Le bonheur des peuples ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
Transition : Ainsi si parler d'un bonheur des peuples peut avoir un sens dans la mesure où l'on ferait référence un ensemble dedénominateurs communs du bonheur des hommes, il n'en reste pas moins que cette conception ne va pas sansposer un ensemble de difficultés.
Mais bien plus c'est dans le fondement même ou dans sa possibilité même qu'il y asans doute un facteur impossible l'existence d'un bonheur des peuples dans la mesure où un peuple n'existe quedans une nation qui est encadrée par l'Etat.
Dans ce cas, le bonheur devrait pouvoir servir de principe législatif maisest-ce seulement possible ? II – Le bonheur ne peut servir de principe législatif a) En effet, le premier problème pour affirmer le bonheur comme un principe législatif en vue du bonheur du peuplerepose sur le fait que, comme le dit Kant dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs , « le bonheur est un idéal de l'imagination ».
Autrement dit, cela signifie que la définition dubonheur est personnel et ne peut donc en aucun cas faire l'objet d'un actelégislatif dans la mesure où la loi non seulement toujours général, mais elledoit surtout ne pas empêcher certains citoyens d'user de leurs libertés.
Or onpeut remarquer que bien souvent, notre propre bonheur, ou ce que l'on définitcomme tel peut entrer en conflit avec le bonheur d'autrui comme cela peutêtre le cas dans l'ambition.
Dans ce cas, on peut dire alors qu'il est d'autantplus improbable de parler du bonheur « d'un » peuple et encore plus dubonheur « des peules ».
Ce serait rechercher une unité transnationale là oùl'on a simplement affaire toujours au particulier, à l'individuel à moins desupposer l'existence d'un esprit (Geist) d'un peuple, ce qui signifie alors qu'il yaurait des forces souterraines agissantes sur les esprits des individus et celasuivant le découpage des frontières ce qui est une hypothèse intenabled'autant plus que rien n'indiquerait alors en quoi le bonheur du peupleallemand devrait être distinct du bonheur du peuple français ou anglais.b) Mais surtout le problème qui se pose en faisant de la quête du bonheur unprincipe législatif c'est celui du mal qu'il peut causer.
En effet, il est utopiquede croire que la société doit se donner pour but de faire le bonheur de sescitoyens comme le montre Kant au paragraphe 45 de la Doctrine du Droit . Cela constituerait même le pire des despotismes parce qu'il s'agirait alorsd'imposer une vision personnelle du bonheur qui ne peut en aucun convenir àtout un chacun.
En fait la nature de l'Etat est tout autre.
Et il y auraiteffectivement une contradiction interne entre la nature de l'Etat et le principe législatif si ce dernier devait garantirle bonheur de chacun de ses citoyens.c) Et c'est bien ce sur quoi Kant insiste dans Théorie et pratique : « Le souverain veut rendre le peuple heureux selon l'idée qu'il s'en fait, et il devient despote ; le peuple veut ne pas se laisser frustrer de la prétention au bonheurcommune à tous les hommes et il devient rebelle ».
En effet, non seulement, le souverain deviendrait despote maissurtout ce serait permettre à chaque citoyen de remettre en cause la législation au nom de son droit au bonheurque l'Etat devrait avoir pour base.
L'histoire nous montre bien de tel exemple de bonheur instigué en principelégislatif.
C'est notamment ce que le Stalinisme a produit.
Une des origines du totalitarisme repose justement surcette volonté d'unifier tous les désirs des hommes ou plus exactement de les contrôler suivant la croyance que l'ondétient la solution exacte au bonheur des hommes.
Et il est par ailleurs intéressant que Staline se faisait appeler le« petit père des peuples » et l'on voit bien alors toute l'impossibilité ou le risque de parler du bonheur « despeuples.
» Transition : Ainsi si l'on doit chercher le bonheur des peuples ce n'est sans doute pas en tant que ce bonheur doit faire parti dubut de chaque Etat bien au contraire : le bonheur ne peut constituer un principe législatif.
Mais bien plus c'est leconcept même de bonheur des peuples qui pose justement problème par cette diversité subsumer sous l'unité dubonheur.
En ce sens, le bonheur en tant qu'idéal de l'imagination est toujours personnel et l'Etat ne peut que faireen sorte que l'on puise essayer de chercher son propre bonheur dans les limites de la liberté civile.
Mais est-ceremettre tout bonheur des peuples en cause ? III – Etat, bonheur du peuple, bonheur des peuples a) En effet, l'Etat n'a pas pour but que promouvoir le bonheur de ses citoyens mais bien de faire en sorte quetoutes les conditions soient réunies pour que cela soit possible.
Autrement dit, l'Etat a pour but d'assurer la libertéde tout un chacun et sa sécurité.
Et c'est bien ce que montre Kant au paragraphe 45 de Doctrine du droit .
L'Etat doit administrer le droit afin que le lien social entre les individus perdure.
En ce sens, il y a un rôle coercitif.
Kant développe ce point notamment dans la sixième proposition de l' Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique .
En effet, le rôle du législateur est bien de fournir un cadre : celui de la société afin que les libertés et les déterminations individuelles puissent l'exprimer.
C'est bien ce montre d'ailleurs l'allusion au berger et autroupeau que l'on trouve en filigrane dans ce texte.b) Cependant, est-ce que cela condamne toute possibilité de parler du bonheur d'un peuple voire d'un bonheur des.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Les peuples heureux n'ont pas d'histoire. » Analysez et discutez la conception de l'histoire et du bonheur impliquée par cette maxime ?
- L'histoire n'est pas le lieu de la félicité; les périodes de bonheur y sont des pages blanches. Hegel laisse-t-il entendre par là que les peuples heureux n'ont pas d'histoire ?
- AU BONHEUR DES DAMES
- Analyse linéaire de l'incipit Au Bonheur des dames
- sujet de réflexion au bonheur des dames