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Les règles de l'art d'E. KANT

Publié le 05/01/2020

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kant

Kant examine ici les conditions dans lesquelles l'art parvient à susciter le sentiment esthétique. Bien que les merveilles de la nature diffèrent des œuvres d'art, l’art doit d'une certaine manière prendre modèle sur la nature.

 

Devant une production des beaux-arts, on doit avoir conscience que c’est de l’art et non de la nature, mais il faut aussi que la finalité dans la forme de l’œuvre paraisse aussi libre de toute contrainte de règles arbitraires que si c’était un produit pur et simple de la nature. C’est sur ce sentiment de liberté - liberté jointe à la finalité -que repose la sorte de plaisir qui est seule universellement communicable, sans cependant se fonder sur des concepts. La nature était belle quand elle avait l’aspect d’une œuvre d’art; l’art à son tour ne peut être appelé beau que si, tout en nous laissant conscients qu’il est de l’art, il nous offre pourtant l’aspect de la nature.

 

En effet, qu’il s’agisse d’art ou de nature, nous pouvons dire en général : est beau ce qui plaît dans le simple jugement (non dans la sensation ni par un concept). Or, l’art a toujours un certain dessein : produire quelque chose. Si c’était une simple sensation (purement subjective) qui soit accompagnée de plaisir, cette production ne plairait dans le jugement que par l’intermédiaire de la sensibilité. Si le dessein était de produire un objet déterminé, l’objet produit par l’art ne plairait qu’au moyen de concepts : ce ne serait plus l’un des beaux-arts, mais un art mécanique.

 

Ainsi la finalité dans les productions des beaux-arts, quoique produite à dessein, ne doit pas le paraître ; autrement dit, l’art doit avoir l’apparence de la nature, bien que l’on ait conscience qu’il est de l’art. Or, une production de l’art paraît naturelle à la condition que les règles, qui seules lui permettent d’être ce qu’elle doit être, aient été observées exactement, mais que cet accord ne soit pas acquis péniblement, qu’il ne laisse pas soupçonner que l’artiste avait la règle sous les yeux et les facultés de son âme entravées par elle.

 

Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger (1790), § 45, trad. A. Philonenko, Vrin, 1974, p. 137-138.

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« avoir l'apparence de la nature, bien que l'on ait conscience qu'il est de l'art.

Or, une production de l'art paraît naturelle à la condi­ tion que les règles, qui seules lui permettent d'être ce qu'elle doit être, aient été observées exactement, mais que cet accord ne soit pas acquis péniblement, qu'il ne laisse pas soupçonner que l'artiste avait la règle sous les yeux et les facultés de son âme entravées par elle.

Emmanuel KANT, Critique de /afaculté de juger (1790), § 45, trad.

A.

Philonenko, Vrin, 1974, p.

137-138.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Les beaux-arts atteignent leur but, provoquent le plaisir esthétique, quand ils parviennent à faire oublier les contraintes et les procédés dont l'œuvre procède et le travail concret de l'artiste, même si ces contraintes sont indispensables.

L'œuvre d'art doit paraître naturelle, la beauté suppose un oubli de l'artifice.

C'est en ce sens que l'art doit prendre modèle sur la nature; « la sorte de plaisir qui est seule universellement communi­ cable, sans cependant se fonder sur des concepts » est atteinte, nous l'avons vu (texte 2).

dans la contemplation libé­ rée de l'intérêt et des contraintes logiques, quand l'objet n'est pas appréhendé du point de vue des sens ni de la connaissance.

Cependant, nos facultés de connaître sont sollicitées dans le plaisir esthétique : l'imagination, grâce à laquelle nous nous représentons les choses, et l'entende­ ment, qui les pense à l'aide de concepts, s'exercent sans aboutir à définir objectivement la raison du plaisir éprouvé.

Dans l'objet technique, au contraire, l'objet produit par les « arts mécaniques », la satisfaction sera conditionnée par des concepts, des notions d'usage, d'utilité, la correspon­ dance à une fin déterminée.

Toute œuvre d'art ne vise pas le beau.

Or, la nature peut plaire esthétiquement quand elle se donne à contempler, quand elle donne l'impression qu'une liberté s'y est exprimée (voir texte 6).

L'œuvre d'art doit res­ sembler à la nature en donnant également cette impression. »

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