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Le terme « expérience » a-t-il le même sens dans les expressions « avoir de l'expérience » et « faire une expérience » ?

Publié le 22/02/2012

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• Signification générale de la question. On invoque souvent, dans la vie quotidienne, la «valeur de l'expérience ». La référence à un vécu long et diversifié semble légitimer un point de vue, un jugement donné, et il est habituel d'associer la sagesse pratique (la fameuse « prudence » des Grecs) à l'âge. Une «longue expérience» semble autoriser et valider par avance un jugement, et il est fréquent d'entendre opposer la « connaissance par expérience » à la connaissance livresque ou abstraite. Une telle conception — très répandue — ne recouvre-t-elle pas une série d'illusions? Le vécu est-il transparent à lui-même? L'intelligibilité des phénomènes s'en dégage-t-elle spontanément? L'exemplarité de l'expérience personnelle fait à tout le moins problème.

« a) La théorie de la méthode expérimentale selon Claude Bernard (Introduction à l'étude de la médecineexpérimentale, Éditions Garnier-Flammarion). « Des causes d'erreur sans nombre peuvent se glisser dans nos observations, et malgré toute notre attention etnotre sagacité, nous ne sommes jamais sûrs d'avoir tout vu, parce que souvent les moyens de constatation nousmanquent ou sont trop imparfaits » (Introduction..., chapitre II, § 3). « L'expérimentateur, comme nous le savons déjà, est celui qui, en vertu d'une interprétation plus ou moinsprobable, mais anticipée des phénomènes observés, institue l'expérience de manière que, dans l'ordre logique de sesprévisions, elle fournisse un résultat qui serve de contrôle à l'hypothèse ou à l'idée préconçue » (ibid., chapitre 1,cinquième partie.

Édition citée page 49). b) L'expérience première comme obstacle épistémologique.

Cf.

Bachelard, La formation de l'esprit scientifique(Éditions Vrin, chapitre II). « Dans la formation d'un esprit scientifique, le premier obstacle, c'est l'expérience première, c'est l'expérience placéeavant et au-dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l'esprit scientifique » (p.23). c) Le questionnement de l'expérience par la théorie.

(L'expérience ne parle pas d'elle-même; c'est à la théorie qu'ilrevient de l'interroger, de formuler les questions.) Cf.

Bachelard. « Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question.

S'il n'y a pas eu de question, il nepeut y avoir de connaissance scientifique.

» Cf.

aussi Jakob (La logique du vivant, Éditions Gallimard, p.

24) : « Dans l'échange entre la théorie et l'expérience, c'est toujours la première qui engage le dialogue.

C'est elle quidétermine la forme de la question, donc les limites de la réponse.

» d) La relation d'une expérience célèbre : l'expérience du Puy de Dôme concernant l'existence du vide.

Cf.

Pascal,Expériences nouvelles touchant le vide (édition des Œuvres complètes de Pascal à la Pléiade, p.

360). • Théorie et expérience : deux références philosophiques. — Platon : une approche critique de l'expérience première et du type d'illusion qui s'y rattache.

Cf.

La république,Livre VII (Allégorie de la caverne). — Kant : le statut de l'expérience dans la connaissance.

Cf.

Critique de la raison pure, Introduction de la 2e édition,édition des Presses Universitaires de France, p.

31 : « Mais si toute notre connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute del'expérience...

». »

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