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L'homme est-il l'artisan ou le produit de l'histoire ?

Publié le 15/09/2009

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histoire

Une définition possible de l’homme est celle d’ « animal rationnel «, ce qui implique deux choses : d’une part, que l’homme est un animal parmi les animaux, qu’il appartient à cette catégorie. De l’autre, que l’homme est pourvue d’une faculté, à savoir la raison, qui fait défaut aux autres animaux. La raison est la faculté de l’homme qui lui permet de comprendre le monde et lui-même, le moyen d’une interaction avec l’extériorité.

Un artisan est un producteur d’artefacts dont l’activité est toute entière prédéterminée par un savoir faire transmissible, une technique et un dessein qui précèdent entièrement la réalisation proprement dite de cet artefact.

Un produit est le résultat d’une activité qui ne serait jamais advenu à l’être sans cette dernière.

Le mot « Histoire « désigne toute connaissance basée sur l’observation, la description de faits advenus dans le passé. Il y a lieu de distinguer entre l’histoire, récit véridique du passé, et l’Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l’avenir. Penser l’histoire signifie donc produire un jugement sur l’évolution de l’homme à travers le temps.

A première vue, il peut nous sembler que la question qui nous est posée est susceptible de recevoir aisément une réponse : il semble que l’homme ne saurait qu’être le produit de l’histoire, dans la mesure où l’histoire n’est jamais réalisée par l’homme lui-même, elle est ce qui ne saurait être préconçu et réalisé par l’homme. Cependant, cette évidence est-elle aussi indubitable que nous le croyons ? Il se peut au contraire que l’homme soit bel et bien l’artisan de l’histoire, au sens où l’histoire dépend toujours de l’agir humain qui l’oriente sinon la détermine. Nous en viendrons à poser la question de l’exacte identité de cet artisan qu’est l’homme : s’agit-t-il d’un artisan capable de se représenter en amont de la production d’un évènement historique toutes les conséquences de ses actes, ou l’histoire est-elle un produit qui lui échappe plus ou moins complètement ?

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’homme est capable de préconcevoir un effet à réaliser dans le domaine de l’histoire qui accomplisse exactement son projet. 

histoire

« I.

Les hommes sont le produit de l'histoire a.

L'histoire ne se réalise pas en fonction de l'homme Nous commencerons par dire que les hommes ne sont pas les artisans de l'histoire, mais au contraire le produit decette dernière.

Pour démontrer cette thèse, il nous faut analyser un peu précisément le concept d'artisan.

Unartisan est un individu qui produit un artefact dont la nature exacte lui est connue avant même qu'il ait commencéle processus de production.

L'artisan est donc la cause première de l'artefact, mais aussi l'auteur d'unepréconception de cet artefact.

A la lumière de cette analyse, nous dirons que jamais l'homme n'est l'artisan del'histoire, car il est incapable de la préconcevoir et encore plus de la modeler.

L'histoire n'est faite par personne, elleest plutôt ce qui s'impose aux hommes, ce qui est mû par le hasard et lui seul.

L'œuvre littéraire du marquis de Sadedonne toute sa portée à cette thèse : dans l' Histoire de Juliette, Sade dresse des listes impressionnantes récapitulant toutes les débauches, tous les vices et toutes les atrocités commises par les hommes.

Or, ce qu'il fautbien remarquer, c'est que la violence a cours partout, dans tous les pays, dans toutes les époques, de sorte qu'elleparait omniprésente dans le temps aussi bien que dans l'espace.

L'histoire semble donc le champ de bataille où lehasard des passions humaines se donne libre cours sans règle aucune.

Nous dirons donc que l'homme ne saurait êtrel'artisan de l'histoire, car l'histoire n'est faite par personne : seul le hasard décide des évènements qui seproduisent. b.

Ce sont les hommes qui sont faits par l'histoire Allant plus loin, nous dirons que si les hommes ne sont pas les artisans de l'histoire, ils en sont en revanche lesproduits.

Considérons l'exemple que nous fournit un roman d'anticipation intitulé Le postier , écrit par l'américain David Brin.

Ce roman met en scène un général d'armée qui a pris le pouvoir dans le cadre post apocalyptique desEtats Unis ravagés par une soudaine guerre nucléaire.

Cet homme déclare qu'il n'avait nullement l'identité du chef deguerre redouté qu'il est devenu dans le monde d'après l'apocalypse, puisqu'autrefois il était un modeste vendeur dephotocopieuses.

Cet exemple littéraire nous montre bien que les hommes, s'ils ne font pas l'histoire, sont enrevanche faits par elle, au sens où l'histoire révèle les potentialités en puissance en eux-mêmes, les fait passer dansle domaine de l'actualité.

L'histoire réelle est en effet pleine d'exemples qui tendent à confirmer cette thèse :pensons aux résistants qui, durant la deuxième guerre mondiale, ont prouvé un courage prodigieux dans leur luttecontre l'occupant nazi.

Nombre d'entre eux ne se seraient jamais révélé les héros qu'ils étaient en puissance si lescirconstances historiques ne les y avaient pas conduits.

A ce titre, nous pouvons dire que les hommes ne font pasl'histoire, mais qu'ils sont faits par elles : ils sont le produit de l'histoire, non l'artisan de cette dernière. II.

L'homme n'est pas l'artisan de l'histoire, mais l'histoire est le produit de l'homme a.

L'histoire est toujours humaine Cependant, nous ne pouvons affirmer sérieusement que l'homme n'est pas l'artisan de l'histoire.

En effet, même sil'histoire nous parait davantage le champ de bataille du hasard que le théâtre de la raison, il n'en demeure pas moinsque la cause efficiente des évènements qui nous paraissent hasardeux est toujours humaine.

En effet, l'histoiren'est pas transcendante aux hommes, elle est toujours humaine.

L'historien Paul Veyne définit ainsi l'histoire comme« un récit d'évènements vrais qui ont l'homme pour acteur ».

Une telle définition implique que l'histoire n'est pas récit de n'importe quel évènement passé, mais des seuls évènements qui impliquent les hommes.

Ainsi, l'éruptiond'un volcan, par exemple, est un fait explicable en général par la géophysique et qui ne concerne pas l'histoire àproprement parler.

Mais en revanche, une éruption particulière comme celle du Vésuve en 79 après J.C, intéresseaussi l'historien, parce que la ville engloutie lui fournit des informations sur la société romaine.

Mais si cet évènementest historique par ses conséquences, il ne l'est pas par ses causes : l'homme n'en est pas l'acteur, l'homme ne l'apas prémédité et réalisé.

De tout ceci nous pouvons conclure deux choses : l'histoire n'est pas l'ensemble destraces de ce qui est passé, c'est d'abord l'ensemble des actions qui furent effectuées par les hommes.

Et d'autrepart, les hommes font bel et bien l'histoire, car ce que l'on appelle l'histoire n'est pas autre chose que le récit desévènements où l'homme a joué un rôle.

Par conséquent, nous sommes fondés à dire que l'homme est l'artisan del'histoire, dans la mesure où il est à la manière du producteur de n'importe quel artefact la cause du passage à l'êtrede ce produit qu'est l'histoire.. »

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