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L'histoire est-elle orientée vers une fin précise ?

Publié le 17/08/2009

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histoire

 

Une fin est l’objet vers lequel tend un être ou une activité, ce qui constitue son but ultime. La fin, entendue comme objectif, réalisation plénière d’une chose, détermine le choix des procédés retenus pour être atteinte.

Si nous disons que l’histoire est orientée vers une fin précise, cela veut dire que l’évolution temporelle est finalisée, qu’elle tend à un but définissable qu’il s’agira pour nous d’identifier. Une telle thèse implique de nombreux présupposés : que l’histoire soit « agie « par une entité concrète ou non qui en dirige le cours vers cette finalité (car la finalité implique l’intentionnalité) ; mais aussi une sorte de « théodicée « de l’histoire, le chaos et les aléas que nous pouvons y observer n’étant jamais, en définitive, que les points de passage nécessaires pour réaliser cette fin.

A première vue, une telle thèse ne peut que nous paraitre intenable : en effet, l’histoire ne semble orientée vers aucune fin, précise ou non, mais au contraire, nous paraît le théâtre d’un chaos absolu. Néanmoins, n’y-a-t-il pas lieu de découvrir dans l’histoire le cheminement progressif, lent et inexorable, vers une fin qui a pour nom liberté ? Et si nous refusons l’existence d’un principe abstrait guidant l’évolution historique vers une fin déterminée, ne pouvons-nous pas accepter l’idée que l’histoire est orientée vers une fin précise, non parce qu’elle est finalisée, mais parce que son évolution passée limite les formes possibles de ses incarnations futures ? A ce titre on peut parler d’une certaine inertie de l’histoire, cette dernière étant déterminée à réaliser une fin précise non parce qu’elle est agie dans la coulisse par un principe abstrait, mais parce qu’elle se construit sur des fondements qui ne lui permettent pas toutes les incarnations imaginables.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’histoire est finalisée par un principe abstrait ou par la seule force d’inertie de ses évolutions passées. 

 

histoire

« "L'histoire du développement de la société se révèle, sur un point, essentiellement différente de celle de la nature.Dans la nature, ce sont uniquement des facteurs inconscients et aveugles qui agissent les uns sur les autres etc'est dans leur jeu changeant que se manifeste la loi générale.

De tout ce qui se produit, rien ne se produit en tantque but conscient, voulu.

Par contre, dans l'histoire de la société, ceux qui agissent sont exclusivement deshommes doués de conscience, agissant avec réflexion ou avec passion et poursuivant des buts déterminés ; rienne se produit sans dessein conscient, sans fin voulue.

Mais cette différence, quelle que soit son importance pourl'investigation historique, surtout d'époques et d'événements pris isolément, ne peut rien changer au fait que lecours de l'histoire est sous l'empire de lois générales internes.

Car, ici aussi, malgré les buts consciemmentpoursuivis par tous les individus, c'est le hasard qui, d'une façon générale, règne en apparence à la surface.

[...]Les buts des actions sont voulus, mais les résultats que donnent réelle ment ces actions ne le sont pas, ou s'ilssemblent, au début, correspondre malgré tout au but poursuivi, ils ont finalement des conséquences tout autresque celles qui ont été voulues.

Ainsi les événements historiques seraient en gros également dominés par lehasard.

Mais partout où le hasard semble jouer à la surface, il est toujours sous l'empire de lois internes cachées,et il ne s'agit que de les découvrir.

Les hommes font heur histoire, quelque tournure qu'elle prenne, en poursuivantchacun leurs fins propres, consciemment voulues, et c'est précisément la résultante de ces nombreuses volontésagissant dans des directions différentes et de leurs répercussions variées sur le monde extérieur qui constituel'histoire." F.

ENGELS, Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1886.

Que pouvons-nous tirer de ce texte ? L'idée que le cours de l'histoire n'est pas orienté vers une fin précise.

Eneffet, l'histoire est produite par les hommes qui sont les sujets conscients de leur agir ; mais les conséquences deleurs actes conscients sont quant à elles imprévisibles.

Certes, Engels avance l'éventualité d'une prévision du coursde l'histoire, que rendrait possible la prise en compte de l'ensemble des actions des hommes, avec une attentionmarquée à leur entrée en connexion qui produit à leur tour des effets.

Mais une telle entreprise nécessiterait uneintelligence prodigieuse que seul un esprit tout puissant pourrait avoir, puisqu'il ne s'agit de rien de moins que detout connaitre et de tout mettre en rapport pour deviner la production d'effets par toutes les causes du mondeenchevêtrées entre elles.

Il résulte de ceci que si l'histoire obéit bel et bien à des règles et des motifs conscients,son cours demeure imprévisible.

Nous dirons que l'histoire n'est nullement orientée vers une fin précise, puisqu'elleest le résultat de l'interaction des chaines de causalité, trop nombreuses pour être saisies par un seul esprit. II.

L'histoire est orientée vers une fin précise qui est la liberté a.

« L'Histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté » (Hegel) Cependant, nous ne pouvons nous poser la question « l'histoire est-elle orientée vers une fin précise ? » sans nousinterroger sur la possibilité de l'existence d'un sujet conscient qui en organiserait l'évolution.

En effet, n'est-il paspossible de distinguer un sujet de l'histoire dont les actions pourraient être orientées vers une fin ? Le terme« sujet » désigne l'être pensant, agissant, qui s'exprime par ses actes et a conscience de lui-même.

Quant au terme« histoire » il est également polysémique puisqu'il ne désigne pas seulement la discipline historique, mais la continuitétemporelle.

A ce titre, nous pouvons nous demander s'il n'y a pas une entité, concrète ou non, qui réalise l'histoire,qui la fait advenir sciemment et donc de manière orientée vers une fin précise.

Telle est précisément la thèsedéfendue par Hegel, pour qui l'histoire obéit à une rationalité.

Celle-ci peut-être considérée comme undéveloppement linéaire, organisé, qui ne se produit pas au hasard et selon la contingence des circonstances, mais,au contraire, qui obéit à un plan que l'entreprise philosophique a pour tâche de comprendre, de saisir, d'identifier.Telle est la thèse fameuse défendue par Hegel dans La raison dans l'Histoire (1822) : « Dieu gouverne le monde, le contenu de son gouvernement, l'accomplissement de son plan, est l'histoireuniverselle.

Saisir ce plan, voilà la tâche de la philosophie de l'histoire, et celle-ci présuppose que l'Idéal se réalise,que seul ce qui est conforme à l'idée est réel.

A la pure lumière de cette Idée divine, laquelle n'est pas un simpleidéal, s'évanouit l'apparence que le monde est un devenir insensé.

La philosophie veut connaître le contenu, laréalité de l'idée divine, et justifier la réalité méprisée ». b.

Le cours de l'histoire est orienté vers une fin précise dans son ensemble et non dans le détail grâce à son organisation rationnelle A la lumière de cette thèse, nous pouvons préciser en quel sens l'histoire est orientée vers une fin précise : parcequ'elle permet la réalisation progressive de la liberté, au fur et à mesure d'étapes successives.

Comme l'écrit Hegel« l'histoire est le progrès dans la conscience de la liberté ».

Il suffit pour l'établir de reconnaitre les principales. »

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