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Le sens du désir - Désir et humanité - La structure paradoxale du désir

Publié le 05/01/2020

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Le sens du désir

S’interroger sur le sens du désir, c'est se demander à la fois quelles sont sa signification et son orientation. Le désir doit d'abord être appréhendé d'un point de vue descriptif et fonctionnel : comment ce sentiment est-il éprouvé ? Vers quoi nous fait-il tendre et à quoi peut-il nous servir ? Le désir est-il l'animalité qui parle en nous, ou bien est-il spécifiquement humain ? Mais ces questions ne suffisent pas à clarifier le sens du désir : il faut encore voir comment celui-ci se structure, c'est-à-dire de quelle manière et selon quelle orientation ce sentiment s'établit entre un sujet et un objet. Comment les met-il en rapport ? Ce rapport exclut-il la présence éventuelle d'un tiers susceptible d'orienter le sujet dans son désir ? Le sens du désir ainsi découvert peut mettre au jour sa différence fondamentale avec les autres sentiments.

I_a finalité du désir

D'un point de vue descriptif, le désir est ressenti par le sujet comme un trouble, un manque qui n'est pas sans évoquer une forme de douleur. Aussi la conception antique du désir cherche-t-elle à le caractériser comme l'épreuve de ce manque et à élucider sa fonction de la manière suivante : pour Platon (texte 1), le désir est à comprendre, de même que le besoin, comme un mouvement qui nous porte à l'annulation du trouble ressenti.

On a donc affaire à un sentiment de douleur dont la seule positivité tient dans sa finalité : nous faire combler ce manque. L'exemple le plus traditionnel à cet égard est la soif. Avoir soif est un sentiment désagréable mais utile, puisqu'il nous incite à boire pour annuler le trouble et assurer la bonne conservation de l'organisme.

Le modèle du besoin est donc intéressant en ce sens qu'il éclaire ce qu'on pourrait appeler le processus du

valeur du désir en fonction de la valeur de l'objet (texte 1) : il s'agit alors de connaître, de ressaisir ce qui est le plus éminemment désirable, en l'occurrence la vérité. Dans l'Antiquité, la hiérarchie des biens déterminait la hiérarchie des désirs. Cette optique se trouve reprise dans la tradition chrétienne, qui place également l'origine et la valeur de tout désir dans l'amour que l'on doit porter à un bien en fonction de sa valeur.

Le renversement moderne consiste à inverser l'ordre de la genèse du désir : c'est l'amour pour l'objet qui découle du désir que nous éprouvons pour lui. Autrement dit, ce n'est pas la valeur de l'objet qui produit l'amour et ensuite le désir .; c'est le désir qui en produisant l'amour nous fait conférer de la valeur à un objet. La valeur de l'objet est subjective, elle n'est que la conséquence du désir qu'on lui porte.

Il s'ensuit donc une relativisation de l'importance de l'objet dans la structure du désir, qui nous renvoie bien plutôt à la constitution du sujet. On peut en effet faire apparaître avec René Girard que l'objet n'est en définitive que la cause accidentelle du désir, et que l'hésitation sur lui tient au caractère non apparent de ce que vise vraiment le désir : cet « obscur objet du désir », c'est moi-même, qui cherche à me constituer comme sujet en pleine possession de moi-même.

Le désir a donc une structure paradoxale, car à supposer qu'il désire sa fin, c'est-à-dire sa suppression comme désir, il ne désire pas son objet. Il conviendra dès lors de nous interroger sur,le sujet du désir plutôt que sur sa fonction.

« désir : le désir désire sa fin, c'est-à-dire sa mort comme désir, assurée par la satisfaction.

Ainsi peut-on expliquer le désir avant tout du point de vue de sa fonction : associer au trouble ressenti un objet capable d'apaiser ce trouble et de mettre fin au désir.

L'efficacité de ce fonctionnement nous incite, avec Descartes (texte 2), à voir dans le désir un mouvement de la nature, de notre nature, qui comporte une forme de vérité, puisque ce que le désir nous indique correspond à ce qui peut apaiser le trouble.

Cette « effica­ cité » du désir est ici révélatrice d'un rapport harmonieux entre l'homme et le monde, sous le regard bienveillant du Créateur.

Mais la psychanalyse nous apprend par ailleurs qu'il faut envisager le désir dans le cadre d'un dispositif pulsionnel dont il est le centre : la force du désir est telle que, même en l'absence de l'objet qui convient, le trouble peut parve­ nir à s'apaiser grâce à une satisfaction « hallucinatoire » et « substitutive » : telle est proprement la fonction du rêve, dont Freud (texte 3) montre qu'il est pour cette raison le « gardien du sommeil ».

Désir et humanité Il faut cependant préciser les limites du modèle du besoin, pour accorder une spécificité au désir.

La compré­ hension du processus du désir engage en effet un para­ mètre décisif, qui est celui de son inscription dans le temps.

Certes, la satisfaction d'un besoin s'inscrit elle aussi, comme toute action d'ailleurs, dans le temps.

En cela, le désir ne s'émancipe pas encore du modèle du besoin ou de l'instinct.

Mais le propre du désir est d'impliquer dans la conscience qui l'éprouve une forme de projet, une téléologie', tandis que le besoin et l'instinct s'inscrivent dans l'immédiateté (Alquié, texte 4), c'est-à-dire dans la spontanéité d'une nature qui ne varie pas : ils restent en quelque sorte hors du temps, ou plutôt dans une temporalité mécanique, tandis 1.

Science ou étude des tins, de la finalité.. »

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