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Les rapports avec les autres sont-ils nécessairement de l'ordre du conflit ?

Publié le 16/02/2011

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• Se demander pour quelles raisons on peut se poser une telle question. • Remarquer que le libellé exact du sujet est : « Les rapports avec les autres sont-ils nécessairement de l'ordre du conflit ? « (est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être dans un ordre de réalité donné). • Peut-être y a-t-il lieu de spécifier « les rapports « et surtout se demander ce qu'on peut penser sur le terme « conflit «.

« exprime la sympathie ou l'amour.

Je ne suis pas qu'une cible dans l'oeil d'autrui. • Le visage de l'autre n'a-t-il pas pour Lévinas un sens hybride : à la fois incitation au conflit, à la violence, car leplus dénué, le plus exposé en l'homme, mais aussi ordre de paix, mise en respect du meurtrier possible ? « Tu netueras point est la première parole du visage » dit Lévinas. Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).

En effet, le désir d'infini n'est pas undésir au sens habituel et négatif de manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familiervers l'étranger.

Car « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la totalité), autrui n'est donc pas la négation demoi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il est positivement « l'absolument autre ».

Autruime révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du Même et de l'Autre » (L'Être comme bonté).L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de face à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolumentautre » que seul le visage d'autrui permet d'entrevoir.

L'éthique est bien originellement une « optique » mais sansimage, car la vision est encore une totalisation.

Or le visage empêche le regard de se fixer, il nous tourne vers unau-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.

Le visage d'autrui se donneà voir comme « révélation » de l'Autre dans sa nudité et sa fragilité.

Il m'appelle alors à la responsabilité infiniedevant lui. « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

Lameilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observela couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominéepar la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est cellequi reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dansle visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant desposes, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même tempsle visage est ce qui nous interdit de tuer.

» Lévinas , « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface àobserver et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablementautrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité dudonné.

En posant autrui comme objet, je reste seul. La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté.L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique detuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.

Autrui nous est livré dans unedimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer. • Par ailleurs, le conflit n'est pas toujours négatif il peut aboutir à une reconnaissance réciproque (cf.

Hegel dans ladialectique du maître et de l'esclave) ou au progrès (ainsi Kant considère que l'opposition à autrui stimule et accroîtles ressources humaines).

Pour Hegel, le fait premier n'est pas la solitude du « Cogito » cartésien, mais le conflit desconsciences.

De même que dans la logique dialectique la thèse implique immédiatement l'antithèse, de même laconscience de soi ne se pose qu'en supposant aux autres consciences.

Si j'étais tout seul, dire «je» n'aurait aucunsens.

Dire «je» c'est reconnaître la singularité des autres, reconnaître qu'il y a d'autres «je» que le mien mais enmême temps me distinguer d'eux et entrer en conflit avec eux.

En effet, quand je dis «je», je désire être reconnupar les autres comme une personne autonome, comme une conscience.

Lorsque le guerrier vainqueur laisse la viesauve à son adversaire, il en fait un esclave (« servus », celui qui a été conservé) qui le reconnaîtra pour maître(ainsi la conscience du vainqueur ne sera ce qu'elle est que parce qu'elle reconnaîtra son écho dans une autreconscience).

Mais on voit ici que la communication échoue dans et par son effort même pour se réaliser puisque lemoi ne reconnaît l'autre que pour l'asservir, pour le réduire au rôle de témoin et de miroir, ce qui aboutit à nier saqualité de personne et de conscience.Cela apparaît très nettement dans l'analyse du regard proposée par Sartre dans une perspective très hégélienne.Pour Sartre, la communication par le regard est immédiatement une communication de consciences.

En effet, leregard d'autrui a d'emblée pour moi un sens humain.

Dès qu'autrui me regarde, je cesse de voir ses yeux comme deschoses, comme de simples objets qu'on pourrait décrire.

«Si j'appréhende le regard, je cesse de percevoir les yeux...Ce n'est jamais quand des yeux vous regardent qu'on peut les trouver beaux ou laids, qu'on peut remarquer leurcouleur1.» Seulement la communication par le regard serait d'emblée conflictuelle.

«Être vu» c'est se sentir menacépar autrui, vulnérable.

Surpris par le regard d'autrui, je me sens gêné, «j'ai honte de ma liberté en tant qu'ellem'échappe pour devenir objet donné ».

A mon tour, « les gens que je vois...

je les fige en objets, je suis par rapportà eux comme autrui par rapport à moi.

En les regardant, je mesure ma puissance ».Ainsi l'expérience du conflit ne révèle autrui comme conscience que pour déterminer instantanément la destruction. »

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