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Le travail est-il le propre de l'homme ?

Publié le 07/11/2005

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travail
Reste alors à déterminer s'il est un caractère qui n'appartient qu'à l'homme.     III - Le travail est-il un caractère qui n'appartient qu'à l'homme ?   Référence : Rousseau, second discours   « Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J'aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la Nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. L'une choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte souvent à son préjudice. C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur un tas de fruits, ou de grain quoique l'un et l'autre put très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne, s'il s'était avisé d'en essayer ; c'est ainsi que les hommes dissolus se livrent à des excès, qui leur causent la fièvre et la mort ; parce que l'Esprit déprave les sens, et que la volonté parle encore quand la Nature se tait. [...] La nature commande à tout animal, et la bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer, ou de résister; et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme. »   L'homme et l'animal diffèrent en ce que le premier est libre et le second agît par instinct, c'est-à-dire, est commandé par sa propre nature.

Analyse du sujet :

 

  • Notre sujet se présente sous la forme s’une question fermée : il s’agira donc, au terme de notre réflexion de fournir une réponse en « oui « ou « non « avec toutes les nuances qui s’imposent.
  • Deux notions interviennent – le travail et l’homme – mises en relation par l’expression « être le propre de «.
  • N’est le propre de l’homme que ce qui le caractérise exclusivement, c'est-à-dire, ne caractérise rien d’autre que lui. Pourtant, nous disons des animaux qu’ils travaillent, soit de leur propre initiative (fourmis, abeilles), soit sous la contrainte de l’homme (les bœufs tirent des charrues, les chevaux des péniches, etc.). Il nous faudra donc nous demander quel type de travail peut être dit le propre de l’homme, autrement dit, en quoi le travail des bêtes diffère-t-il de celui des hommes.
  • « être le propre de « n’est pas « être l’essence de « : on peut concevoir par exemple que certains hommes ne travaillent pas, sans pourtant leur refuser le statut d’homme. Cependant on ne peut vraisemblablement pas imaginer une société dans laquelle personne ne travaillerait. Il faut alors distinguer deux sens dans la notion d’homme : elle désigne premièrement l’individu (cet homme particulier), deuxièmement la part d’humanité commune en chacun de ces individus, c'est-à-dire l’idée que la vie en communauté impose que l’on se fasse de l’homme.

 

Problématisation :

 

Comme nous l’avons souligné, le travail n’est le propre de l’homme que s’il le caractérise exclusivement. De là surgissent deux problèmes :

  1. Le travail caractérise-t-il bien l’homme ? (Ou bien est-ce possible de concevoir une humanité ou des individus sans travail ?)
  2. Peut-on dire qu’il ne caractérise que lui ?

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« reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s'offre à lui extérieurement.

Il y parvienten changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité et dans lesquelles il ne retrouve queses propres déterminations.

Un homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur soncaractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sapropre réalité.

Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l'enfant :le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l'eau, admire en fait uneoeuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.

Ce besoin revêt des formes multiples, jusqu'à ce qu'il arriveà cette manière de se manifester soi-même dans les choses extérieures, que l'on trouve dans l'oeuvre artistique.Mais les choses artistiques ne sont pas les seules que l'homme traite ainsi ; il en use pareillement avec lui-même,avec son propre corps, qu'il change volontairement, au lieu de le laisser dans l'état où il se trouve.

Là est le motif detoutes les parures, de toutes les élégances, fussent-elles barbares, contraires au goût, enlaidissantes, voiredangereuses.

» L'homme, écrit Hegel, se constitue par son activité pratique.

L'activité pratique est ce qui fait de l'homme unhomme.

Elle est donc le propre de l'homme en ce qu'elle permet son accomplissement. Peut-on dire cependant de toute activité pratique qu'elle est un travail ? En apparence non : jouer, faire du sport,pratiquer la musique, etc., sont des activités pratiques dont on ne dit pas qu'elle sont du travail.

On les y opposemême, en tant qu'elles sont les activités que l'on pratique hors des « heures de travail ».

Or ces activités sontconstitutives de l'homme, autant que le travail laborieux lui-même ; elles sont même nécessaires, dit-on, à uneconstitution équilibrée. Toute activité pratique consiste cependant chez Hegel en une extériorisation, c'est-à-dire, en l'application de ce quiest intérieur à soi à ce qui est extérieur.

Il s'agit d'une mise en forme du monde extérieur par ce qui nous estintérieur et immédiat.

Cette mise en forme permet un arrachement à l'immédiateté dans la reconnaissance aposteriori ce que nous avons imprimé à cet extérieur : ce plat que j'ai cuisiné porte mon sceau, ce panier au basketest celui que j'ai marqué, je suis l'interprète de ce morceau que je joue, etc.

Se constituer comme homme, c'estreconnaître dans l'extérieur ce que nous y avons laissé, c'est-à-dire jouir des fruits de son travail de manièredifférée. Toute activité pratique est alors un travail que nous effectuons sur le réel, de même que l'on dit du sculpteur qu'iltravaille le bloc de bois pour en dégager la forme qu'il veut lui donner. Transition : le travail compris dans la perspective hégélienne comme une objectivation du réel par extériorisation de soi est bien ce qui constitue l'homme comme tel.

Autrement dit, le travail est bien un caractère de l'homme : lemoyen de son extériorisation.

N'occulte-t-on pas cependant tout un pan de la construction de soi si nous omettonsle repos, la méditation, la rêverie, etc.

? Ce sont pourtant des activités qui ne relèvent pas de l'extériorisation.

Unnouveau problème semble avoir surgi, qu'il nous faudra traiter avant d'aborder la question de l'exclusivité du travailcomme caractère humain : II – Le travail suffit-il à l'accomplissement de l'homme ? Référence : Nietzsche « Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur « lesbénédictions du travail » je vois la même arrière-pensée que dans l'éloge desactions impersonnelles et altruistes : à savoir la peur de tout ce qui estindividuel.

Au fond, on sent maintenant, à la vue du travail - on vise toujourssous ce nom le dur labeur du matin au soir - qu'un tel travail constitue lameilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraverpuissamment le développement de la raison, des désirs, du goût del'indépendance.

Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuseet la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, àl'amour et à la haine, il présente constamment un but mesquin et peut assurerdes satisfactions rapides et régulières.

Ainsi une société où l'on travaille duren permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui lasécurité comme la divinité suprême.

Et puis ! Épouvante ! Le « travailleur »justement est devenu dangereux ! Le monde fourmille d'individus dangereux !Et derrière eux, le danger des dangers - l' individuum ! » Le travail suffit à un accomplissement de l'homme, pour autant que celui-ciest envisagé du point de vue du collectif.

Le travail est en effet un moyen decontrôle de l'individu.

Ses pulsions sont bridées tant qu'il s'inscrit dans une communauté comme travailleur.

Ce quiselon Nietzsche s'accomplit réellement par le travail, ce n'est donc pas l'homme mais la société qui gagne ensécurité.

L'accomplissement de l'homme comme tel ne peut, au contraire, se réaliser que comme accomplissementindividuel, ce qui implique de ne pas brider les pulsions.. »

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