L'Histoire a-t-elle un sens ?
Publié le 20/01/2005
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Problématique Peut-on donner à l'histoire un sens de telle sorte que non seulement une signification véritable puisse être donnée aux événements passés, mais encore qu'une orientation puisse être révélée, qui plus est une orientationvers un mieux, un progrès de l'humanité ? L'histoire possède-t-elle à titre de propriété intrinsèque un sens, c'est-à-dire encore à la fois une signification et une direction ? Il s'agira donc, a fortiori, de définir quel est le rôle del'historien : découvre-t-il, ou au contraire, fabrique-t-il le sens de l'histoire ? S'emparer du sens tapi au fond dupassé, voilà ce que veut l'historien.
Mais qui peut nous assurer que, lassé de poursuivre une proie invisible, il nefabrique pas en secret un simulacre de sens ?On comprend en ce sens que la question engage d'une part la nature même de l'histoire, mais aussi, et plusprofondément peut-être, le statut de l'historien lui-même.
Plan I- La raison à l'œuvre dans l'histoire : l'histoire tend vers une finalité qui lui donne son sens (signification) · Lorsque le philosophe s'indigne devant le cours de l'histoire, son attitude implique souvent l'espoir d'y déceler un ordre secret.Ainsi, Kant , dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, établit le constat suivant : l'histoire humaine estapparemment dénué de sens.
Mais il exprime pourtant un espoirque son opuscule tâchera de conforter et de justifier.
L'histoire aun sens, selon lui, elle est en progrès ; mais ce fil conducteur dupassé n'est pas évident et c'est à l'historien philosophe del'exhiber.
Malgré son aspect sanglant, l'histoire serait en faitglobalement orientée vers une amélioration continuelle del'humanité.
Ainsi, se trouverait expliqué l'absurde : les guerres nesont qu'une partie de la marche vers un mieux général.
Grâce àl'idée de progrès notre premier sentiment d'absurdité se trouvedissipé.
On comprend en ce sens à quel point l'unité l'histoire, dupoint de vue de l'idée, va de pair avec la notion de sens.
Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe allemand, est célèbredans l'histoire de la philosophie pour avoir tenté une synthèseentre l'idéalisme et le réalisme.
Certes, la connaissance, pourl'homme, est possible, mais elle est limitée.
Tel est le sens général de la Critique de la raison pure, dont il publie la première édition en 1781, première des trois Critiques qui assurerontsa gloire, et qui lui feront traiter la question de la morale (Critique de la raison pratique, 1788) et la question dubeau (Critique de la faculté de juger, 1791).
A côté de ces oeuvres monumentales, Kant rédige plusieurs opuscules.
Ainsi, en 1784, une Idée d'une histoireuniverselle au point de vue cosmopolitique qui répond à une demande exprimée dans un journal littéraire :
« Une idée chère au professeur Kant, c'est que le but final de l'espèce humaine est la réalisation de la constitutionpolitique la plus parfaite et il souhaite qu'un historien philosophe veuille bien entreprendre une histoire de l'humanitéconçue sous ce point de vue, quimontre jusqu'à quel point l'humanité, aux différentes époques, s'est éloignée ou rapprochée de ce but, et ce qu'il ya à faire pour l'atteindre.
»C'est pour poser clairement le problème (« trouver le fil conducteur d'une histoire conforme à un plan déterminé dela nature ») que Kant rédige l'article qui deviendra L'Idée d'une histoire universelle, composé de neuf propositionscommentées.
Il s'agit ici de la dernière proposition :« Une tentative philosophique pour traiter l'histoire universelle en fonction du plan de la nature, qui vise à uneunification politique totale dans l'espèce humaine, doit être envisagée comme possible et même comme avantageusepour ce dessein de la nature.
»Une tentative philosophique pour traiter de l'histoire se différencie de la démarche empirique propre à l'historien.Cette dernière ne vise qu'à rapporter et à consigner la diversité des actions humaines, telles qu'elles se sontproduites par le passé.
La démarche philosophique, au contraire, cherche, au-delà de l'agrégat des actionshumaines, à se représenter un système qui seul pourrait rendre compte d'une manière ordonnée de l'infinie variétédes actions.
Car c'est le propre de la philosophie d'être un système (« La philosophie est le système de laconnaissance rationnelle par concepts »).
Et, selon l'expression même de Kant dans la Critique de la raison pure, laraison s'assigne comme but « la systématicité de la connaissance, c'est-à-dire sa cohésion à partir d'un principe ».« Cette idée postule donc une unité intégrale de la connaissance intellectuelle, qui fasse de celle-ci, non passimplement un agrégat accidentel, mais un système lié suivant des lois nécessaires.
»Alors que l'historien rassemble les traces des actions humaines, le philosophe s'interroge, lui, sur le sens possible deces mêmes actions.
Mais quand on regarde « sur la grande scène du monde » la présentation des faits et gestesdes hommes, « on ne voit en fin de compte dans l'ensemble qu'un tissu de folie, de vanité puérile, souvent aussi deméchanceté puérile et de soif de destruction ».
Il n'est donc pas suffisant, pour tenter de comprendre ce cours.
»
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