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Le pouvoir de l'Etat est-il fondé sur une illusion ?

Publié le 04/11/2005

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illusion
L'action politique est de soi impure parce qu'elle est action de l'un sur l'autre et parce qu'elle est action à plusieurs. Un opposant pense utiliser les koulaks ; un chef pense utiliser pour sauver son oeuvre l'ambition de ceux qui l'entourent. Si les forces qu'ils libèrent les emportent, les voilà, devant l'histoire, l'homme des koulaks et l'homme d'une clique. Aucun politique ne peut se flatter d'être innocent. Gouverner, comme on dit, c'est prévoir, et le politique ne peut s'excuser sur l'imprévu. Or, il y a de l'imprévisible. Voilà la tragédie. Transition : Le texte de Merleau-Ponty permet de voir les limites d'une telle position. Il faudrait alors, pour résoudre la difficulté que pose l'existence de ces limites à un pouvoir politique fondé sur l'illusion, rechercher les conditions auxquelles le pouvoir de l'Etat pourrait être assuré autrement que par le recours à l'illusion publique. III.

L’Etat est l’ensemble des institutions qui organisent une communauté politique donnée. Cela suppose que l’Etat exerce un certain pouvoir sur ces institutions, ce pouvoir étant compris comme une force de domination et éventuellement de contrainte, dans la mesure à la soumission à un Etat n’est pas une attitude spontanée. Ce qui est en question ici, c’est le fondement de ce pouvoir de l’Etat. Fonder quelque chose, c’est à la fois lui donner une cause, une raison d’être, et une base de fonctionnement. Le soupçon est porté plus particulièrement sur la possibilité d’un caractère illusoire de ce fondement. Si l’on envisage la pluralité de sens possible de la notion de fondement, la question est donc double : est-il illusoire de recourir à la notion d’un pouvoir de l’Etat pour organiser la communauté humaine ? L’Etat crée-t-il une illusion pour asseoir son pouvoir ? On entend par illusion une pensée fausse dont on ne se rend pas compte qu’elle est fausse. Dans le cadre du sujet, on pourrait aussi envisager une compréhension plus active de l’illusion comme étant une mystification organisée pour occasionner des pensées qui, si elles sont fausses, permettent quand même d’atteindre certaines fins.   Il faudra donc résoudre deux problèmes, l’un concernant la validité pratique du concept de « pouvoir de l’Etat «, sa compatibilité avec le réel, l’autre adoptant un point de vue critique sur les pratiques politiques : l’idée même d’un « pouvoir de l’Etat « est-elle une illusion ? L’Etat fonde-t-il son pouvoir par la mise en place d’une illusion collective, qui s’assimile alors à une tromperie et à un mensonge, afin de soumettre ses sujets ?

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« Se pose maintenant les questions des modes d'exercice efficace du pouvoir politique : il semble que la tromperie, lamanipulation des apparences, soient des auxiliaires de l'exercice du pouvoir, et alors il est possible de soutenir quel'Etat organise l'illusion de manière à assurer sa domination. Machiavel, Le Prince Un prince doit s'efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété, de fidélité à ses engagements,et de justice ; il doit avoir toutes ces bonnes qualités mais rester assez maître de soi pour en déployer decontraires, lorsque cela est expédient.

Je pose en fait qu'un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut exercerimpunément toutes les vertus, parce que l'intérêt de sa conservation l'oblige souvent à violer les lois de l'humanité,de la charité et de la religion.

Il doit être d'un caractère facile à se plier aux différentes circonstances danslesquelles il peut se trouver.

En un mot, il lui est aussi utile de persévérer dans le bien, lorsqu'il n'y trouve aucuninconvénient, que de savoir en dévier, lorsque les circonstances l'exigent.

Il doit surtout s'étudier à ne rien dire quine respire la bonté, la justice, la bonne foi et la piété ; mais cette dernière qualité est celle qu'il lui importe le plusde paraître posséder, parce que les hommes en général jugent plus par leurs yeux que par aucun des autres sens.Tout homme peut voir ; mais il est donné à très peu d'hommes de savoir rectifier les erreurs qu'ils commettent parles yeux.

On voit aisément ce qu'un homme paraît être, mais non ce qu'il est réellement ; et ce petit nombred'esprits pénétrants n'ose contredire la multitude, qui d'ailleurs a pour elle l'éclat et la force du gouvernement.

Or,quand il s'agit de juger l'intérieur des hommes, et surtout celui des princes, comme on ne peut avoir recours auxtribunaux, il ne faut s'attacher qu'aux résultats ; le point est de se maintenir dans son autorité ; les moyens, quelsqu'ils soient, paraîtront toujours honorables, et seront loués de chacun.

Car le vulgaire se prend toujours auxapparences, et ne juge que par l'événement Merleau-Ponty L'homme public, puisqu'il se mêle de gouverner les autres, ne peut se plaindre d'être jugé sur ses actes dont lesautres portent la peine, ni sur l'image souvent inexacte qu'ils donnent de lui.

Comme Diderot le disait du comédien enscène, nous avançons que tout homme qui accepte de jouer un rôle porte autour de soi un « grand fantôme » danslequel il est désormais caché, et qu'il est responsable de son personnage même s'il n'y reconnaît pas ce qu'il voulaitêtre.

Le politique n'est jamais aux yeux d'autrui ce qu'il est à ses propres yeux, non seulement parce que les autresle jugent témérairement, mais encore parce qu'ils ne sont pas lui, et que ce qui est en lui erreur ou négligence peutêtre pour eux mal absolu, servitude ou mort.

Acceptant, avec un rôle politique, une chance de gloire, il accepteaussi un risque d'infamie, l'une et l'autre imméritées .

L'action politique est de soi impure parce qu'elle est action del'un sur l'autre et parce qu'elle est action à plusieurs.

Un opposant pense utiliser les koulaks ; un chef pense utiliserpour sauver son oeuvre l'ambition de ceux qui l'entourent.

Si les forces qu'ils libèrent les emportent, les voilà, devantl'histoire, l'homme des koulaks et l'homme d'une clique.

Aucun politique ne peut se flatter d'être innocent.

Gouverner,comme on dit, c'est prévoir, et le politique ne peut s'excuser sur l'imprévu.

Or, il y a de l'imprévisible.

Voilà latragédie. Transition : Le texte de Merleau-Ponty permet de voir les limites d'une telle position.

Il faudrait alors, pour résoudre la difficulté que pose l'existence de ces limites à un pouvoir politique fondé sur l'illusion, rechercher les conditionsauxquelles le pouvoir de l'Etat pourrait être assuré autrement que par le recours à l'illusion publique. III. Les conditions auxquelles le pouvoir de l'Etat n'est pas fondé sur une illusion Une des solutions consisterait à envisager un travail permanent de tous les membres de la communauté politique, etpas seulement de ceux qui exercent le pouvoir de l'Etat, travail qui viserait à assurer un bon fonctionnement de lacommunauté dans l'intérêt de tous.

L'illusion serait alors un facteur fragile de fonctionnement de l'Etat, puisque cedernier serait interrogé en permanence.

Le recours à l'illusion desservirait finalement le pouvoir de l'Etat. Spinoza A moins que nous ne voulions nous comporter en ennemis de l'Etat et aller contre la raison qui nous conseille demaintenir cet Etat de toutes nos forces, nous sommes dans l'obligation d'exécuter rigoureusement tous les ordres dela Souveraine Puissance, fussent-ils d'une extrême absurdité.

La raison, en effet, nous ordonne d'obéir, même en cecas, parce qu'entre deux maux il faut choisir le moindre.

Ajoutons que l'individu s'est exposé sans trop de risque audanger que représente cette soumission au pouvoir et au vouloir d'un autre.

Car, nous l'avons vu, le droit dont ellesjouissent de commander tout ce qu'elles veulent n'appartient aux souveraines Autorités que si elles détiennent bieneffectivement la souveraine puissance ; l'ont-elles perdue le droit de tout commander leur échappe du même coup,pour venir échoir l'homme ou au groupe qui aura acquis cette puissance et sera capable de la conserver. Pour ce motif il est extrêmement rare que les Souveraines Puissances donnent des ordres d'une extrême absurdité,car, dans leur propre intérêt et afin de conserver leur pouvoir, il leur importe avant tout de veiller au bien général etde fonder leur gouvernement sur les critères raisonnables. Platon Les gens de bien ne veulent gouverner ni pour les richesses ni pour les honneurs : ils ne veulent pas être traités demercenaires, en exigeant ouvertement le salaire de leur fonction, ni de voleurs en tirant eux-mêmes de leur chargedes profits secrets.

Ils ne sont pas non plus attirés par les honneurs ; car ils ne sont pas ambitieux.

Il faut donc. »

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