Devoir de Philosophie

Le bonheur est-il un objet de consommation ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

-          Or, notre analyse du bonheur nous conduit à considérer le sujet comme paradoxal dans la mesure où un objet de consommation n'est pas, en lui-même durable, il possède sa propre durée, ou plutôt il dure aussi longtemps que notre désir se porte volontaire pour le consommer. Aussitôt, il cesse de nous intéresser. Or le bonheur, en tant que fin ultime recherchée, n'est pas de cet ordre : cela signifie-t-il qu'il n'est pas un objet de consommation ou qu'il est un objet de consommation particulier ? -          De la même manière, si le bonheur est cette état stable et durable de béatitude, alors peut-on vraiment le définir comme un objet de consommation - ensemble d'objets qui ne sont visés, non pas pour eux-mêmes, mais en vue d'autre chose, le bonheur peut-être ? -          C'est donc la définition de la nature, de l'essence du bonheur qu'il s'agit de définir ici, et c'est son statut particulier qu'il faut tâcher de découvrir.

        Peut-on légitimement définir le bonheur comme un simple objet de consommation comme s’il était possible qu’on puisse l’acheter, le consommer, le jeter ou même le revendre ? N’est-ce pas plutôt manquer l’essence même du bonheur dans sa dimension spécifique que de l’assimiler à un simple objet matériel et du même coup d’en faire le simple résultat d’un désir assouvi ? C’est donc bien la nature de bonheur en tant que telle qui est ici mise à la question.

 

 

« en tant que moyen en vue d'une autre fin).On peut reprendre, dans cette perspective, l'analyse d'Epicure = il préconise l'usage judicieux des plaisirs : « Leplaisir est le commencement et la fin de la vie bienheureuse.

» Mais nous ne recherchons pas tout plaisir, etnous n'évitons pas toute douleur : il est des plaisirs qui entraînent plus de souffrance qu'ils n'ont apporté debien.

Il s'agit donc de distinguer entre plaisirs naturels et non naturels, et parmi ceux-ci entre les plaisirsnécessaires et non nécessaires.

L'art de la vie heureuse et sans trouble consiste à savoir se satisfaire desseuls plaisirs naturels et nécessaires.Les morales hédonistes contemporaines = Certains auteurs veulent montrer aujourd'hui encore la légitimitéd'une morale hédoniste fondée sur le plaisir, selon le mot d'ordre : jouir et faire jouir.

Il ne s'agit pas devaloriser l'égoïsme, mais de s'opposer résolument à tout renoncement au plaisir imposé sous prétexte demorale.Mais l'hédonisme est aussi une attitude peu soucieuse de morale et qui accompagne souvent, avec frivolité oucynisme, l'individualisme contemporain.

Un appauvrissement des aspirations au bonheur apparaît ainsi dans laréduction de l'horizon de l'existence à des objectifs de consommation, et de tranquillité indifférente à tout cequi n'est pas la « vie privée » ou l'intérêt immédiat.

On serait tenté de penser que la liberté est une conditiondu bonheur, même si c'est une condition nécessaire mais non suffisante.

Seulement, nous l'avons vu, il est desbonheurs qui s'accommodent de la passivité voire de la dépendance.La valeur du plaisir = Le plaisir est une expérience agréable, liée aux sensations, donc à un éprouvé corporel.Le plaisir est le premier bien spontanément recherché.

Mais l'agréable se distingue cependant du bien.

Le plaisirque le tyran prend à exercer arbitrairement son pouvoir provoque le malheur d'autrui et son propre mal moral.Ce qui nous fait envie n'est pas toujours bien.

La volonté d'être bon sportif suppose un entraînement intensif,astreignant et douloureux, et peut s'opposer à l'envie de paresser ou de garder du temps libre.

De plus,l'agréable peut correspondre au simple soulagement d'une douleur, et donc coexister avec un mal.

Platonmontre que l'homme de plaisir est insatiable et jamais satisfait, il ressemble à un tonneau percé : le plaisirs'oppose donc parfois non seulement au bien (moral), mais aussi au bonheur lui-même.

Le caractère éphémèredu plaisir et son indifférence au bien manifeste qu'il est du ressort du sensible, et non du rationnel ; commentpourrait-il fonder une éthique, orienter notre comportement ? Et pourtant chacun cherche son bien (etpoursuit donc la représentation qu'il se fait du bonheur) à partir d'une logique qui reste celle du principe deplaisir.Joie, bonheur et béatitude = sans doute faut-il distinguer ici entre plaisir et joie : le plaisir concerne leséprouvés corporels et psychiques qui sont vécus comme agréables ; la joie est une qualité de l'âme queSpinoza décrit comme une augmentation de sa puissance d'être.

Le plaisir nous affect, mais la joie est d'abordinterne, et concerne notre être même.

Le plaisir peut me venir d'un autre, mais il reste partiel, lié à ce que jeressens ; la joie concerne l'ensemble de ma relation avec cette autre personne, c'est sa personne et sonattitude qui me réjouissent.

Le bonheur est de ce point de vue du côté de la joie, car il relève de la totalité ;et il suppose en outre la durée (tandis que la joie est momentanée et coexister avec une souffrance ou unedouleur) Le bonheur suppose une harmonie totale et durable entre soi et soi-même, entre soi et le monde.Comment ne pas le désirer ? Mais comment ne pas juger d'emblée qu'une telle attente est utopique ?La béatitude serait pourtant la réalisation d'un tel bonheur total, définitif, sans failles, mais le terme impliquel'idée d'un bonheur d'essence spirituelle.

Dans l'Ethique, Spinoza qualifie la béatitude en la liant à la« connaissance du troisième genre », capacité de reconnaître et d'éprouver de façon adéquate l'essence et lanécessité de toutes choses et d'y trouver sa joie ; cela revient à aimer Dieu de l'amour dont il s'aime lui-même).L'objet de consommation procure donc du plaisir ou de la joie, mais il ne saurait à lui seul procurer un bonheurparfait et durable.

Il semble donc que non seulement en tant que fin suprême le bonheur ne puisse pas êtredéfini comme un simple objet de consommation, mais encore que même les objets de consommation eux-mêmesne sont pas aptes, capables de nous procurer un véritable bonheur.

On peut ainsi ce référer par exemple àl'expression « l'argent ne fait pas le bonheur » : si donc l'argent permet d'acheter tous les objets deconsommation que l'on veut, cela ne nous rend pas du même coup, et ce nécessairement, heureux.

Il fautalors tenter de comprendre de quelle nature est le bonheur s'il n'est pas simplement matériel, et quels sont lesmoyens d'y parvenir. II.

Le bonheur ne saurait n'être d'une simple satisfaction matériel de ses désirs : au-delà de la logique de consommation, le bonheur et sa recherche ouvre l'homme à une autre dimension Il est vrai que la richesse matérielle n'achète pas le bonheur.

Celui-ci n'est pas du domaine de l'échangecommercial.

C'est donc notre propre conception du bonheur qu'il faut ici remettre en cause.Selon une opinion très répandue, en effet, le bonheur appartient à ceux qui ont les moyens matériels decombler tous leurs désirs : la richesse matérielle est considérée alors comme la condition indispensable dubonheur.

Dans cette perspective, le bonheur pourrait apparaître comme le fruit d'un héritage ou de talentshérités des parents, notamment de ce « sens des affaires » que l'on attribue, au moins en partie, à l'hérédité.Cette conception traditionnelle du bonheur trouve un écho chez les sophistes.

Pour Calliclès, l'un des porte-parole des idée des sophistes dans les dialogues platoniciens, le bonheur ne saurait être goûté que par ceuxdans lesquels la nature a établi un équilibre inné entre les idées et les facultés : seuls ceux dont les désirs nedépassent pas leurs capacités de les satisfaire sont heureux, parce qu'ils sont les seuls à pouvoir contentertous leurs appétits, jusqu'à leurs moindre caprice (Gorgias, 491e5).

Le bonheur apparaît ici comme le privilège. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles