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L'homme est-il l'être vivant le plus libre?

Publié le 17/03/2005

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            Se pose donc la question de savoir si l'homme s'est réellement infligé des règles nuisant à sa propre liberté - ce qui serait illogique, mais ferait des autres vivants des êtres plus libre que lui, ou si au contraire il reste libre malgré ces obligations, et de quelle manière.   Plan :   I/ Ce qu'il en est de la liberté animale :                 Selon le sens commun, être libre, c'est pouvoir agir selon son bon vouloir, sans contraintes, et sans limites. Dans ce cas, l'homme ne semble pas devoir être l'être le plus libre, puisqu'il doit se plier à des règles de convenance, des lois, dictées par l'Etat, la société, la morale, sa conscience ou sa raison. Pour être totalement libre, il faudrait qu'il n'existe aucune règle, et que l'homme puisse agir comme bon lui semble, à l'instar des animaux.             ● Il s'agit cependant de vérifier si, en agissant selon leurs désirs, les animaux sont réellement libres. Ils obéissent à leur instinct, aux lois naturelles, et n'agissent pas par volonté : ils sont esclaves de leur sensibilité. Cf. Kant Critique de la raison pratique et Fondements de la métaphysique des moeurs. Lorsque la volonté - causalité des êtres vivants rationnels, ce qui nous pousse à agir - se détache des lois naturelles, et qu'elle se détermine elle-même, elle est liberté. Or, le seul être capable de se détacher du monde sensible pour n'avoir affaire qu'à lui-même est l'homme, parce qu'il est doué de raison -il est à la fois un être sensible et intelligible.

Bien définir les termes du sujet :  

- « Homme « : le terme est très vague et n'invite pas à considérer l'être humain dans un domaine particulier comme celui de la politique (on aurait alors parlé de citoyen), mais plutôt de la manière la plus générale possible. Il s'agit de regrouper tous les individus conscients.

- « Etre vivant « : le terme "être" invite lui aussi à considérer le vivant sous son aspect le plus large possible (par exemple, il ne s'agit pas de le réduire à la biologie, sinon on aurait parlé d'organisme vivant). L'être vivant est donc ce qui s'oppose aux choses physiques et aux objets artificiels, c'est un individu doué d'une autonomie relative à l'égard de son milieu. Il possède des caractéristiques remarquables, comme l'autoréparation, l'invariance reproductive, l'organisation, la croissance, l'autoconservation...

- « Le plus libre « : La liberté en son sens le plus courant est le pouvoir de se mouvoir sans contrainte, et d'agir sans nuire à autrui. C'est pouvoir se déterminer rationnellement, sans y être obligé par une force extérieure. Etre "le plus libre", c'est posséder la liberté au plus haut degré possible, agir selon la liberté dans toutes les situations possibles, c'est avoir une liberté supérieure à tous les autres vivants, supériorité qui est aussi bien qualitative que quantitative.

 

Construction de la problématique.             

            Le sujet pose la question de savoir s'il existe une hiérarchie dans la liberté chez les êtres vivants, et quelle place y tiendrait l'homme. Tout semble mettre celui-ci en mauvaise place ; il est un être sociable, ce qui l'oblige à faire des compromis pour vivre en société, et il doit obéir aux lois morales et à celles de l'Etat dans lequel il vit. Cependant, il ne faut pas oublier que c'est par sa volonté et par sa liberté qu'il s'est créé lui-même ces contraintes.

            Se pose donc la question de savoir si l'homme s'est réellement infligé des règles nuisant à sa propre liberté – ce qui serait illogique, mais ferait des autres vivants des êtres plus libre que lui, ou si au contraire il reste libre malgré ces obligations, et de quelle manière.

« s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

" I, 4.

En instaurant des lois,le contrat social permet une liberté avec les autres : les lois auxquelles les individus doivent obéir ont été crééespar eux-mêmes en tant que citoyen.

C'est en tant que sujet qu'ils doivent y obéir, et obéir à loi que l'on s'est donnéest liberté.

La liberté civile est donc une liberté viable et non contradictoire.

Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même etreste aussi libre qu'auparavant... On dit souvent que Rousseau a fait passer la politique du ciel sur la terre enmontrant que l'autorité politique ne descend pas de Dieu sur le monarque puissur les sujets, mais qu'elle émane du peuple qui la délègue à ses mandataires.Ce point de vue est un peu approximatif.Au moment où Rousseau commence à s'intéresser à la chose politique, lathéorie du pouvoir de droit divin est pratiquement abandonnée par lespenseurs politiques.

Avant lui, Hobbes, Locke, Pufendorf, Grotius, Jurieu etd'autres font reposer l'autorité politique sur une convention, sur un contrat.Rousseau n'a donc pas inventé l'idée d'un pacte social entre gouvernants etgouvernés.

On pourrait faire remonter au Moyen Age et même à l'AncienTestament l'idée d'un tel contrat.

Le mérite de Rousseau est d'avoir renouveléla façon d'envisager ce contrat social et d'avoir posé du même coup - et lepremier - les fondements théoriques de la démocratie.Le point de vue de ses prédécesseurs lui paraissant manquer de cohérencelogique, il en fait table rase et pose le problème en termes clairs au début du« Contrat social » (Livre 1, ch.

6).

Pour lui, après l'état de paix propre à l'étatde nature, les hommes ayant cessé de vivre isolés sont entrés dans une période de troubles assez semblable à laguerre de tous contre tous imaginée par Hobbes.Pour retrouver la paix, ils furent donc conduits à chercher une forme d'organisation qui puisse donner satisfaction àtout le monde: « Cette difficulté ramenée à mon sujet peut s'énoncer en ces termes.

"Trouver une formed'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ?" Tel est leproblème fondamental dont le contrat social donne la solution.

»Dans le « Discours sur l'inégalité », Rousseau avait déjà évoqué le contrat qui se trouvait à l'origine du corpspolitique.

Mais, à ce moment-là, en 1755, donc sept ans avant le « Contrat social », il précise que la conceptionutilisée pour les besoins de sa démonstration n'est que provisoire.

Et il se promet de revenir sur ce pacte primitif et ille fera effectivement dans de nombreux textes dont, tout spécialement, « Du Contrat social ou Principes du droitpolitique » (1762).Le texte du « Discours sur l'inégalité » en reste à l'idée d'un pacte de soumission, formule déjà utilisée par lespenseurs politiques du temps et des siècles précédents.

Selon Rousseau, les riches, pour se protéger des pauvres qui les menaçaient sans cesse, réussirent à établir un pacte avec lepeuple pour faire cesser les troubles.

Mais il s'agit d'un échange inégal puisque les riches ont tout à y gagner - lapaix leur permettant de conserver leurs biens -, et les pauvres tout à y perdre puisqu'ils aliènent leur liberté sanscontrepartie.Pourquoi Rousseau, en 1755, s'en tient-il à cette thèse tout en notant au passage qu'elle ne le satisfait pas et qu'illui faudra revenir sur la question ? Les hypothèses sont diverses, mais l'essentiel est de voir comment le « Contratsocial » et les textes satellites (« Manuscrit de Genève », « Emile », « Lettres écrites de la montagne », « Economiepolitique », « Fragments politiques », « Lettre à Christophe de Beaumont », etc.) une théorie du contrat sont pourlui l'occasion d'élaborer social qui tranche avec tout ce qui précède. Pour Rousseau, l'expression « pacte de soumission » comporte en elle-même une contradiction.

Comment peut-onparler d'un contrat quand, par exemple, à la suite d'une conquête, un roi se rend maître d'un peuple, ou quand unhomme en réduit un autre en esclavage? Un contrat ne peut être établi qu'entre des parties égales et libresd'adhérer ou non à ce pacte.Pourtant, il serait possible d'imaginer une soumission volontaire.

Un peuple, par désir de paix, pourrait se soumettre àun pouvoir fort, aliéner sa souveraineté au profit de sa sécurité.

Un homme pourrait de même, en principe, devenirl'esclave d'un autre homme pour bénéficier de sa protection.Rousseau estime qu'un tel pacte est inconcevable parce que la liberté est un bien « inaliénable » : « Renoncer à saliberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme...

» Si je renonce à ma liberté pour me confier à une volonté absolue,cela signifie que je suis prêt à faire tout ce qui me sera commandé, même des actes criminels.

Il n'y a donc pluspour moi de loi morale, plus de devoir, et, en cela, je deviens in-humain.

Et si, acculé à commettre un acte horriblequi révolte ma conscience, je refuse d'obéir, me comportant alors en homme, le pacte est rompu (Livre 1, ch.

4): «Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs.

Il n'y a nuldédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une telle renonciation est incompatible avec la nature de. »

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