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Les rapports de production déterminent-ils les rapports sociaux ?

Publié le 09/03/2004

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 »   [Ce n'est pas l'organisation de la production économique qui détermine la structure d'une société, mais les liens sociaux fondés sur la volonté de vivre ensemble, sur des croyances et des valeurs communes.] La société est antérieure à l'économie La véritable société est fondée sur la famille, sur l'amitié, et sur les extensions de la famille», dit Alain. La société est donc une forme naturelle d'association entre les hommes, antérieure à l'économie. Ce n'est pas l'organisation économique qui détermine les rapports sociaux, mais la politique, c'est-à-dire les amitiés, les alliances que les hommes passent entre eux pour leur profit et leur bien-être mutuel. La société repose sur des croyances communes Pour Durkheim, la société est une réalité en soi qui dépasse les déterminations matérielles. Elle est fondée plutôt sur «des manières d'agir, de penser et de sentir extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un pouvoir de coercition en vertu duquel elles s'imposent à lui.» Ce sont les croyances et les valeurs collectives qui déterminent l'ordre de la société. Ainsi, par exemple, la religion est une pratique communautaire, institutionnalisée. Ainsi Durkheim dans sa définition de la religion indique bien qu'elle unit "en une même communauté morale, appelé Eglise, tous ceux qui y adhèrent." Il affirme aussi qu' "une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites.

« concrètes d'existence.

L'idéologie, ou ensemble des idées propres à un individu ou à un groupe, estdéterminée selon Marx et Engels, par leur place et leur rôle dans les rapports économiques.

Ce ne sont passeulement les idées qui engendrent les idées, mais également les forces matérielles dont elles sont latraduction intellectuelle.

En d'autres termes, tout être humain reçoit un certain nombre d'influences quidéterminent en partie son champ de conscience.

Le degré de développement d'une société, ses structuressociales, économiques, influencent le contenu de la conscience de chacun.

Marx conteste l'idée selon laquellec'est l'esprit qui s'impose à la matière.

En fait, il y a une dialectique complexe qui relie l'esprit et la matière etproduit l'histoire. L'ordre social est transitoireDe même que la culture de la terre et le servage déterminaient matériellement l'organisation de la sociétéféodale, de même le travail salarié et la concentration du capital aux mains de la classe dominantedéterminent la structure de la société capitaliste.

Lorsque ces conditions, qui sont transitoires, changeront, lasociété capitaliste cédera la place à un autre type de société. Les travailleurs peuvent transformer la sociétéLes rapports sociaux entre deux classes, bourgeois et prolétaires, ne sont que le reflet des rapports deproduction entre les travailleurs salariés et les propriétaires du capital.

Or ce sont les forces productives, lestravailleurs, qui sont les agents principaux du changement historique.

En agissant sur les modes deproduction, par exemple en s'emparant du capital, les travailleurs peuvent donc transformer la société. Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir.

Eneffet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours lasociété entière de l'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'œuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, que l'histoire nousmontre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre unealternance de périodes de révolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et deprogrès rapide ou de déclin, ce sont là des faits universellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est lathéorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- quese livrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maîtred'un corps de métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont menéune guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par unetransformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans ledevenir de l'humanité, ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.Ce qui signifie que ce sont les rapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et lesclasses qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle est l'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler quel'histoire n'est pas un pur chaos d'événements inintelligibles ou encore l'épopée de l'Esprit en marche vers saréalisation : tout à l'inverse, elle est le produit de l'affrontement de classes sociales qui sont elles-mêmes le produit du développement économique de l'humanité. Dans un passage du premier chapitre de son « Anti-Duhring », Engels lie de manière très claire les propositions Marx istes sur la lutte des classes à l'interprétation matérialiste de l'histoire.

Evoquant la naissance des mouvements ouvriers en France et en Angleterre dans les années 1830, il écrit : « Les faits nouveaux obligèrent à soumettre toute l'histoire du passé à un nouvel examen et il apparût que toute l'histoire. »

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