèce.b) Dans l'émotion esthétique du beau l'homme communie avec ses semblables et se confronte à la découvertesoudaine que son espèce est capable de produire la beauté.

Mais la beauté produite par l'homme est différente de labeauté « naturelle » parce qu'en la contemplant, l'idée qu'elle est un produit humain joue un rôle dans le sentimentdu beau lui-même.c) C'est justement parce qu'il se rend compte, - tout en contemplant l'oeuvre « belle » de l'art -, qu'elle n'est pasun produit de la nature mais un produit de l'activité humaine, que l'homme prend conscience qu'il s'inscrit lui aussidans le règne de la nature, de sa nature et de son espèce : le beau est pour Kant « le symbole du bien », il nousrend sensible ce que la raison entend par morale : l'humanité comme valeur.

En ce sens donc il nous permet demieux nous connaître « nous-même », c'est-à-dire en tant que membre de l'espèce humaine, il nous rend sensiblenotre condition.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles