Devoir de Philosophie

Le temps se réduit-il à la conscience que nous en avons ?

Publié le 17/06/2009

Extrait du document

temps

Nouvelle page 1

   Le temps est visiblement quelque chose que nous ne maîtrisons pas. Nous ne maîtrisons pas les horloges qui sont autour de nous. Le temps semble passer sans que nous ayons la moindre prise sur lui. Ainsi selon le mot d’Héraclite, le temps serait comme l’eau d’un fleuve, en perpétuelle changement faisant que l’on ne se baigne pas dans la même eau deux fois de suite. L’écoulement du temps semble irréversible et hors de ma volonté. Pourtant, il semble aussi que le temps en tant que durée peut varier par la conscience que j’en ai. Ainsi une heure ennuyeuse n’est pas équivalente à une heure enthousiasmante. Comment résoudre ce conflit ? Dès lors si le temps est à la fois un sentiment interne de durée et une norme quantitative objective et hors de nous, cette notion de durée du temps peut-elle se réduire à la conscience que nous en avons ? Avoir conscience de quelque chose c’est l’avoir présent à l’esprit. Mais c’est aussi dire qu’il se modifie et se modèle suivant mes prises de conscience. Or si ma vie psychique détermine pour moi effectivement le temps, il n’en reste pas moins a priori pour moi.  Comment comprendre cette double acception ?

            Le temps est certes relative à la conscience que nous en avons (1ère partie), mais en tant que temps objectif, il ne peut s’y réduire (2nd partie) définissant une double modalité du temps qui ne peut se comprendre qu’à l’aune de la notion de durée (3ème partie).

 

temps

« même ou qui serait attaché aux choses comme une détermination objective […] Le temps n'est rien d'autre que laforme du sens interne, c'est-à-dire de l'intuition que nous avons de nous-mêmes et de notre état intérieur ».b) Cependant, Kant note bien dans la suite de la Critique de la raison pure que le temps est un a priori qu'on ne saurait réduire à l'intuition que nous en avons.

Le temps est un concept a priori de notre expérience.

Il est toujoursdonné ; toujours déjà là : « Le temps n'est pas un concept empirique ou qui dérive de quelque expérience… le tempsest une représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions.

On ne saurait supprimer le tempslui-même par rapport aux phénomènes en général, quoique l'on puisse bien les retrancher du temps par la pensée.

Letemps est donc donné a priori.

Sans lui, toute réalité des phénomènes est impossible.

On peut les supprimer tous,mais lui-même (comme condition générale de leur possibilité) ne peut être supprimé ».c) Ainsi le temps se caractérise principalement par son irréversibilité : « Si dans un phénomène contenant unévénement, j'appelle A l'état antérieur de la perception, et B le suivant, B ne peut que suivre A dans l'appréhension,et la perception de A ne peut pas suivre de B, mais seulement le précéder.

Je vois, par exemple, un bateaudescendre le courant d'un fleuve.

Ma perception du lieu où le bateau se trouve en aval du fleuve, succède à celledu lieu où il se trouvait en amont, et il est impossible que, dans l'appréhension de ce phénomène, le bateau soitperçu d'abord en aval, et ensuite en amont.

» ( Kant , Critique de la raison pure, esthétique transcendantale ).

Le temps ne réduit donc pas à la conscience que je peux en avoir car le temps conscience est parcellaire, sélectionné,modifié selon le jeu de la volonté, des passions et du désir.

Transition : Ainsi le temps par sa double acception, à la fois comme continuité de mon existence et forme de mon intuition,nécessaire et a priori, ne pas être réduit à l'état conscience que j'en ai.

Le temps déborde toujours la subjectivitéde la conscience.

Néanmoins, c'est bien la conscience qui donne de l'épaisse au temps à travers le concept dedurée.

III – Durée et conscience du temps a) En effet, comme le note Bergson dans la Pensée et le Mouvant nous rappelle que : « Sans la conscience, nous serions plongés dans un éternel présent, sans épaisseur temporelle.

Par la conscience, je retiens le passé dans mamémoire, j'anticipe l'avenir par la crainte ou l'espérance.

Je n'ai pas les deux pieds dans le présent ; je peux leconfronter à des situations autres, donc l'évaluer et le juger ».

La conscience permet de saisir la continuité dutemps, de comprendre le lien qui unit les différentes approches du temps que Augustin esquissait déjà.

Il ne s'agitpas de juxtaposer les divers éléments du temps mais bien de produire l'unité d'un temps.

Il n'y a pas lieu d'opposerun temps de l'intériorité intime et un temps extérieur.

Le temps ne fait qu'un à travers la notion de sujet.

C'est ainsique se fait jour la notion de durée.b) Plus simplement, le temps échappe à la volonté.

Il est impossible de le ralentir ou de l'accélérer.

Nous sommescomme prisonniers du temps ; de son écoulement immuable et imperturbable.

Nous devons soit attendre pour agirsoit agir dans l'urgence, dans la précipitation.

Or c'est peut-être ce que l'on peut percevoir à travers cette petiteexpérience « métaphysique » que Bergson décrit dans l'Evolution créatrice à propos de la fonte d'un morceau de sucre dans un verre.

En effet, quoi que l'on fasse, comme le remuer pour essayer d'aller plus vite, nous devons bienattendre que le sucre fonde avant de le boire.

Notre vécu coïncide alors avec la durée de la fonte.c) Comme il le développe dans l'Evolution créatrice, Bergson montre que « Mon état d'âme, en s'avançant sur la roue du temps, s'enfle continuellement de la durée qu'il ramasse ; il fait, pour ainsi dire, boule de neige avec lui-même.

La vérité est qu'on change sans cesse, et que l'état lui-même est déjà du changement.

C'est dire qu'il n'y apas de différence essentielle entre passer d'un état à un autre et persister dans le même état.

» Or cettedistinction est fondamentale pour comprendre ce qu'est véritablement le temps comme on peut le voir dans La perception du changement .

Nous suivons la vague de la durée et l'élan vital qui s'y développe.

Nous ne sommes pas un objet fixe regardant le flux du temps.

Tout change et nous sommes nous-mêmes pris dans ce courant.

Conclusion : Le temps n'est donc résolument pas réductible à la conscience que nous en avons.

Le temps est un a prioride la forme de la sensibilité.

On ne pouvons échapper au temps.

Il déborde notre propre conscience en tant quenorme objective et fixe.

Cependant, le temps en tant que durée vécue par un sujet nécessite l'apparition d'un sujetconscience donnant une épaisseur au temps.

Sans conscience, le temps se réduit au simple présent.

Sansconscience le temps lui-même n'existe pas.

La conscience est donc nécessaire mais n'est pas tout le temps ou lareprésentation que l'on peut s'en faire.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles