Devoir de Philosophie

Le temps, selon Bergson

Publié le 21/09/2015

Extrait du document

temps

...

Je fus demain, je serai hier….Qui suis-je ? Aujourd’hui

Hier est derrière, demain est mystère et aujourd’hui est un cadeau, c’est pour cela qu’on l’appelle présent.

 

Dans de nombreuses langues (la langue étant souvent considérée comme le reflet de la conscience), on distingue un temps passé n’ayant aucun lien avec le présent, et un temps passé dont l’action est liée au présent. Par exemple : je partis (passé simple) et je suis parti (passé composé). En anglais : I left, I was leaving)

Le temps est une évidence et un mystère : chacun l’expérimente, nul ne peut le saisir.

Sans le temps, rien ne pourrait rester, passer, durer, ni même s’anéantir. Etre, c’est être dans le temps, puisque c’est continuer ou cesser. Il faut que le temps soit, puisque rien sans lui, ne pourrait être. Mais qu’est-il ?

Ce que nous appelons le temps, c’est d’abord la succession du passé, du présent et de l’avenir. Mais le passé n’est pas, puisqu’il n’est plus. L’avenir n’est pas non plus, puisqu’il n’est pas encore. Quant au présent, il semble être qu’en tant qu’il ne cesse de s’abolir. « Il n’est qu’en cessant d’être «, écrit Saint Augustin, c'est-à-dire la disparition de l’avenir dans le passé. Entre les deux, un passage, insaisissable, mais inconsistant. Pourtant, le présent s’abolit toujours dans le passé, sans disparaitre jamais, puisqu’il continue. On ne peut sortir du présent, ni du réel, ni du temps. Rien n’arrive que le présent.

Se demander si le temps n’est qu’une dimension de l’existence, c’est donc questionner la nature du temps lui-même, pour dépasser l’approche descriptive première selon laquelle le temps consiste dans l’articulation du passé, du présent et de l’avenir, caractérisée par la continuité, la succession, et l’irréversibilité. Le temps se définit alors comme l’ordre des successions qui n’a de sens qu’à partir des variations de ce qui existe effectivement. Ce qui existe devient autre, à l’instar du bourgeon qui, devenant fleur, ne fait que s’accomplir.

 

 

Certains scientifiques ont pourtant imaginé que le temps n’est pas forcément linéaire, cette linéarité du temps en conscience étant souvent mis à mal par nos souvenirs du passé ou une vision différente du temps selon les âges de la vie ; un enfant, un jeune adulte et une personne n’ont pas la même notion du temps. Certains moments nous paraissent extrêmement long mais d’autres passent très vite. Cela présuppose que le temps existe avant tout en conscience, à travers la perception de l’homme. La conscience est une instance psychique de relation de soi à soi (conscience de soi), de soi à autrui (conscience d’autrui), de soi au monde extérieur ; par-delà les inévitables changements ponctuels, elle tisse des liens entre états distincts d’un même objet, ce qui procure au sujet, à autrui et au monde, une unité et une permanence dans le temps.

temps

« L’existence présuppose le temps, quelle que soit la forme d’existence envisagée.

À titre d’exemples, la roche et l’homme existent, certes selon des modalités spécifiques, mais ces deux existants relèvent cependant de la catégorie de la « réalité empirique » au sens où, comme corps (inerte pour la première, animé pour le second), ils apparaissent dans le champ de l’expérience la plus familière dans la mesure où, étendus en longueur, largeur, et profondeur, ils occupent un certain espace, mais évoluent également dans le temps (la roche subit une certaine érosion, et des rides apparaissent progressivement sur le visage).

Mais ne puis-je pas tirer mon existence de la pure pensée, sans du tout faire référence à la présence de mon corps ? Tel est le cheminement de Descartes dans les Méditations métaphysiques.

Pour lui, alors que le corps reste objet de doute, il faut « tenir pour constant que cette proposition, je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit ».

Autrement dit, alors que l’existence comme réalité empirique est momentanément neutralisée, s’affirme l’existence de la seule pensée qui, comme le souligne Descartes, est bien une existence située dans le temps : « Je suis, j’existe : cela est certain ; mais combien de temps ? À savoir, autant de temps que je pense » Dès lors, il semble bien que ce qui existe, qu’il s’agisse de la réalité empirique ou de ce que Descartes appelle la « chose qui pense », existe dans le temps. Le passé existe, mais pour autant que quelqu’un présent s’en souvienne.

Ce souvenir n’est pourtant pas le passé, c’est une trace du passé dans le présent, c’est son évocation qui fait partie du présent.

Paradoxalement, le passé existe parce qu’il n’est pas passé puisque le présent l’évoque.

Cependant, le passé existe aussi au-delà de notre conscience, ce qui a eut lieu reste vrai, et le reste indéfiniment, mais si personne aujourd’hui ou demain en s’en souviens.

L’avenir est incertain.

Si l’avenir existait, il ne serait pas à venir, il serait du présent.

Il est ce qu’il est à condition de n’être pas.

L’espérance, l’attente, l’imagination n’existent qu’au présent. Dans son Essai sur les données immédiates de la conscience , Bergson oppose durée de la conscience et temps scientifique : « Si tous les mouvements de l'univers étaient uniformément accélérés, bien mieux : si, à la limite, une rapidité infinie resserrait le successif dans l'instantané, aucune formule scientifique ne serait modifiée.

Cette situation fictive fait bien sentir que le temps de la science n'est pas celui de l'existence.

Qu'est-ce donc alors que ce temps de l'existence? C'est le temps vécu et, comme tel, donné là où il est vécu, dans la conscience.

Pour Bergson, les aiguilles qui bougent, ce n’est qu’un morceau du présent : ce n’est pas du temps, c’est de l’espace.

Seul l’esprit, qui se souvient de leur position passée, qui anticipe leur position à venir, peut y lire une durée.

Supprime l’esprit, il ne resterait qu’un présent sans passé ni futur :il ne resterait que la position actuelle des aiguilles, il ne resterait que l’espace.

Mais l’esprit est là, puisque la mémoire est là, puisque le corps est présent et se souvient du passé et anticipe l’avenir.

Ce n’est plus de l’espace, c’est de la durée.

Ce n’est plus du mouvement, c’est de la conscience.

Ce n’est plus de l’instant, c’est de l’intervalle. C’est pourquoi nous pouvons mesurer le temps (peux-tu mesurer le présent ?) et que ce dernier s’oppose à l’éternité (qui serait un pur présent, sans passé ni futur).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles