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Le philosophe est-il un sceptique ?

Publié le 17/01/2022

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Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction de l'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtir une philosophie nouvelle. 2° Les arguments des sceptiques grecs.Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion -la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir.Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq. Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. (a) La contradiction des opinions.Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible. Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien. Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions. Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Le scepticisme est un courant qui traverse de part en part l'histoire de la philosophie, et qui ne se limite pas à la période de l'Antiquité. La permanence d'un "camp sceptique" à travers le développement de la réflexion philosophique n'est-elle pas un indice sûr de l'identité profonde entre scepticisme et philosophie ? Certes, on rétorquera facilement que face aux contestations des sceptiques, se sont toujours dressées les prétentions des "philosophes dogmatiques". A mieux analyser toute philosophie, on peut constater que le point de vue sceptique y prend peut-être sa place comme un moment, une étape indispensable, même si cette étape est destinée, plus ou moins rapidement à être dépassée. Le philosophe apparaît volontiers comme un sceptique dans la mesure où il se défie de tout jugement hâtif, des opinions et préjugés courants, et semble ainsi ne croire ni à Dieu ni à Diable. L'assentiment qu'il donne à une idée quelconque semble même retenu : le philosophe serait l'homme des arrières-pensées. Il peut même se montrer ironique, voire cynique, c'est-à-dire sans illusions. Il est vrai qu'on ne prête qu'aux riches : le philosophe n'est-il pas en partie responsable de cet état de choses ? Il lui faut alors se démarquer de l'attitude sceptique et montrer qu'il n'est pas ce qu'il paraît être, et que le scepticisme n'est pas ce qu'on croit.

« a) Mais si la critique sceptique possède une validité contre opinion qui croit savoir, elle croit quant à elle pouvoirruiner la possibilité même du savoir, si bien que la philosophie est amenée à distinguer critique et scepticisme.

Eneffet, le scepticisme n'est que le moment négatif du savoir : il s'attaque aux contenus de pensée pour en montrerl'inconsistance, mais sa critique ne vaut que pour l'opinion subjective et arbitraire qui se croit objective etdéterminée, et pour le dogmatisme qui pense connaître l'absolu à partir de principes qui n'ont qu'une portée limitée.Le scepticisme apparaît donc comme un passage obligé vers la constitution d'un savoir conscient de ses propresprincipes, mais en aucun cas il ne peut être un aboutissement. b) Face à lui, le criticisme est l'attitude philosophique qui voit dans lescepticisme une négation de tout savoir et de toute vérité, mais qui admetque le scepticisme a raison dans ce qu'il critique : son tort est seulement d'entirer des conclusions générales — en quoi il ne rompt d'ailleurs pas avec lamanière de penser du dogmatisme.

L'attitude critique et non sceptiqueconsiste bien plutôt à rejeter le dogmatisme, mais pour sauver le savoir detoute atteinte du scepticisme : on reconnaît là l'orientation kantienne de laphilosophie, qui d'une certaine manière ruine l'idée classique de sagesse, maispour la remplacer par une sagesse plus active qui pense les conditions depossibilité de la réalisation de la raison dans le monde. Critique du dogmatisme chez KANT Être critique ne va pas de soi.

Il importe, afin d'y arriver, de surmonter deuxattitudes.

La première d'entre elles est le dogmatisme.

Dogmatisme vient dumot « dogme », qui, en grec, signifie « foi ».

Le dogme est l'expression de lafoi.

Il se caractérise par un certain nombre de propositions indiscutablesparce que fondatrices.

Il n'est pas répréhensible en soi de suivre un dogme.Toute pensée ne peut se développer que par référence à un certain nombrede fondements.

Ou bien il n'y a plus de pensée possible.

Doutons sans cessede tout et plus aucune valeur n'est possible.

Plus aucune idée ne peut être défendue.

Toutefois, si l'adhésion à un certain nombre de fondements est une attitude nécessaire et positive, ilarrive que le fait de poser un dogme tourne au dogmatisme, qui est un travers de l'esprit.

Le dogmatisme, en effet,consiste à affirmer un certain nombre de choses sans les démontrer.

Par opposition au dogme en vigueur dans lechristianisme, qui est l'affirmation de la foi en un Dieu unique, le dogmatisme est une attitude péremptoire affirmantlourdement des choses en dehors de toute foi et de toute expérience.

Résultat, le dogmatisme laisse toujoursderrière lui une impression d'arrogance, ainsi que d'abstraction.

D'où la valeur de l'empirisme et, derrière lui, duscepticisme. Conclusion Il est donc clair que la philosophie commence dans le scepticisme : elle consiste d'abord à se déprendre despréjugés et des vérités trop bien connues, que ce soit pour les rejeter ou pour les valider ensuite.

Mais elle dépassele scepticisme par la visée qui lui est propre d'un savoir qui atteigne enfin la vérité : le philosophe a été sceptique, ilne le devient pas.. »

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