Devoir de Philosophie

L'équivocité du langage peut-elle privé les mots de leur pouvoir de signification ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

langage
Une des plus radicales critiques du langage dans sa vocation à la fixité (univocité et détermination des mots) provient, en philosophie, de Berkeley (Cf. Traité sur les principes de la connaissance humaine). Celui-ci s'insurge contre la notion d' « idée générale abstraite », idée capable d'exprimer ce qu'il y a d'essentiel et de général dans chaque manifestation singulière. Par exemple, lorsque je vois un cheval particulier et concret me vient l'idée du cheval en général. Je verrai dans ce cheval l'expression de l'essence du concept « cheval ». Berkeley considère cela comme une absurdité et une impossibilité. Un cheval ni grand, ni petit, ni blanc ni noir est une notion vide de sens... Ce que veut dire Berkeley dans cette considération, c'est que l'homme se laisse abuser par le langage et ses illusions créatrices de sens faux. La science est considérée par l'Irlandais comme un langage plus précis mais qui, pour autant, ne parvient pas à éradiquer totalement les illusions langagières. Les pièges de la connaissance proviennent de l'imagination de l'esprit humain et de sa mauvaise utilisation du langage qui lui donnent à penser et concevoir des idées trompeuses et des réalités illusoires.
langage

« Bergson fera aussi une critique virulente du langage, qui fixe abusivement et tuela densité et la durée des évènements relatés.

Cependant, en même temps qu'ilcritique cet aspect du langage, il nous donne également à saisir l'utilité de celui-ci dans le passage suivant : " Pour que la pensée devienne distincte, il faut bien qu'elle s ‘éparpille en mots :nous ne nous rendons bien compte de ce que nous avons dans l'esprit quelorsque nous avons pris une feuille de papier, et aligné les uns à côté des autresdes termes qui s'entrepénétraient.

...

La pensée qui n'est que pensée, l'œuvred'art qui n'est que conçue, le poème qui n'est que rêvé ne coûtent pas encorede la peine ; c'est la réalisation matérielle du poème en mots, de la conceptionartistique en statue ou tableau, qui demande un effort.

L'effort est pénible maisil est aussi précieux, plus précieux encore que l'oeuvre où il aboutit, parce que,grâce à lui, on a tiré de soi plus qu'il n'y avait, on s'est haussé au-dessus desoi-même.

Or cet effort n'eût pas été possible sans la matière : par larésistance qu'elle oppose et par la docilité où nous pouvons l'amener, elle est àla fois l'obstacle, l'instrument et le stimulant ; elle éprouve notre force, engarde l'empreinte et en appelle l'intensification »" (Cf.

La conscience et la vie ) Bergson nous permet de comprendre le dualisme dans lequel se trouve notreculture basée sur la communication et l'expression.

En même temps qu'une pensée sera sans doute gâchée ou altérée par la forme du discours qui l'exprime, elle ne saurait avoir de valeur sielle reste telle.

Notre culture est construite sur l'idée que l'effort, le travail, fait progresser l'esprit dans laconnaissance de soi et du monde qui l'entoure.

Le langage est le moteur même de ce progrès.

Mais en même temps,Bergson n'aura de cesse de prévenir des pièges, des imperfectibilités et des impasses inhérentes au langage.

Cemessage s'adresse également à tout philosophe, comme le prouve cette affirmation : « Un philosophe digne de ce nom n'a jamais dit qu'une seule chose… encore a-t-il plutôt cherché à la dire, qu'il ne l'a dite véritablement. » Ce que Bergson entend, c'est que le langage est en même temps moyen d'expression et de détournement du sensinitialement pensé.

Le langage, par les mots, peut faire briller et mourir tout à la fois une signification particulière. Heidegger cherchera à exprimer, tout comme Wittgenstein, cette fascination que nous avons pour un langage quinous possède plus que nous le possédons.

« L'homme est pris par le langage » disait-il, insistant sur le fait que lelangage est à la fois ce qui caractérise l'humain et le dépasse dans le même temps.

Les mots ont un pouvoir sansdoute plus grand que les gestes, les sophistes l'avaient bien compris. Conclusion Le langage est par nature équivoque et est donc simultanément outil de transmission et provocateur deconfusion.

La polysémie des mots est tout à la fois émerveillement et trouble pour celui qui cherche àcomprendre leurs sens. Mais si le langage peut être considéré comme un édifice construit sur du vide (arbitraire des conventions etdes signes choisis), il est également ce propre de l'homme et même le plus insigne moteur d'un espoirmétaphysique de relation des hommes entre eux ( le mot religion provient du latin « religere » qui signifie relier).

Il est remarquable que la leçon de méfiance et de maîtrise du langage professée par Socrate fut l'actede naissance de la philosophie et que cependant, cette tradition de l'oralité au dépend de l'écrit ne fut passuivie, ni par le disciple même du maître, ni par toute l'histoire de la discipline.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles