Le devoir est-il hostile à la vie ?
Publié le 20/01/2004
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Le devoir est l’obéissance à une loi morale universelle que nous construisons nous-même. C’est un idéal de la raison qui fixe une règle a priori d’action. Le devoir exprime une obligation qui n’a rien à voir avec la nécessité ou la contrainte. Ainsi l’obligation morale et le devoir sont libres. Le devoir est donc une obligation relativement à la puissance de la passion et du désir. Or c’est bien là que le sujet « le devoir est-il hostile à la vie ? « prend toute son envergure. En effet, si le devoir en tant qu’il promeut une action rationnelle ou vertueuse, il ne semble pas qu’il soit hostile à la vie et cela surtout si l’on suppose que le devoir, par la réduction des passions, peut apaiser les relations et les tensions entre les individus. Pourtant, n’est-ce pas là justement où la question de l’hostilité à la vie du devoir se pose ? En effet, le devoir en réduisant la puissance de la passion peut étouffer la vie dans la mesure où le devoir en tant qu’idéal ascétique réduit le désir et les passions qui sont pourtant constitutifs de l’essence de l’homme, de sa vie et de son existence. C’est dès lors le statut et la définition du devoir qui est en jeu.
En ce sens, si nous étudierons la définition du devoir pour en rechercher une éventuelle hostilité à la vie (1ère partie), il conviendra alors de saisir et de comprendre la nécessité et les conséquences de conception du devoir comme d’un idéal ascétique et pourquoi pas voir une hostilité à la vie (2nd partie) ce qui nous amènerait alors à produire une nouvelle définition du devoir respectueuse de la vie et féconde pour l’existence humaine (3ème partie).
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Introduction : Le devoir est l'obéissance à une loi morale universelle que nous construisons nous-même.
C'est un idéal dela raison qui fixe une règle a priori d'action.
Le devoir exprime une obligation qui n'a rien à voir avec la nécessité oula contrainte.
Ainsi l'obligation morale et le devoir sont libres.
Le devoir est donc une obligation relativement à lapuissance de la passion et du désir.
Or c'est bien là que le sujet « le devoir est-il hostile à la vie ? » prend toute sonenvergure.
En effet, si le devoir en tant qu'il promeut une action rationnelle ou vertueuse, il ne semble pas qu'il soithostile à la vie et cela surtout si l'on suppose que le devoir, par la réduction des passions, peut apaiser les relationset les tensions entre les individus.
Pourtant, n'est-ce pas là justement où la question de l'hostilité à la vie du devoirse pose ? En effet, le devoir en réduisant la puissance de la passion peut étouffer la vie dans la mesure où le devoiren tant qu'idéal ascétique réduit le désir et les passions qui sont pourtant constitutifs de l'essence de l'homme, desa vie et de son existence.
C'est dès lors le statut et la définition du devoir qui est en jeu.
En ce sens, si nous étudierons la définition du devoir pour en rechercher une éventuelle hostilité à la vie(1ère partie), il conviendra alors de saisir et de comprendre la nécessité et les conséquences de conception du devoir comme d'un idéal ascétique et pourquoi pas voir une hostilité à la vie (2 nd partie) ce qui nous amènerait alors à produire une nouvelle définition du devoir respectueuse de la vie et féconde pour l'existence humaine (3 ème partie).
I – Approche définitionnelle a) Comme le précise Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs le devoir est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.
L'exigence du devoir est universelle et nécessaire et ne renvoie pas à une norme empirique.Autrement dit, le devoir ne découle pas de l'empirie.
Fonder une morale sur les faits serait la condamner.
Le devoir,loin d'être une réalité représente une norme de la raison, valable pour tous les êtres raisonnables.
Elle donne uncadre, une structure formelle à nos choix afin de déterminer nos actions dans la vie.
En ce sens, le pur devoircommande catégoriquement et l'impératif catégorique est le seul purement moral.
L'impératif moral n'exprimenullement la nécessité pratique d'une action comme moyen d'obtenir autre chose, mais commandeinconditionnellement : « Fait ceci ».
Il rattache sans conditions la volonté à la loi.
La règle du devoir estcatégorique : fais le devoir sans condition.
Il n'y a que l'impératif catégorique qui soit la loi de la moralité : « Tousles impératifs commandent ou hypothétiquement ou catégoriquement.
Les impératifs hypothétiques représentent lanécessité pratique d'une action pratique d'une action possible, considérée comme moyen d'arriver à quelque autrechose que l'on veut (ou du moins qu'il est possible qu'on veuille).
L'impératifs catégorique serait celui quireprésenterait une action comme nécessaire pour elle-même, et sans rapport à un autre but, comme nécessaireobjectivement.
» Et l'impératif catégorique s'énonce de la façon suivante : « agis comme si la maxime de ton actiondevait être érigé par ta volonté en loi universelle.
»b) A travers la seconde formulation de l'impératif catégorique on peut se rendre compte que le devoir n'est pashostile à la vie dans la mesure où il en assure la protection : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi biendans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplementcomme un moyen » ( Fondation de la métaphysique des Mœurs ).
Comment Kant arrive-t-il à cette formulation? Il s'agit ici de savoir ce qu'implique la volonté d'un être raisonnable soumis audevoir.
Il a été établi que la volonté morale est celle qui obéit à des principesuniversalisables.
Seulement la volonté est aussi la faculté d'agir en vue decertaines fins.
Il faut donc chercher ce que doit vouloir réaliser une volontémorale.
Kant pose alors que la seule fin en soi, la seule fin qui ne soit pasrelative, est l'homme en tant qu'être de raison.
Cela signifie que toute volontédevra reconnaître cette fin en soi qu'est l'homme en tant qu'être raisonnable.La fin de toute action morale doit donc être, pour la volonté du sujet moralhumain, la reconnaissance de l'homme comme fin en soi, c'est-à-dire lerespect de la dignité de la personne humaine.
Celui qui se suicide, parexemple, ne respecte pas l'humanité en lui-même et commet ainsi un meurtresur la personne morale.
Plus précisément, dans le suicide, je m'utilise et metraite simplement comme moyen d'un sentiment ou d'une idée sensible, celuiou celle d'une vie devenue insupportable.
Comme le meurtre, le suicide estune violation de l'impératif catégorique selon la deuxième formulation.
Ainsi onpeut dire que le devoir n'est pas hostile à la vie mais recherche bien à laconserver.c) Cependant, comme Kant le note dans la Critique de la raison pratique : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable, rienqui implique insinuation, mais qui réclames la soumission […] quelle origine estdigne de toi, et où trouve-t-on la racine de ta noble tige ? ».
En lui-même, ledevoir en effet n'a rien d'agréable.
Céder à ses passions aurait sans douteplus de plaisir.
Le devoir implique une soumission qui peut être ressentie comme une humiliation lorsque l'obligationmorale n'a pas été respectée.
Il est contraignant mais il semble difficile de dire qu'il soit hostile à la vie.
La morale ajustement pour but de développer une vie vertueuse respectant donc la dignité de la personne.
De plus le respectdu devoir permettra justement de circonscrire le feu des passions donc de sauvegarder la vie des excès de lapassion.
Ce qui est essentiel à voir ici c'est la notion de respect qu'implique le devoir.
La capacité que l'homme sedécouvre d'obéir à la loi morale fait naître en lui un sentiment de respect.
Ce sentiment est ambigu.
Il contient à la.
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