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L'homme est-il maître et possesseur de la nature ?

Publié le 11/02/2016

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Dans l'histoire des idées, l'on peut considérer deux grandes périodes: celle se situant avant Descartes, et celle se situant après lui. Avec Descartes, la raison, qui a conquis son autonomie, qui s'est affranchie de toute tutelle religieuse, prend son essor. Contrairement aux thèses des Grecs, de Platon, d'Aristote, la philosophie cartésienne ne présuppose pas l'existence d'un monde divin qui fonde le pouvoir de la raison. C'est la raison qui, par elle-même, prou-

ve l'existence de Dieu. Ce renversement de perspective a eu pour conséquence de laisser croire à l'homme que sa raison était toute-puissante. Il a bien fallu toutefois qu'il se rende à l'évidence: les catastrophes écologiques, le fait qu'il ne puisse pas prévoir comment les organismes vivants qu'il crée par manipulation génétique vont évoluer, montrent que s'il peut se servir de la nature, il se trompe gravement en pensant qu'il en est le maître.

« L'homme ne peut pas se considérer comme le maître de la nature L'homme n'est pas plus maître de la nature qu'il n'est maître de son destin.

La seule chose dont il peut être certain, c'est qu'il dépend entièrement d'un ordre dont il ignore les tenants et aboutissants.

Au fond, l'homme e n I l n'existe peut-être qu 'une seule vérité philosophique , celle pro­ fessée par Socrate.

L'homme qui pense ne sait qu'une seule chose: ne rien savoir.

•L'intelligence qui nous a été donnée pour notre plus grand bien, l'emploierons­ nous à notre ruine, com­ battant le dessein de natu­ re, et l'universel ordre des choses, qui porte que cha­ cun use de ses outils et moyens pour sa commo­ dité?» Michel Eyquem de Montaigne, Essais Nous ne savons pas pour­ quoi nous sommes les seules créatures vivantes à être douées de conscience .

Nous ne sa­ vons pas ce qui nous pousse à connaître, nous ne savons pas si le mon­ de a un sens ou non.

'ignorance est le contraire c 1 rn-~ 'se I l suffit d'établir la liste des choses que l'homme ignore pour prouver qu'il n'est as­ surément pas le maître de la nature.

Nos connaissances, sans dou­ te, ne cessent de pro­ gresser .

Mais il faut se rendre à l'évidence: elles ne concernent qu 'une in­ fime partie de la réalité.

'homme dépend e t e homme est un ani­ mal, un animal pen­ sant, certes, mais un ani­ mal.

S'il use sagement de son intelligence, c'est pour s'adapter au mi­ lieu naturel dont il dé­ pend, et non pour pré­ tendre le dominer.

Qu'il se croie maître ou non de la nature, il n'en demeure pas moins un organisme vivant ayant besoin de res­ pirer, de boire, de man­ ger .

L'homme est le fruit d'une évolution naturelle dont il ignore les causes.

Il dépend entièrement de la nature qui l'entoure.

Pour en être le maître, il devrait, comme Dieu, posséder le savoir absolu.. »

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