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L'homme a t-il par nature le désir de connaître

Publié le 08/03/2005

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Même si cette Providence était comparable à une tendre mère (« les tendres soins ») sensible aux prières de son enfant. Cela, c'était du passé. C'est encore le présent. Ce ne saurait être le futur. Il faut bien que le devenir de l'histoire s'accomplisse : quel enfant n'a-t-il pas fini par quitter le foyer (« la maison paternelle »), source de chaleur (« où il avait chaud »), et lieu de protection (« où il se sentait si bien ») face aux atteintes du monde réel. Analogie entre l'histoire individuelle (l'enfant hors du giron doit faire ses années d'apprentissage) et l'histoire sociale : c'est l'humanité tout entière qui doit faire son apprentissage. Pour Freud la notion de stade est applicable à l'humanité. Il ne s'agit pas, comme pour les ethnologues, de passer de la sauvagerie, puis à la civilisation, mais du stade infantile au stade adulte, qui réalisera enfin l'humanité qui est en l'homme. Passage d'un stade à l'autre, où l'histoire , loin de se répéter, dépasse la situation précédente. Car il s'agit bien d'histoire donc de devenir, et non pas d'une « éternelle » répétition du même, mais au contraire du nécessaire développement : naissance, maturation, mort.

La curiosité de l'enfant témoigne d'un désir de connaître profondément enraciné dans la nature même de l'homme. On peut parler d'une aptitude innée, une soif de découverte commune à tous. TOUTEFOIS, la connaissance est une malédiction Comme le montre Rousseau, la connaissance nous cause bien des maux et en quittant l'état de nature, l'homme a quitté son innocence originelle. La connaissance est donc un acquis, non-naturel.

« Il se peut que cette vision paraisse naïve, après que Marx a assigné comme tache à la philosophie, non plus de connaître le monde mais de le transformer, et surtout que Descartes a fait comprendre que la science se doit de viser notre bien-être.

Mais elle est aussi le rappel que l'homme ne se réduit pas à un simple être naturel mais qu'il apart à un autre type de plaisir, celui de la compréhension, voire de la compréhension. Aristote nous rappelle que la philosophie naît et se nourrit d'un étonnement devant ce qui est.

Ce spectacle du monde entraîne, pour le « naturel philosophe », le désir de comprendre l'ordre du monde, la nature des choses.

En ce sens la naissance de la philosophie est contemporaine des sciences sans pourtant s'y réduire.

Enfin Aristote note qu'il existe chez tout être humain un plaisir désintéressé de comprendre, qui se manifeste aussi dans l'art, mais qui atteint son sommet dans la philosophie, laquelle nous fait participer, autant qu'il est possible, à une vie digne des dieux. L'homme n'a pas choisi de connaîtreLe développement de la civilisation ne dépend pas de la volonté des hommes.

Aussi Edgar Morin ne se trompe-t-ilpas en disant: «Ce qui s'élabore au cours de l'hominisation, c'est l'aptitude innée à acquérir et c'est le dispositifculturel d'intégration de l'acquis.

Plus encore: c'est l'aptitude naturelle à la culture et l'aptitude culturelle àdévelopper la nature humaine» [Le Paradigme perdu: la nature humaine). L'enfant a besoin de connaîtreOn ne peut que s'étonner de l'incessante curiosité des enfants qui se cessent questionnent le "pourquoi" deschoses.

Cette curiosité, d'abord perceptive, puis ludique, et enfin proprement intellectuelle, est spontanée.

Ellen'est pas, initialement, déterminée par l'éducation.

En revanche, c'est le rôle de l'éducation de la diriger afin d'enfavoriser l'épanouissement.

Connaître, c'est être malheureuxAdam, le premier homme, a mangé la pomme de l'arbre de la connaissance.

S'il avait pu manger l'autre fruit défendu,celui qui confère l'immortalité, le destin de l'humanité n'aurait pas été ce qu'il est.

En effet, l'homme connaît.

Maisque lui apporte cette connaissance? Le malheur.

Il se sait fragile et mortel.

C'est la raison pour laquelle il désire tantfuir les lumières de la connaissance.

C'est pourquoi Nietzsche dira préférer l'illusion à la vérité.L'illusion possède une fonction vitale.

En effet « on ne peut pas vivre avec la Vérité », car découvrir cette vérité,c'est découvrir que n'existe qu'un flux éternel des choses, un Abîme où toutes s'abîment.

La vie, expression de laVolonté de Puissance, a donc besoin de falsifier le réel, d'affirmer l'être contre le devenir, d'organiser ce flux, de lecontraindre à se plier aux options vitales du sujet, c'est-à-dire aux valeurs et aux normes définies par la Volonté dePuissance, bref .elfe a besoin de l'illusion, qu'elle érige en vérité.

C'est pourquoi, même la prétendue vérité objectivede la science se réduit en fait à une croyance, une illusion qui nous est nécessaire pour vivre. L'homme, par nature, préfère se divertir L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence detout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de savanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pourautant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux,sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désirn'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous nerecherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui,il s'avère sur le fond tout aussi nuisible.

Faire obstacle à la considération de samisère, c'est se priver des moyens de la dépasser. Pascal, méditant sur le divertissement, a bien montré qu'il permet à l'hommede fuir la misère de son existence et d'oublier qu'il se sait mortel.

Jetés dans un coin de l'univers, nous sommes dans la situation de quelqu'unqui se réveillerait sur une île déserte sans savoir ni où il est, ni comment il yest arrivé, ni pourquoi il s'y trouve.

Nous n'avons qu'une certitude : notre mort; un seul désir : être heureux.

Tout le reste n'est que ténèbres.

L'univers est muet pour notre coeur ; la science n'arien à dire qui puisse nous consoler.

Dépendance, abandon, néant, voilà la condition de l'homme.

Voilà ce qu'il ne peut manquer de voir, s'il n'estoccupé à rien.

C'est pourquoi les hommes n'aiment guère l'inaction : ils y sentent leur vide, et risquent de céder au. »

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