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L'histoire a-t-elle un sens ?

Publié le 17/01/2022

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L’Histoire a-t-elle un sens ? Tout d’abord, la question à se poser est la suivante : qu’est-ce que l’Histoire ? L’historien Paul Veyne définit l’Histoire comme étant « un récit d’évènements vrais qui ont l’Homme pour acteur «. Mais qu’entend-il par « évènement « ? Il est impératif de distinguer les faits des évènements historiques. L’Histoire serait donc un ensemble de changements qui se sont succédés dans les sociétés humaines et dans tous les domaines (économique, technique, politique, religieux ou encore, artistique). Pouvons-nous parler d’un sens de l’Histoire ? Se demander si l’Histoire a un sens revient à s’interroger sur les significations du mot « sens «. D’une part, il signifie une direction, de sorte que nous devons nous demander si l’Histoire est orientée dans une direction précise, vers une éventuelle fin. D’autre part, il peut également désigner la « signification «. Il s’agirait alors de se demander si l’Histoire n’est qu’une suite absurde de hasards, ou bien si elle a une signification qui nous serait éventuellement possible d’apercevoir  ou de reconstruire grâce au travail de l’historien.

En premier lieu, il nous faudra nous demander si l’Historie a, oui ou non, une orientation et une fin. Puis par la suite, si elle a une signification.

 

 

En s’interrogeant sur le cours de l’histoire humaine, on constate qu’elle manifeste un progrès constant de l’humanité : dans le domaine technique par exemple, avec l’invention de la télévision, du téléphone, etc… ou encore, dans les sciences, avec la découverte de vaccins. On parle alors de découvertes historiques.

De plus, nos manières de vivre, nos connaissances, sont assurément plus avancées et développées que celles des premiers hommes. Selon Hegel, ce progrès de l’humanité ne fait que manifester le développement de l’Esprit et de la Raison. En effet, la Raison gouvernerait le monde et l’orienterait vers une fin dont la plus haute forme est l’esprit absolu. Il y a donc un ordre, une cohérence malgré l’apparente disparité des évènements.

De plus, à la différence des historiens, Hegel n’étudiera pas dans leur particularité l’histoire des rois, des batailles ou encore, des révolutions. Il cherchera plutôt à comprendre comment s’opère, dans ce qui peut sembler un « chaos « confus d’évènements, l’accomplissement logique de la Raison et de la liberté qui constituerait sa fin et son sens propre : « l’ Histoire universelle, écrit Hegel, s’est développée rationnellement «. L’histoire aurait donc un sens, une direction, puisqu’elle tend vers une fin qui est l’universel, la réalité (le savoir absolu chez Hegel et le communisme chez Marx). Cette fin est aussi un avènement et le début d’une autre histoire, dont les hommes seront les maîtres et les sujets conscients. Pour autant, cette fin universelle de l’Histoire n’est pas atteinte immédiatement et toute l’œuvre de l’Histoire sera justement de porter cette fin à la conscience.

 

 

L’histoire aurait donc un but, une direction. Ceci dit, la question « l’Histoire a-t-elle un sens ? « veut-elle dire aussi que l’Histoire a une signification ?

 

 

L’Histoire a-t-elle un « sens « ? a-t-elle une « signification « ? Si tel est le cas, alors il s’agirait de se demander si l’Histoire n’est qu’une suite absurde de hasards, ou bien si elle a une signification qu’il nous serait possible d’apercevoir grâce au travail des historiens. Une histoire, quelle qu’elle soit, n’est connaissable qu’à partir du moment où des documents écrits ont été consignés. Une enquête historique suppose donc de disposer de documents, d’archives ; elle dépend alors de l’écriture qui seule nous permet d’accéder à la pensée des peuples et des civilisations du passé. C’est ainsi qu’il a été permis à Hegel de distinguer quatre grandes époques, quatre grandes civilisations de l’Histoire universelle. Tout d’abord, le monde Egyptien où un seul être est libre, le fils du Dieu suprême : Pharaon. Dans le monde gréco-romain, la liberté est de ne pas être totalement assujetti aux nécessités naturelles : c’est ce que l’on nomme la noblesse d’esprit. Ensuite, dans le monde médiéval (ou chrétien), tous les hommes sont libres par essence car Dieu est le père de tous les hommes. Enfin, le monde germanique, où l’on conçoit que tous les hommes sont libres et que cette liberté peut-être vécue ici et maintenant. Ces quatre « mondes « ont chacun une conception de l’Homme et de la divinité différente. Chaque civilisation a donc son histoire ayant une signification, un sens qui lui est propre.

De plus, les évènements historiques ne permettent-ils pas de donner une signification  à l’Histoire ?

Qu’est-ce qu’un événement ? Il est important de distinguer les faits qu’étudie la science et qui peuvent donc se répéter, des évènements historiques, qui eux n’ont lieu qu’une seule et unique fois. Un évènement historique est donc tout simplement un fait « notable «, c’est à dire marqué par une date, par une période précise et méritant d’être relaté par les historiens (par exemple : « l’appel du 18 juin 1940 «). A partir d’un événement historique, peut-on dire que l’Histoire a une signification ? Par exemple, prenons la Deuxième guerre mondiale (1939-1945), événement historique marquant de l’Histoire et qui a donc un sens pour tout le monde. En effet, tout le monde ayant entendu parlé de cet événement ou l’ayant étudié, connaît le sens de cette histoire : on en connaît les causes, les conséquences (humaines, politiques, économiques…) ainsi que les impacts que cette guerre a eu sur le monde. Ainsi, si  l’on en croit cet événement, on serait donc tenté de dire que l’Histoire a un sens. Cependant, tout événement historique n’a pas forcément un sens pour tout le monde, du moins, un sens qui peut différer selon les individus. C’est le cas notamment des faits religieux qui peuvent contredire le fait que l’Histoire aurait un sens. Par exemple, la mort du Christ (le 3 avril 33) n’a vraiment de sens que pour les croyants. Pour les non-croyants, ils en auront certainement entendu parlé mais pour eux cet évènement n’a pas de sens puisqu’ils n’y croient pas.

 

 

Sans se laisser réduire à une détermination naturelle, l’Histoire n’erre donc pas au hasard. Les évènements qui la constituent lui impriment une direction. Elle n’est donc pas absurde parce que sa signification s’établit progressivement. Enfin, elle n’est pas dépourvue de but dans la mesure où elle peut se définir comme « l’effort que les hommes font pour accomplir leur liberté « (Hegel).

L’Histoire aurait donc une direction et une signification. Cependant, cette dernière notion reste vague car elle peut varier selon la nature des évènements historiques et selon les individus.

 

Les sciences exactes prétendent se borner à constater des faits et à formuler des lois. Elles refusent de se prononcer sur un hypothétique « sens « des choses. Dans un souci d'objectivité tout positiviste, certains historiens, observant que les faits historiques sont uniques et qu'en conséquence on ne saurait dégager de lois en histoire, ont voulu ramener la science historique à de pures annales, une simple réunion de faits d'où serait exclu, comme en science physique, tout sens. Mais, demandait Husserl, de quelle utilité l'histoire sera-t-elle pour l'homme si elle ne peut dépasser une objectivité de ce type, si elle « n'a rien de plus à nous apprendre que le fait que toutes les formes du monde de l'esprit, toutes les normes qui donnèrent à chaque époque aux hommes leur tenue, se forment comme des ondes fugitives et comme elles à nouveau se défont, qu'il en a toujours été ainsi et qu'il en sera toujours ainsi, que toujours à nouveau la raison se changera en déraison et toujours les bienfaits en fléaux ? « (La Crise des sciences européennes, 1,2). Nous faut-il nous résigner à voir dans l'histoire un chaos absurde d'événements, ou pouvons-nous lui attribuer un sens ?
 

introduction
 
Première partie : La conception fataliste de l'histoire
 

Deuxième partie : La conception théologique de l'histoire
 

Troisième partie : La conception métaphysique de l'histoire
 

Quatrième partie : La conception matérialiste de l'histoire
 

 conclusion

« I- La raison à l'œuvre dans l'histoire : l'histoire tend vers une finalité qui lui donne son sens (signification) · Lorsque le philosophe s'indigne devant le cours de l'histoire, son attitude implique souvent l'espoir d'y déceler un ordre secret.Ainsi, Kant , dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, établit le constat suivant : l'histoire humaine estapparemment dénué de sens.

Mais il exprime pourtant un espoirque son opuscule tâchera de conforter et de justifier.

L'histoire aun sens, selon lui, elle est en progrès ; mais ce fil conducteur dupassé n'est pas évident et c'est à l'historien philosophe del'exhiber.

Malgré son aspect sanglant, l'histoire serait en faitglobalement orientée vers une amélioration continuelle del'humanité.

Ainsi, se trouverait expliqué l'absurde : les guerres nesont qu'une partie de la marche vers un mieux général.

Grâce àl'idée de progrès notre premier sentiment d'absurdité se trouvedissipé.

On comprend en ce sens à quel point l'unité l'histoire, dupoint de vue de l'idée, va de pair avec la notion de sens. · Pour tenter de découvrir un autre ordre dans l'histoire, on peut alors chercher en elle un principe de développement qui ne soitparticulier à aucune époque et qui ne tienne pas les atrocités pour autant comme négligeables.

Or, la philosophie hégélienne se propose, dans cetteperspective, de dépasser cette conception du progrès : l'histoire n'atteindrait pas son buten dépit des folies humaines mais, au contraire, par leur intermédiaire.

Alors que laconscience des hommes est bornée et incapable de saisir dans leurs propres actes unequelconque fin rationnelle, en fait, la raison utiliserait chacune des actions humaines mêmeles plus absurdes, pour réaliser dans toute son étendue l'ordre rationnel du monde.

(Cequ'Hegel nomme « La ruse de la raison » dans La Raison dans l'histoire).

Grâce à l'omniprésence de la raison dans l'histoire, cette dernière retrouverait un sens et unedirection.

Il semble donc bien y avoir un sens à l'histoire en tant que son orientation quitend au progrès et à l'accomplissement de la Raison, lui donne du sens et signification (par-delà l'atrocité absurde de certains événements monstrueux). En croyant poursuivre leurs passions et leurs intérêts, les hommes réalisent des fins quin'entraient pas dans leurs intentions.

« Rien de grand ne s'est fait sans passions », carc'est en se servant des passions, moteur de l'activité humaine, que la raison se réalisedans l'histoire.

Les hommes d'action tels Alexandre, César, Napoléon, en servant leursambitions, ont ainsi réalisé un nouvel état du monde, une nouvelle figure de l'universel. Il faut comprendre cette célèbre formule hégélienne comme une équivalence du rationnel etdu réel : le réel est rationnel, au sens où il est soumis à des lois et n'est pas livré auhasard, et est ce qui agit vraiment dans l'histoire.

Mais, inversement, le rationnel désignenécessairement la réalité d'un processus à l'oeuvre dans l'histoire. II- A la recherche de ce sens caché : l'historien ou le découvreur du sens de l'histoire · L'histoire, au sens étymologique, est une « enquête ».

Comme les événements qu'il analyse ont disparu, l'historien se fait détective : il reconstitue les faits à partirde leurs traces et tente de comprendre comment et pourquoi ils se sont déroulés (ilcherche donc son sens). · Sympathiser pour comprendre L'enquêteur peut choisir de « se mettre à la place » des personnages du drame.

Pour comprendre un événement, l'historien doits'y fondre et adopter le point de vue e ses acteurs.

Retrouver leurs mobiles etdécouvrir le sens de leurs actes exige d'entrer en sympathie avec eux.

Oncomprend, dans cette perspective, que le travail d'historien consiste à découvrir lesens de l'histoire, sens qui apparaît alors comme une propriété intrinsèque del'histoire mais qu'il faut encore mettre à jour. · Et si l'historien sympathise avec toute une période, il adoptera le regard que cette période porte sur elle-même.

En restant extérieur à une époque, on « plaque »souvent un sens sur les événements, on s'expose à l'anachronisme : on considèrerapar exemple les jacqueries médiévales comme une préfiguration de la lutte desclasses.

Le sens n'est pas ici découvert, mais imposé : inversement, sympathiser,. »

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