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L'histoire a-t-elle un sens ?

Publié le 12/03/2004

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histoire
Pour comprendre un événement, l'historien doit s'y fondre et adopter le point de vue e ses acteurs. Retrouver leurs mobiles et découvrir le sens de leurs actes exige d'entrer en sympathie avec eux. On comprend, dans cette perspective, que le travail d'historien consiste à découvrir le sens de l'histoire, sens qui apparaît alors comme une propriété intrinsèque de l'histoire mais qu'il faut encore mettre à jour. ·         Et si l'historien sympathise avec toute une période, il adoptera le regard que cette période porte sur elle-même. En restant extérieur à une époque, on « plaque » souvent un sens sur les événements, on s'expose à l'anachronisme : on considèrera par exemple les jacqueries médiévales comme une préfiguration de la lutte des classes. Le sens n'est pas ici découvert, mais imposé : inversement, sympathiser, c'est mettre en lumière un sens immanent au passé. ·         Prendre ses distances  pourtant, une époque s'illusionne souvent sur elle-même. L'historien contemporain de l'événement qu'il étudie est parfois trop myope : des péripéties le frappent, alors que les causes essentielles lui échappent. Vu de trop près, le spectacle de l'histoire est un amas bariolé d'incidents fortuits, comme le note Tocqueville dans Souvenirs. ·         Il faut donc se placer à distance, réunir patiemment les faits pour ensuite découvrir leur enchaînement et donc le sens intrinsèque de l'histoire.
histoire

« I- La raison à l'œuvre dans l'histoire : l'histoire tend vers une finalité qui lui donne son sens (signification) · Lorsque le philosophe s'indigne devant le cours de l'histoire, son attitude implique souvent l'espoir d'y déceler un ordre secret.

Ainsi, Kant , dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, établit le constat suivant : l'histoire humaine est apparemment dénuéde sens.

Mais il exprime pourtant un espoir que son opuscule tâchera de conforter et dejustifier.

L'histoire a un sens, selon lui, elle est en progrès ; mais ce fil conducteur du passén'est pas évident et c'est à l'historien philosophe de l'exhiber.

Malgré son aspect sanglant,l'histoire serait en fait globalement orientée vers une amélioration continuelle de l'humanité.Ainsi, se trouverait expliqué l'absurde : les guerres ne sont qu'une partie de la marche vers unmieux général.

Grâce à l'idée de progrès notre premier sentiment d'absurdité se trouvedissipé.

On comprend en ce sens à quel point l'unité l'histoire, du point de vue de l'idée, va depair avec la notion de sens.· Pour tenter de découvrir un autre ordre dans l'histoire, on peut alors chercher en elle un principe de développement qui ne soit particulier à aucune époque et qui ne tienne pas lesatrocités pour autant comme négligeables.

Or, la philosophie hégélienne se propose, danscette perspective, de dépasser cette conception du progrès : l'histoire n'atteindrait pas son buten dépit des folies humaines mais, au contraire, par leur intermédiaire.

Alors que la consciencedes hommes est bornée et incapable de saisir dans leurs propres actes une quelconque finrationnelle, en fait, la raison utiliserait chacune des actions humaines même les plusabsurdes, pour réaliser dans toute son étendue l'ordre rationnel du monde.

(Ce qu' Hegel nomme « La ruse de la raison » dans La Raison dans l'histoire).

Grâce à l'omniprésence de laraison dans l'histoire, cette dernière retrouverait un sens et une direction.

Il semble donc bien y avoir un sens à l'histoire en tant que son orientation qui tend au progrès et à l'accomplissement de la Raison, luidonne du sens et signification (par-delà l'atrocité absurde de certains événements monstrueux). II- A la recherche de ce sens caché : l'historien ou le découvreur du sens de l'histoire · L'histoire, au sens étymologique, est une « enquête ».

Comme les événements qu'il analyse ont disparu, l'historien se fait détective : il reconstitue les faits à partir de leurs traces et tente de comprendre comment etpourquoi ils se sont déroulés (il cherche donc son sens).· Sympathiser pour comprendre L'enquêteur peut choisir de « se mettre à la place » des personnages du drame.

Pour comprendre un événement, l'historien doit s'y fondre et adopter le point de vue e ses acteurs.Retrouver leurs mobiles et découvrir le sens de leurs actes exige d'entrer en sympathie avec eux.

Oncomprend, dans cette perspective, que le travail d'historien consiste à découvrir le sens de l'histoire, sens quiapparaît alors comme une propriété intrinsèque de l'histoire mais qu'il faut encore mettre à jour.· Et si l'historien sympathise avec toute une période, il adoptera le regard que cette période porte sur elle- même.

En restant extérieur à une époque, on « plaque » souvent un sens sur les événements, on s'expose àl'anachronisme : on considèrera par exemple les jacqueries médiévales comme une préfiguration de la luttedes classes.

Le sens n'est pas ici découvert, mais imposé : inversement, sympathiser, c'est mettre en lumièreun sens immanent au passé.· Prendre ses distances pourtant, une époque s'illusionne souvent sur elle-même.

L'historien contemporain de l'événement qu'il étudie est parfois trop myope : des péripéties le frappent, alors que les causesessentielles lui échappent.

Vu de trop près, le spectacle de l'histoire est un amas bariolé d'incidents fortuits,comme le note Tocqueville dans Souvenirs. · Il faut donc se placer à distance, réunir patiemment les faits pour ensuite découvrir leur enchaînement et donc le sens intrinsèque de l'histoire.

L'historien détermine les raisons d'un événement, il isole, au sein de lasuccession, des relations de consécution.

Le sens de l'histoire émerge d'une longue enquête qui met enévidence le réseau des causes et des conséquences. III- Les secrets de fabrication : un sens de l'histoire qui se fabrique bien plus qu'il ne se découvre · Mais notre objectivité est bien souvent de connivence avec l'une des parties en cause.

Ne sera-t-il pas alors tenté d'élaborer, dans le secret de son cabinet, une « version officielle » des faits ? De sorte que le sensappartienne moins en propre à l'histoire en tant que telle qu'à l'historien qui la compose et la conditionne.· L'histoire des vainqueurs Qui décide du sens de l'histoire ? Ce ne peut être le vaincu ou l'opprimé : il est bâillonner par la force.

En revanche, le vainqueur est parfois si puissant qu'il donne au passé le sens qu'il luiplaît.

César écrit les Commentaires sur la guerre civile pour justifier son action passée et assurer son pouvoirfutur : son texte deviendra histoire officielle.· En termes marxistes, l'on dirait que l'histoire est une production idéologique, dont le but n'est pas tant la vérité que la légitimation des pouvoirs en place.

L'historien n'est donc que le secrétaire particulier duconquérant et du puissant, il fabrique le sens de l'histoire sur la commande de son maître.

On s'aperçoit dèslors que la notion de sens de l'histoire n'est pas une propriété intrinsèque à l'histoire elle-même mais estfabriqué de toute pièce.· Un enquêteur désabusé en histoire, il n'y aurait donc pas de sens à découvrir, mais seulement des interprétations dictées par l'intérêt.

Récusons en conséquence la naïveté de l'érudit qui promet de respecter lesens de l'histoire : ce dernier est construit par l'historien, qu'il le veuille ou non.· L'enquêteur peut tout au plus refuser de s'illusionner : il sait que son activité produit au moins en partie ce qu'elle prétend découvrir.

Mais il dispose de ce seul moyen pour donner à comprendre le passé.

Il fautdonc se contenter d'une « bonne subjectivité » selon l'expression de Ricoeur (Histoire et Vérité), et rester lucide sur notre capacité à découvrir un sens au passé. Conclusion L'histoire semble posséder un sens qui ne se révèle qu'à l'historien philosophe capable de réfléchir non pas sur l'histoire elle-même maissur son concept.

De ce point de vue l'histoire apparaît comme le déploiement de la raison, qui agit de manière cachée, secrète.L'orientation de l'histoire vers un progrès de l'humanité est en même temps ce qui lui donne son sens, entendu cette fois commesignification.

Le sens est donc une propriété intrinsèque de l'histoire, et que l'historien se doit, par des méthodes qui lui sont propres, de découvrir etde faire apparaître.

Pourtant, on est en droit de se demander à quel point cette découverte du sens de l'histoire n'est pas avant tout une fabrication.

Lanotion de sens de l'histoire est donc aussi pratique (puisqu'elle permet de rendre raison d'événements terribles) que dangereuse(puisqu'on peut dès lors choisir de tout justifier au nom d'un progrès général de l'humanité).. »

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