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l'Etat peut-il mettre fin à la violence ?

Publié le 16/11/2005

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Le lien entre l'Etat et la suppression de la violence semble donc être pertinent : il faut maintenant évaluer l'efficacité de cette suppression. * La violence de l'homme est-elle contrôlable ?   Freud « L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation. L'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer. Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ? Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bon droit l'existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nos rapports avec notre prochain. C'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine. »   Si l'on pose la question de la relation entre la nature humaine et la violence, il apparaît que celle-ci n'est pas aisément suppressible de l'homme, parce qu'elle constitue une tendance primaire incontrôlable dont l'Etat ne peut de toute façon pas supprimer les causes.

En apparence, la politique étant cette activité humaine chargée d'assurer la co-existence pacifique des hommes entre eux, il est évident qu'elle a pour finalité d'éliminer le mal que les hommes font à d'autres hommes, la violence étant préjudiciable aux intérêts mêmes d'une société humaine, en tous cas à l'intérieur de la cité. En l'absence des lois et de l'Etat, il semble assez évident que ce soit l'anarchie et le chaos qui se mettent à régner. Or on peut d'abord se demander si l'Etat n'est pas parfois source de violence, puisque pour faire respecter la loi, l'Etat use de violence dont il a le monopole. Qui plus est, il faut montrer que l'Etat en général n'est pas suffisant pour mettre fin à la violence et que, plus précisément, certaines formes de l'Etat peuvent elles-mêmes occasionner de la violence, alors même qu'elle n'est pas là pour faire respecter des loi justes et légitimes, ce qui doit être le cas dans un Etat dit de droit. En effet, lorsque l'Etat opprime les citoyens, qu'il défend l'intérêt d'une seule partie de ses membres, qu'il interdit l'exercice de la liberté, il produit plus ou moins directement de la violence. Mais bien sûr, ce n'est pas là sa finalité. On peut alors considérer que lorsque l'Etat est confronté à une grande violence, c'est qu'il en est implicitement responsable. D'où la nécessité, dans un régime démocratique, de définir le rôle de l'Etat et d'éviter, par l'institution de contre pouvoirs, les abus de pouvoir

« Freud « L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, donton dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doitporter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité.Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et unobjet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.

L'homme est, eneffet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain,d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sansson consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger dessouffrances, de le martyriser et de le tuer.

Homo homini lupus : qui aurait lecourage, en face de tous les enseignements de la vie et de l'histoire, des'inscrire en faux contre cet adage ? Cette tendance à l'agression, que nouspouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bon droitl'existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nosrapports avec notre prochain.

C'est elle qui impose à la civilisation tantd'efforts.

Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les unscontre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine.

» Si l'on pose la question de la relation entre la nature humaine et la violence, ilapparaît que celle-ci n'est pas aisément suppressible de l'homme, parcequ'elle constitue une tendance primaire incontrôlable dont l'Etat ne peut detoute façon pas supprimer les causes.

La violence n'est alors pas un objet que l'on peut supprimer, mais dont onpeut peut-être atténuer ou masquer les effets dans le cadre de l'Etat. * L'usage politique de la violence Max Weber « Mais qu'est-ce donc qu'un groupement politique du point de vue du sociologue ? Qu'est-ce qu'un État ? Lui nonplus ne se laisse pas définir sociologiquement par le contenu de ce qu'il fait.

Il n'existe en effet presque aucunetâche dont ne se soit pas occupé un jour un groupement politique quelconque ; d'un autre côté il n'existe pas nonplus de tâches dont on puisse dire qu'elles aient de tout temps, du moins exclusivement, appartenu en propre auxgroupements politiques que nous appelons aujourd'hui États ou qui ont été historiquement les précurseurs de l'Étatmoderne.

Celui-ci ne se laisse définir sociologiquement que par le moyen spécifique qui lui est propre, ainsi qu'à toutautre groupement politique, à savoir la violence physique.

Tout État est fondé sur la force disait un jour Trotski àBrest-Litovsk.

En effet, cela est vrai.

S'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence serait absente, leconcept d'État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu'on appelle, au sens propre du terme, l'« anarchieLa violence n'est évidemment pas l'unique moyen normal de l'État, cela ne fait aucun doute, mais elle est son moyenspécifique.

De nos jours la relation entre État et violence est tout particulièrement intime.

Depuis toujours lesgroupements politiques les plus divers - à commencer par la parentèle - ont tous tenu la violence physique pour lemoyen normal du pouvoir.

Par contre il faut concevoir l'État contemporain comme une communauté humaine qui,dans les limites d'un territoire déterminé - la notion de territoire étant une de ses caractéristiques -, revendiqueavec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime.

Ce qui est en effet le propre denotre époque, c'est qu'elle n'accorde à tous les autres groupements ou aux individus le droit de faire appel à laviolence que dans la mesure où l'État le tolère : celui-ci passe donc pour l'unique source du droit à la violence.

» L'État moderne est le garant de la vie politique.

Il se reconnaît comme le seul détenteur légitime de la force et à cetitre préserve la défense de l'intégrité du territoire où son autorité s'exerce.

En outre, aucune société n'est à l'abride désordres qui pourraient entraver son bon fonctionnement.

Il revient donc à l'État d'organiser sur un planjuridique les rapports humains afin d'assurer l'exercice du droit.

Sans cela, le risque que chacun puisse à sa guiseuser de la violence ne pourrait être sérieusement écarté. Conclusion Si l'une des vocations premières de l'Etat semble bien être de mettre fin à la violence, il semble cependant quel'existence de la violence réponde à des tendances difficilement contrôlables de l'homme, si bien qu'elle ne sont passuppressibles simplement par l'organisation politique, qui, même, peut en faire usage pour son propre compte.

Lanature même de la violence ne semble pas permettre à l'Etat d'y mettre fin.. »

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