Devoir de Philosophie

Le développement technique met-il l'homme en contraction avec la nature ?

Publié le 04/02/2004

Extrait du document

technique
[Introduction]L'invention, puis l'accroissement et le perfectionnement des techniques, comprises comme ensemble de procédés transmissibles permettant de reproduire des fins utiles, a incontestablement permis à l'homme de rompre avec la nature et de s'affirmer comme être pensant.Mais en faisant prévaloir les moyens sur la fin et en déchargeant l'homme de la peine de faire et parfois de penser, le développement technique ne finit-il pas par se retourner contre son intention première ? Ne finit-il pas par asservir le vivant et aliéner l'homme ?L'enjeu de ce questionnement est de savoir dans quelle mesure le développement technique permet à l'homme de vivre en harmonie avec la nature et de développer ses qualités d'homme.[I. L'avènement et le perfectionnement de la technique marquent la sortie de l'homme de l'état de nature ][1. La technique comme arrachement au règne naturel]La technique, telle qu'on l'a définie plus haut, suppose un arrachement au règne naturel au sens où elle manifeste une pensée guidant un savoir-faire. Elle signale donc l'avènement de l'être humain conscient, et une rupture par rapport au règne animal et instinctif : « Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille le plus experte, c'est qu'il construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travailleur aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur [on pourrait dire aussi : " du technicien "] » (Marx, Le Capital, I, 7).[2.
technique

« [II.

Le développement technique risque de détruire la nature physique et humaine s'il n'est pas maîtrisépar la raison ] [1.

Le « déchaînement » de Prométhée]Le développement technique semble avoir été historiquement la victime de son propre succès.

Hans Jonas écrit àcet égard que Prométhée s'est déchaîné » (Le Principe de responsabilité).

Car l'homme a subordonné laconsidération des fins de son action à celle des moyens d'y parvenir.

La technique s'est dissociée de l'éthique : «Lapuissance et l'autonomie de la technique sont si bien assurées que, maintenant, elle se transforme à son tour enjuge de la morale : une proposition morale ne sera considérée comme valable pour ce temps que si elle peut entrerdans le système technique, si elle s'accorde avec lui.

» (J.

Ellul, Le Système technicien.) [2.

L'asservissement de la nature]Il en résulte que la nature physique comme l'homme sont considérés comme des moyens : la forêt commecombustible, l'animal comme aliment ou force de traction, l'autre homme comme un moyen de production, etc.

: «Ilne s'agit pas de savoir si le but qu'on se propose est raisonnable et bon, mais de déterminer ce qu'il faut faire pourl'atteindre.

» (Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs).

La nature au sens large se trouve bien «contredite », mais cette fois en un sens négatif.

Car le processus devient synonyme d'irrespect et d'aliénation, dontl'homme n'est parfois pas conscient. [3.

Technique et éthique] Afin de ne pas devenir sa propre victime, l'homme doit donc soumettre le développement technique à des principeséthiques assurant la préservation et le respect d'autrui au sens large (le monde environnant et la personnehumaine).

C'est ce que Hans Jonas nomme le « principe de responsabilité » : « Agis de façon que les effets de tonaction soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur la terre », et « ne soient pasdestructeurs pour la possibilité future d'une telle vie ». Nous pourrons trouver un élément de réponse en nous référant à la pensée de Hans Jonas, dans son ouvrage Leprincipe responsabilité.

En effet, pour Jonas, le fait de vivre ne se résume pas seulement à un vivre-ensemble vécuau présent, mais à un vivre-ensemble qui doit prendre en compte le futur.

Il s'agit de déterminer dans quelle mesurenous sommes responsables du monde qui sera légué aux générations futures, puisque l'accroissement des moyenstechnologiques mis à la disposition des hommes étend la menace écologique à l'ensemble de la planète et cela dansun temps relativement court (essentiellement à l'échelle des phénomènes cosmiques et non humains). En somme, l'exigence est double : il s'agit de penser, dans le présent, les conditions d'un mode de vie (c'est laquestion écologique proprement dite) qui ne mette pas en danger les conditions de vie des générations futures.Même si celles-ci ne sont pas encore venues à l'existence, la question se pose quand même de la responsabilité quinous engage à leur égard : il s'agit d'une responsabilité vécue sur un mode fictif, mais elle n'en est pas pour celaineffective.

De ce point de vue, le pluriel de notre sujet « les hommes » justifie pleinement notre démarche, puisqu'ils'agit de comprendre, non pas si la pensée peut aider à vivre (question digne en soi, mais qui n'est pas la nôtreprésentement), mais que les hommes sont appelés à penser – ils le doivent, c'est leur responsabilité – vis-à-vis desautres hommes.

Vivre, c'est en ce sens vivre-avec, s'engager et prendre ses responsabilités. [Conclusion] Afin de permettre à l'homme de vivre en pleine harmonie avec son milieu et ses semblables, le développementtechnique doit donc être borné par des impératifs éthiques.

Alors, la contradiction de la nature sera pleinementpositive.

Car elle manifestera – et ne manifestera que – ce que l'être humain a de plus noble : le sens du devoir etdu respect d'autrui.

Les faits montrent certes combien l'homme est encore éloigné d'un tel idéal.

Cela constitue uneraison supplémentaire d'en faire le principe régulateur de l'invention, du perfectionnement et de l'usage destechniques.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles