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Le progrès technique nous rend-il plus libre ?

Publié le 12/02/2005

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Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, qui est "mal dirigée".La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin du texte) : L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leur temps libre pour épanouir leur originalité profonde.B - EXPLIQUER : "Réduire l'ouvrier à l'état de machine" : c'est le contrecoup du fonctionnement, essentiellement réglé et prédéterminé, de la machine sur son utilisateur. "Prétendus amusements", "vraies originalités".Le machinisme mal compris et mal dirigé induit un cercle vicieux : l'ouvrier produit des objets, et, durant son temps libre, continue à s'aliéner à ces mêmes objets.C'est là un amusement et une liberté illusoires. La vraie originalité se trouve dans la recherche et dans la mise en oeuvre de nos facultés profondes.C - LE MACHINISME EST-IL UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE ?Non, selon Bergson à condition que les illusions de liberté qu'il engendre soient limitées par la "bonne direction" que le pouvoir politique a pour responsabilité d'imprimer à l'usage social des produits du machinisme.Mais on peut se demander si la civilisation des objets industriels ne s'est pas rendue indépendante, malgré les décisions politiques, de la volonté collective des hommes.

Les progrès de la technique ont toujours permis aux hommes d'évoluer en s'affranchissant des nécessités naturelles. Ils ont par là même acqui plus de liberté. La progrès nous libère des nécessités naturelles. Mais, si la technique permet de dominer la nature, elle peut tout aussi bien permettre de dominer l'homme. En effet, ne sommes-nous pas aliénés par la technique sans laquelle nous ne pourrions plus vivre ?

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« sens que le travail n'est pas « attrayant ».

Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort de volonté. L'apprenti sorcierQu'est-ce qu'une machine? Le meilleur ou bien le pire des artifices ? Les hommes fabriquent des machines mais ils les détruisent également (à l'instar de ces premiers ouvriers du textile qui brisèrent au xvin` siècle les métiers àtisser sur les conseils de Ludd.

Le « luddisme » est au monde ouvrier ce que la jacquerie est aux paysans).

Les machines retirent de la peine au travail mais elles rongent également le travail des hommes.

Bref, les machinesopèrent-elles un retour de la technique contre le technicien, instruments d'une version actuelle de l' apprenti -sorcier? Car la menace ne semble plus relever aujourd'hui de la science-fiction.

Bien sûr les « robots » ou l'ordinateur central de 2001 ne sont pas en passe de dominer les hommes, au sens de les asservir.

Mais peu à peu, discrètementsystèmes automatisés et intelligences artificielles commencent à extraire l'homme du monde du travail, au risque de lui rendre la nature totalement inintelligible.C'est aujourd'hui un thème familier et angoissant que celui du technicien apprenti -sorcier.

L'effroyable péril suscité par le développement des armes nucléaires, ainsi que les dangers de « robotisation » constitués par la mécanisation de notre existence soulignent avec éclat que la technique ne tient pas lieu de sagesse, pas plus que la science ne tient lieu de philosophie.

« La technique, a écrit, le R.P.

Laberthonnière nous apprend à nous servir deschoses.

Mais saurons-nous nous-mêmes à quoi nous faire servir? » La technique ne donne à l'homme que des moyens d'action.

Elle reste muette sur les fins qui doivent guider notre conduite.

Et nous avons plus que jamais besoind'une sagesse pour nous éclairer sur les fins qu'il nous appartient de poursuivre.

Dans le monde actuel l'éclat de nos pouvoirs humains fait ressortir dans une lumière tragique l'ambiguïté de nos vouloirs.

Et si la technique est unemédiation nécessaire pour concilier le pouvoir et le vouloir, seule la philosophie peut nous permettre de voir clair dans notre vouloir.

Seule la philosophie pose le problème des valeurs.Machinisme et aliénationDans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs.

La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils.

L'habileté mamelle encore requise dans la manufacturedisparaît.

La force de travail se dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes & enfants) accroît la concurrence entre travailleurs.

De plus, le travail devient monotone : « La facilité même dutravail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt.

» (Marx).

Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit se plier au rythmeimposé par la machine.Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire.

Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Il a libéré l'humanité de l'esclavage, réalisant ainsi le vieux rêve d' Aristote Il a contribué à l'élévation du niveau de vie des masses.

Mais son but n'a jamais été d'émanciper le travailleur ni d'alléger le labeur.

Son seul but est le maintien du taux de profit.

C'est pourquoi la division du travail et les progrès technologiques ont, dans lesfaits, réduit le travailleur à n'être que le simple rouage d'un mécanisme qui le dépasse.

Il y a, dit Marx, une contradiction absolue « entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu'elle revêt sous le régime capitaliste ».

Cette contradiction « finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens d'existence et d'être rendu lui-même superflu par la suppression de sa fonction parcellaire ».

En effet, le capitalisme, qui assure la formation de la main-d'oeuvre à moindre frais, est toujours pris de cours par ses propres transformations technologiques et ne peut donc que licencier les travailleurs dont les emplois sont supprimés par les progrès techniques.

Ce qui fait que chaque progrès économique apparaît comme « une calamité publique ».

C'est là le côté négatif.

Mais, dit Marx, ces catastrophes mêmes que fait naître la grande industrie « imposent la nécessité de reconnaître le travail varié et, par conséquent, le plus grand développement possible des diverses aptitudes du travailleur, comme une loi de production moderne. » : « Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l'individu morcelé, porte-douleur d'une fonction productive de détail, par l'individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées dutravail.

» En effet, les progrès de la grande industrie exigent, aujourd'hui, des travailleurs hautement qualifiés et polyvalents.

La fabrication des machines, des chaînes de montage entièrement automatiques requièrent les techniques les pluscomplexes.

On peut donc penser que les formes parcellaires et aliénées du travail ne sont, dans l'évolution séculaire de la production, que les mauvais côtés par lesquels des formes plus avancées du travail pourront développerl'homme social intégral qui saura « tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail ». Le travail aliéné.

« Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physiqueimmédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

[...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement ses preuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la natureapparaît comme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans laconscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritableobjectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.

De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique.

»Marx, « Manuscrits de 1844 ». COMMENTAIRE.L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel .

Chaque homme appartient au « genre » humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc le représentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier.Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des oeuvres et en transformant la nature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé par l'homme & la nature transformée par lui sont des miroirs où il se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cette production, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est lebut.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit pas seulement pour satisfaire ses besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois le besoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.Or, c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'homme est privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on dira que l'aliénation du travail a son origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de la propriété permettrait de dépasser l'aliénation dutravail.

Soit on conclura que l'aliénation caractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humain que débarrassé de la fonction de satisfaction des besoins.Technique et appauvrissement de l'hommeBorges Friedmann, pour sa part, dénonce l'environnement artificiel et inhumain que crée la civilisation technicienne.

Celle-ci dépouille l'homme de ses rythmes naturels sans lui apporter d'autres points de repères, d'autres valeurs,une autre culture.

Elle le plonge ainsi dans un vide spirituel.

Sans cesse assisté par la technique, l'homme en devient dépendant.

[1] HOMO SAPIENS : L'homme savant.[2] HOMO FABER : L'homme qui fabrique. [] La diabolisation de la technique semble donc reposer sur une sorte de malentendu : après tout quand un meurtre est commis avec un pistolet, ce n'est pas le pistolet que l'on juge au tribunal, mais celui qui a appuyé surla détente, c'est-à-dire celui qui a employé ce moyen technique en vue d'une certaine fin posée par lui.

La technique ne fait que proposer des moyens : l'homme, en tant qu'il est celui qui fixe et détermine les finalités quilui paraissent souhaitables.

Le malentendu de la diabolisation consiste à porter un jugement de valeur sur la technique, alors que ces jugements ne peuvent être portés que sur l'utilisation, finalisée par l'homme, de cettetechnique.

A proprement parler, la technique apparaît donc comme étant techniquement neutre, dépourvue d'une quelconque détermination morale et libre de toute valeur.Selon cette thèse (de neutralité), ce n'est pas par elle-même que la technique peut être jugée, mais en fonction des fins.

Par exemple, si l'on s'en tient au point de vue technique , le médecin est le meilleur empoisonneurpeut-être même meilleur pour empoisonner que pour guérir c'est que qu'avait en vue Aristote dans l' « Ethique à Miconaque » , quand il disait que « dans le domaine de la technè, l'homme qui agit mal volontairement est préférable à celui qui agit mal involontairement ».

Du point de vue technique, il vaut mieux savoir que ne pas savoir, et appliquer ce savoir à un mal n'est pas à proprement parler un problème qui concerne la technique.

C'est une autre instance que l'instance technique qui fixe les fins, et ce n'est pas donc en tant que technicien que le médecin choisit de guérir plutôt que d'empoisonner.

voilà bien l'illustration de ce qu'onappelle classiquement l'indétermination des fins, ou la neutralité morale de la technique : le critère de jugement du technique n'est pas, alors, la valeur morale, mais la pure et simple efficacité.Est-il si sûr, pourtant, que la technique soit moralement neutre ? Certes, la possession d'un pistolet n'oblige personne à commettre des meurtres, mais peut-on écarter totalement l'idée qu'elle aide à en considérer lapossibilité ? Pour utiliser une métaphore biologique, on peut soupçonner qu'ici, jusqu'à un certain point, l'organe crée la fonction, ou, si l'on préfère, que la technique suggère bien tout de même l'idée de ses finalitéspossibles.

L'opposition de ces deux conceptions de la technique, l'une, innocente (la neutralité morale), l'autre, plus désabusée (la technique suggère des finalités), nourrit le débat contemporain sur la notion.

C'est ens'opposant explicitement à la première conception, jusque-là courante, que Marcuse , cité par Harbemas dans « La technique & la science comme idéologie », explique que « ce n'est pas après coup seulement, et de l'extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination – ces finalités et ces intérêts entrent déjà dans la constitution de l'appareil technique lui-même ».

On ne saurait être plus clair : Marcuse soupçonne la technique de porter en elle ses fins. « Ce n'est pas seulement son utilisation, c'est bien la technique elle-même qui est déjà domination (sur la nature et sur les hommes), une domination méthodique, scientifique, calculée et calculante.

Ce n'estpas après coup seulement, et de l'extérieur, que sont imposés à la technique certaines finalités et certains intérêts appartenant en propre à la domination – ces finalités et ces intérêts entrent déjà dans laconstitution de l'appareil technique lui-même.

La technique, c'est d'emblée tout un projet socio-historique : en elle se projette ce qu'une société et les intérêts qui la dominent intentionnent de faire des hommeset des choses.

Cette finalité de la domination lui est consubstantielle et appartient dans cette mesure à la forme même de la raison technique.

» Marcuse. L'argument qui permet de passer de la thèse de la neutralité à cette position, c'est l'argument du système, du projet d'ensemble.

si on considère la technique comme un tout, comme un projet global, la liberté qui s'offreà nous devant les moyens techniques isolés pris un par un s'efface, et se fond dans la finalité d'ensemble du projet.

L'analyse de Michel Henry , l'auteur de la « Barbarie », converge ici avec celle de Marcuse pour récuser la thèse trop facile de la neutralité du moyen technique : « si l'on parle à propos de technique de « moyen », il faut reconnaître qu'il s'agit de moyens très particuliers ; lesquels ne sont plus au service d'aucune fin différente d'eux mais constituent eux-mêmes la « fin » ».

au terme de ces analyses, c'est la neutre indétermination de la technique qui est repoussée comme illusoire. Dans cette direction on pourrait aller jusqu'à suspecter l'économie de marché de créer le besoin du consommateur pour un objet dont nous étions arrivés à nous passer jusque-là.

La campagne de publicité récente d'unegrande marque d'ordinateurs rappelait que « l'important n'est pas ce que l'ordinateur peut faire, mais ce que vous pouvez en faire ».

le slogan a le mérite de bien poser le problème de l'objet technique, en prenant acte de ce que dorénavant la plupart des objets techniques créent le besoin qu'on a d'eux au lieu d'y répondre ; il rappelle que ce sont théoriquement les hommes qui fixent les finalités, et qui déterminent le choix des objetstechniques qu'ils utilisent en fonction de ces finalités.

Comme créatrices de besoins artificiels, la technique se présente bien ici implicitement comme porteuse de l'idée de sa finalité : et il est révélateur qu'une marquepuisse avoir à manier cet argument pour lutter contre ses concurrents, comme pour témoigner d'un état de fait.

Nous avions déjà croisé en route l'idée de l'articulation entre le besoin naturel et à l'orienter vers lesfinalités qu'elle suggère, ce qui peut laisser craindre qu'en ce nouveau sens la technique devienne l'objet propre du travail.La question d'un destin technique du travail était solidaire de celle de la libération ou non par le travail.

Cette même question se repose ici pour la technique, dont on peut se demander si elle est vraiment la médiation quilibère, ou au contraire la médiation qui emprisonne.

L'ambivalence des relations entre l'homme et la technique sur ce point pose la question du statut de l'homme lui-même : si en effet la technique devient décisive dansle travail par lequel l'homme conquiert son humanité, la tentation est grande de voir dans le développement technique un trait essentiel de l'homme.

C'est le pas que franchit Bergson , qui parle dans « L'évolution créatrice », de l' « invention mécanique » comme « démarche essentielle », quitte à aller jusqu'à dire que l'histoire retiendra davantage la « machine à vapeur » que les « guerres et les révolutions ».

Ce propos conduit. »

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