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Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Publié le 27/01/2012

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Les sens sont une fonction essentielle et universelle dans notre rapport au monde, et ce depuis notre naissance : ils nous permettent de ne jamais rien ignorer de ce qui nous entoure. Cependant, comme le suggère cette question adoptant la négation, et de manière plutôt radicale (« ne sont-ils pas «), dans le sens où elle tranche en faveur d'une auto-suffisance des sens dans leur capacité à nous fournir toutes nos connaissances, il est nécessaire de se demander dans quelle mesure ceux-ci peuvent-ils approvisionner notre ensemble de connaissances, et quelle serait alors la nature de celles-ci. Comment les sens nous permettraient-ils alors d'acquérir l'ensemble de nos connaissances ? Il faudra ensuite se poser la question si aucun savoir ne pourrait échapper à leur champ d'acquisition, et se demander alors, si rien ne peut concilier l'acquis par les sens et ce qui pourrait leur échapper.

Si on considère les sens comme des outils passifs de réceptivité pure, grâce auxquels nous gardons toujours contact avec la réalité qui nous entoure, alors on peut adopter la théorie du courant empiriste selon laquelle rien n'est innée pour l'esprit, tout est construit et acquis au terme d'expériences sensibles, elles-mêmes permises grâce aux sens.

 

« métaphore de l'ardoise vierge qui décrit l'esprit humain avant que celui-ci ne prenne contact avec le monde quil'entoure et ses réalités, avant que celui-ci ne fonctionne comme une « boite noire » d'avion, enregistrant le mondequi l'entoure au moyen de ses sens.

Selon lui l'esprit ne contiendrait donc aucun caractère ni aucune idée: nelaissant donc comme sources pour celles-ci que l'expérience et l'envie.La matière composant ainsi notre esprit serait donc faite d'objets extérieurs, autrement dit, des idées provenant dessens ou d'idées provenant de la pensée ellemême, et notamment par l'action de la réflexion.

On réalise dès lors queces deux idées ne peuvent provenir que de l'expérience et sont ainsi préalablement acquises par notre sensibilitéréceptive et perceptive qui nous permet d'en prendreconnaissance: par les sens, une excitation ou un mouvement du corps nous fait percevoir des qualités sensibles, parla réflexion, l'âme perçoit sa propre activité lorsqu'elle est stimulée par l'activité du monde extérieur.Après avoir ainsi défini la source de nos idées, il est nécessaire de s'interroger sur le type de connaissancesprovenant de celles-ci, préalablement formées par nos sens.Dès lors, si par l'omniprésence de nos sens, grâce à une réceptivité et une passivité pure on accepte la fonction del'esprit en relation directe avec les réalités du monde et en admettant toutes connaissances, quel qu'en soit lanature, l'origine, la qualité ou bien la sûreté (le degré de vérité) de celle-ci, alors en respectant une objectivité laplus totale, on peut dire que la plupart des choses nous entourant et dont nos sens nous permettent de prendreconscience, peuvent justement être acquises au travers d'une expérience sensible.

Un discours, un signe oun'importe quelle autre forme langagière peut être le fruit d'une expérience sensible de nos sens, et ainsi être assimiléà l'ensemble de nos connaissances personnelles.

Par exemple, dans l'éducation, et notamment lors d'une conférenceanimée par un enseignant, on s'aperçoit que l'expérience sensible faite par l'ouïe pendant le discours de celui-civient directement enrichir nos connaissances, nous permettant ainsi de nous instruire.

Pourtant, nous devons nousinterroger sur les limites de nos sens.En effet, malgré le grand nombre de sens que possède l'être humain, nous ne sommes pas sans nous rappeler queles principaux défauts de ceux-ci est leur faillibilité et la portée limitée de leur champ d'action.

Tout d'abord, nousdevons nous remémorer notre relation avec ce monde, et d'en définir son cadre, de l'infiniment petit à l'infinimentgrand: c'est d'ailleurs aux frontières de celui-ci que l'expérience sensible perd presque toute son impact sur notreconnaissance.

Il y a, en effet des choses que les sens ne nous permettent pas d'atteindre, dont l'idée même nepeut être fournie par eux entièrement et donc conséquent, des réalités sensibles nous échappant en un lieu ou unmoment donné, selon l'échelle du monde à laquelle elles répondent: en exemple, on pourra citer ici la contaminationde virus ou bactéries, répondant à une échelle microscopique.

Ainsi, le scientifique cherchant la cause de cesmêmes maladies a dû avec le temps et les progrès de la technologie moderne, trouver une réponse aux limites deses sens, en s'équipant par exemple d'un microscope afin de mieux observer l'infiniment petit, qui jusqu'alors luiéchappait encore.

On peut caractériser cette réponse comme une forme d'évolution de nos sens extérieure à notrecorps, dans le but de répondre au besoin précis d'agrandir leur champ d'action et d'acquisition de connaissancessensibles.

D'autre part, il faut toutefois se rappeler que même dans leur champ d'action effectif, les sens présententtoujours le défaut de déformer la réalité, de la voiler et parfois ainsi nous induire en erreur : nous pouvons citer ainsià travers l'exemple de la vue, que le fait d'observer une chose selon un angle précis ne permet pas de l'observersous un autre angle, ni même entrevoir ce que celui ou celle-ci peut renfermer.

En effet, chaque objet qui nousapparaît, selon une forme et une délimitation qui lui est propre, et de par sa surface, rend invisible à notre vue cequi se trouve derrière ou à l'intérieur de celui-ci, excluant donc une partie de la réalité du monde de notre proprechamp de vision.

C'est une caractéristique essentielle des sens et de la perception: ils nous fournissent desinformations sur les choses qui nous en cachent d'autres, qui sont derrière elles et surtout en elles.

De cette façon,les sens semblent appeler eux-mêmes à une démarche d'approfondissement et de dépassement de leurs capacitésnaturelles dont seul le caractère méthodique est la garantie du savoir obtenu (mise au point d'instrumentsd'observation et de mesure dans le but de permettre aux sens la poursuite de leur réception, mais au-delà de leurscapacités naturelles).

Finalement, il est nécessaire de se demander si rien n'interagit avec nos sens dans l'équationde l'acquisition de notre connaissance.Bien que l'expérience sensible semble être rédhibitoire dans l'assimilation de la connaissance objective, nous devonsnous demander aussi si celle-ci est suffisante.

Mais avant toute chose, il nous faut savoir si une partie de nosconnaissances ne peut être acquise grâce aux sens.

Un exemple vient alors se dresser contre la thèse del'empirisme: celui des mathématiques.

En effet, les mathématiques, bien qu'universelles, ne peuvent être l'objetd'une expérience sensible: l'objet au centre de l'étude des mathématiques ne correspondant à aucun objet réeltangible.

Les mathématiques se distinguent des autres sciences par un rapport particulier au réel : elles sont denature purement intellectuelle, fondées sur des axiomes déclarés vrais (c'est-à-dire que les axiomes ne sont passoumis à l'expérience, même s'ils en sont souvent inspirés, notamment dans le cas des mathématiques classiques).Les mathematiques ne se donnent pas comme objet le reel sensible (a la difference des sciences de la naturecomme la physique ou la biologie) mais des objets definis et construits par l'esprit de manière purement rationnelle,en n'ayant d'autre principe que la coherence interne (« hypothetico-deductive ») du discours : le point, la droite, letriangle, que les mathematiques se donnent comme objets a etudier ne sont rien de « reel », on ne les trouve pasdans la realite.

Les mathematiques etudient les relations que l'on peut trouver entre ces éléments, en émettantl'hypothèse, en supposant qu'un lien puisse être établi entre eux.

Pour être plus concret, on peut alors citer à titred'exemple le théorème de Pythagore, théorème de géométrie euclidienne, définissant une relation entre les troiscôtés d'un triangle rectangle, et selon lequel « le carré de la longueur de l'hypoténuse est égal à la somme descarrés des longueurs des côtés de l'angle droit.

».

Ainsi, la simple énonciation de ce théorème venant à démontrer lecaractère abstrait des mathématiques, d'une part à cause de l'utilisation de termes ne désignant rien de tangible,nés dans l'esprit du mathématicien et ne permettant uniquement la mise en scène à volonté démonstrative d'unthéorème ne permettant pas d'accéder à quelque chose de réel, mais bien d'être réutilisé et transposé dans notrecôté et sur le monde qui nous entoure, car telles en sont les lois qui régissent ledit monde.

Les mathematiques sontdonc une science dont l'existence montre qu'il y a des connaissances scientifiques qui ne sont pas fournies ni. »

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