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Le pouvoir des mots constitue-t-il seulement un abus de langage ?

Publié le 17/02/2010

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Qu’ils soient écrits ou prononcés, les mots sont capables de prendre différentes formes. Transmis depuis toujours, ils traversent l’Histoire de l’homme tout en évoluant. Victor Hugo voit d’ailleurs le mot comme un véritable « être vivant «. Tout le monde appréhende ce qu’est un mot mais pourtant il semble qu’il nous cache bien des secrets. Le mot pourrait se définir comme un groupe de sons correspondant à un sens dans lequel se distribue le langage. Un abus de langage pourrait se définir comme un usage inapproprié à ce que l’on voudrait exprimer, un abus par rapport à la logique, à ce que l’on pense. Mais que constituent les mots au-delà de son simple attribut de vecteur du langage ? En quoi cette simple suite de sons régit-elle les rapports que l’homme entretient avec lui-même et avec son environnement ? Quelles conséquences ont les mots sur autrui ? Y a-t-il des mots plus « puissants « que d’autres ? Les mots possèdent-ils un réel pouvoir, ou ce pouvoir des mots constitue-t-il un mauvais usage, un usage mal ajusté à ce que l’on veut exprimer ?

Il s’agira de voir dans une première partie le pouvoir des mots comme abus de langage, puis nous verrons sur quoi repose le véritable pouvoir des mots, d’abord sur l’efficace du langage sur soi-même, puis sur autrui.

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« Le pouvoir des mots constitue donc un abus de langage, dans le sens où parler de pouvoir pour les mots estinapproprié étant donné que comme on l'a vu, ce ne sont pas forcément les mots seulement qui constituent unpouvoir mais aussi tout ce qu'il y a autour de ces mots : intonation, contexte, éloquence, etc.

Toutes ces observations nous amènent à aborder à présent les limites du pouvoir des mots, afin de montrerque cette expression relève une fois encore d'un abus de langage.Effectivement, le langage dit des choses, il dit les choses, ou bien il peut les prétendre.

Mais le mot justement dit-iltoujours bien la chose ?On retrouve cette réflexion tout au long de la préface d' Ovion Aveugle de Claude Simon.

« Si aucune goutte de sang n'est jamais tombée de la déchirure d'une page où est décrit le corps d'un personnage, si celle où est raconté unincendie n'a jamais brûlé personne, si le mot sang n'est pas du sang, si le mot feu n'est pas le feu, si la descriptionest impuissante à reproduire les choses et dit toujours d'autres objets que les objets que nous percevons autour denous, les mots possèdent par contre ce prodigieux pouvoir de rapprocher et de confronter ce qui, sans eux,resterait épars ».Nous sommes en 1970 et l'auteur fait référence ici au traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale que les survivantsn'ont jamais réussi à exprimer par les mots.

C'est ce qu'il qualifie de « description impuissante à reproduire ».

Onremarque ici l'analyse profonde qui est faite sur le pouvoir qu'ont les mots à nous rapprocher le plus possible de laréalité mais sans jamais vraiment l'atteindre, car aucun objet n'a jamais pris vie ou n'a jamais seulement étéforcément réel uniquement parce qu'il a été prononcé ou écrit.

Le pouvoir des mots atteint donc ici sa limite, dansson incapacité à totalement retranscrire, reproduire la réalité.Le pouvoir des mots constitue donc bel et bien un abus de langage car, si les mots ont un pouvoir, alors celui-cipossède de nombreuses limites.

Cela étant, il ne s'agit pas que d'un abus de langage, puisque comme on l'a dit, lepouvoir des mots n'est pas inexistant, bien au contraire.

* Les mots possèdent toutefois indéniablement un grand pouvoir.

C'est le thème de toute l'œuvre de Sartre :Les Mots , où on retrouve la fascination de l'auteur pour le pouvoir des mots. Le pouvoir des mots s'exerce tout d'abord sur soi-même, mais évidemment aussi énormément sur autrui.En ce qui concerne a compréhension de soi, c'est ce que Freud affirmait en parlant du pouvoir des mots et c'est unedes théories principales de la psychanalyse.

Le pouvoir des mots est immense.

Ce n'est pas un hasard si les seulsoutils qu'utilise la psychanalyse pour soigner sont justement les mots.

En effet, l'usage des mots pour s'exprimer ausujet de ce que l'on ressent, permet de remonter aussi loin que possible dans le passé de l'individu et par le langage,la parole, par les mots qu'il utilise, l'individu sera apte à mieux se comprendre, à se soigner, à se maîtriser, à avoir unvrai pouvoir sur lui-même.D'après des philosophes et scientifiques tels que Kant, Freud ou encore Benveniste, au point de vue de l'individu etmême de la personne, le langage est donc ce qui rend possible l'unité subjective de la conscience de soi.Lorsque l'on s'exprime à travers les mots, on exprime ce que l'on pense.

Le langage est en fait le vecteur de lapensée.

On va chercher à parler en utilisant à chaque fois les termes adéquats.

Si le langage est indéniablementl'instrument de la pensée, on peut se demander cependant si la pensée ne suppose pas elle-même le langage et s'ilest possible de penser sans les mots.

Et pourtant, des enfants qui n'ont pas encore appris à parler savent pourtantfacilement exprimer ce qu'ils veulent, ce qu'ils pensent, se faire facilement comprendre, par des gestes, desattitudes, des expressions, etc.

De même, des sourds ou muets peuvent aussi communiquer par la langue dessignes.

Donc, si les mots nous sont quasiment nécessaires pour nous exprimer, ils ne sont pas non plusindispensables, et l'on peut en cas de contrainte, tout à fait s'en passer.

Au sujet de l'expression par les mots de lapensée, exprime-t-on vraiment toujours ce que l'on pense ? Le langage suppose-t-il toujours l'expression de lavérité ? Evidemment non.

Rien ne nous empêche de ne pas exprimer la vérité, de mentir, que ce soit pourconvaincre, pour manipuler les autres, pour se manipuler soi-même, etc.

et très souvent, les mots sont trèssubjectifs.Les mots et leur pouvoir permettent de façonner notre vision du monde et nos relations en société.

Néanmoins, le pouvoir des mots a un impact considérable également sur les autres.

En effet, parler c'estexercer une domination sur autrui, c'est prendre le pouvoir.

C'est ce qu'affirme Bourdieu dans Ce que parler veut dire , où il insiste sur la forme d'autorité exercée par les mots, la domination par le langage, par la parole. Par les mots, on peut fortement influencer le comportement des individus.

Employer certains mots plutôt qued'autres, manier astucieusement la langue peut être des moyens de tenter de « charmer » les autres.

Phénomènecourant en politique, il a été abusé de nombreuses fois par des hommes politiques qui, en tant qu'excellents. »

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