Devoir de Philosophie

Les hommes savent-ils l'histoire qu'ils font ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

histoire
L'histoire n'est pas seulement l'ensemble des faits passés. C'est aussi la discipline qui étudie ou explique ces faits. On peut dire avec pertinence que les historiens aussi font l'histoire. Il y a en effet nécessité de choisir parmi tous les faits, ceux qui méritent de figurer dans l'histoire. Et pour cela il faut un exercice de réflexion théorique important, qui suppose l'analyse et la synthèse de la période considérée. Le passé connu est médiatisé par la réflexion des historiens. Or, par définition, établir la synthèse lucide de ce que l'on est en train d'expliquer, c'est savoir ce que l'on fait.
histoire

« II.

Les lois de l'histoire 1.

Le décalage temporelLa première des ignorances et la plus évidente tient au décalage temporel.

On ne peut pas savoir l'histoire que l'onfait en direct, puisqu'on ignore les conséquences des actions entreprises ; par exemple, la Première Guerre mondialeétait censée, à son début, être une guerre rapide.

Il est donc normal que les historiens profitent de leur décalage temporel par rapport à l'événement étudié pour en avoirune vision plus complète, plus lucide également.

Henri Bergson montre qu'il est même miraculeux de percevoir, aumoment où il se produit, la portée ou la signification historique d'un événement, car ses contemporains ne possèdentni la connaissance de ce qui se passera après, ni la signification de certains signes avant-coureurs présents.

On nele sait qu'une fois le parcours effectué.

Bergson parle en effet de l'illusion rétrospective selon laquelle lesprotagonistes d'une époque auraient dû voir vers où ils se précipitaient: la Seconde Guerre mondiale par exemple oula guerre froide.

Ainsi, dans les années trente beaucoup a été fait pour que la guerre n'ait pas lieu.

Autrement dit,les protagonistes ne pouvaient pas savoir quelle histoire ils étaient en train de faire.

Donc, notre assurance actuellevient de ce que l'on connaît des événements après coup. 2.

La nécessité historiqueL'ignorance ne tient pas seulement aux conséquences mais aussi aux causes des événements.

On peut en effetpercevoir des lois nécessaires derrière le processus historique.

Déclarer une guerre semble relever uniquement dedécisions humaines, dont certes on ignore les conséquences, mais qui relèvent néanmoins d'un contexte et de faitsprécis.

Engels dans La Violence dans l'histoire montre en effet que les conditions matérielles sont déterminantes. Une guerre suppose des armes, donc une évolution technique, de l'argent, donc un niveau économique.

Un navire deguerre est une véritable industrie flottante, qui coûte très cher à l'État.

r« élément primitif» de la violence n'est pasla décision politique, ce sont les conditions économiques qui orientent une politique et qui lui donnent une sorte dedestin préalable : soit la violence politique suit l'évolution économique et l'accélère, comme dans le cas de l'esclavage, qui estune violence qui a correspondu à une évolution économique : l'inégalité des moyens de production existaitdéjà, et l'évolution économique l'a accrue ;soit elle tente de s'y opposer mais finit toujours par céder : par exemple la Révolution française où labourgeoisie s'est élevée contre l'aristocratie. Les hommes ne savent donc pas toujours la loi et les conditions de l'évolution de leurs actions historiques. 3.

La ruse de l'histoire Dans le cas précédent, les décisions volontaires sont toujours présentes : on sait que l'on fait la guerre ou larévolution.

Or, même sur ce point, une ignorance peut exister. Derrière les volontés et les ambitions des personnages historiques, d'autres forces se développent à leur insu.

Hegeldans La Raison dans l'histoire analyse les intérêts et les passions dévorantes des héros.

En apparence, ils sont animés par un pur égoïsme, mais en réalité les buts qu'ils recherchent coïncident avec les attentes universelles ougénérales de ceux qui s'y trouvent mêlés.

Et c'est pourquoi justement ces individus prennent une stature depersonnage historique.

Robespierre a incarné l'idéal de vertu au pouvoir, Napoléon a correspondu à la double aspiration de force gouvernementale et de droit libéral.

Derrière cela, pourquoi n'y aurait-il pas justement une forcede réalisation qui utiliserait les héros de l'histoire, leurs volontés particulières et égoïstes, comme « organe » pour laréalisation des aspirations universelles? Il y a une Raison qui orchestre les événements et fait advenir par ruse,c'est-à-dire par des procédés a priori contraires, ses déterminations de connaissance et de liberté pour l'humanité. L'histoire n'est autre que la forme et la matière que prend cet Esprit universel pour se déployer. Cela explique pourquoi les héros de l'histoire ne sont pas heureux ou ont des destinées souvent tragiques : ils sont,en quelque sorte, les instruments de réalisation de l'Histoire, mais ils sont aussi au fait de ce que veulentfondamentalement les peuples qu'ils gouvernent et de ce qu'il est nécessaire de réaliser, quitte à aller contrel'opinion publique, voire contre la morale.

Il y a donc bien une connaissance plus élaborée chez eux.

Certainshommes ne savent-ils pas mieux ce qu'ils font que d'autres? III.

La complexité de l'histoire 1.

La causalité historique Il est impossible de posséder un savoir de ce que l'on fait historiquement, du fait même de la nature de l'histoire.

Il ya en effet histoire là où la succession des événements ne peut se déduire a priori, une fois connue, par exemple, la loi de leur causalité.

Il y a certes une logique, une explication rationnelle pour comprendre comment on est passéd'un moment à l'autre, et comment l'un a influencé l'autre, mais ce n'est jamais réductible à un pur système de lois,sinon on aurait affaire à de la science pure et à la nature.

Sinon on pourrait établir une prévision, à partir d'unmodèle répété.

Or ce n'est justement pas le cas.

Chaque événement est singulier et a des causes et desconséquences singulières.

Aucun événement ne peut être prédit avec certitude.

Cette distinction établie parCournot entre histoire et science permet de relativiser le savoir que l'on peut en avoir.

D'autant que, si chaque. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles