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Sujet : L'Homme doit-il se rendre maître et possesseur de la nature ?

Publié le 10/09/2013

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Le mythe de Prométhée guide l’image que l’homme se fait de son rapport à la nature : ses

manques constitutifs l’obligent à produire des outils, qui le conduisent à une maîtrise toujours plus

grande de son environnement. Mais ce mythe prend un sens bien différent selon qu’on l’interprète

avec un point de vue antique qui selon lui : l’art divin doit permettre à l’homme de s’insérer

harmonieusement dans le cosmos. Ou moderne qui selon lui : avec l’art l’homme devient l’égal des

dieux et a pour vocation de dominer la nature. Le retournement moderne, lié à la révolution

technico-scientifique du XVIIème siècle, a profondément modifié la relation entre l’homme et la

nature, et par là aussi bien la définition de la nature que celle de l’homme.

Les techniques modernes ainsi que les diverses sciences confèrent à l'homme une maîtrise

incomparable sur la nature. Les progrès en ces domaines étant cumulatifs, il paraît n'y avoir de limites

que provisoires à l'appropriation du monde par l'homme. Cependant, la confiance en l'avenir se fait

beaucoup moins triomphaliste qu'au XIXe siècle. C'est que les effets pervers de la technique, les

menaces qu'elle fait planer sur l'avenir de l'homme et de la planète, conduisent à s'interroger sur la

valeur des relations que l'homme entretient avec la nature. Doit-on se rendre maître et possesseur

de la nature? Sans contester les bénéfices tirés de l'industrie humaine, on s'interrogera néanmoins

sur les limites dans lesquelles il paraît souhaitable de contenir le développement. Cela nous amène à

rechercher des critères permettant de fixer ces limites. La détermination de ces critères est à son tour

fonction de la manière dont on conçoit le rapport de l'homme à la nature.

« d’après Descartes.

Et nous verrons aussi d’après Heidegger, comment retrouver une autre relation avec la nature que celle de la monstrueuse technique moderne. Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » paru en 1637, Descartes veut encrer une nouvelle ère.

Il s'agit de promouvoir une nouvelle conception de la science, de la technique et de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».

Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, de la domination technique face au reste du monde.

Descartes rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhension antérieure, c’est ce qui fait qu’il marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie.

Dans le « Discours de la méthode », Le philosophe polémique avec la philosophie de son temps et des siècles passés, c’est-à-dire les fondements même de la philosophie : la scolastique qui est la philosophie développée et enseignée au Moyen Âge dans les universités, elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne.

On peut également la définir comme une réappropriation chrétienne de la doctrine d'Aristote.

Plus précisément, il s'agit dans notre passage de remplacer « à la philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie pratique ».

Cette philosophie spéculative désigne la scolastique que l’on vient de définir auparavant, elle fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur l'agir.

Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une activité libre et impartiale, n'ayant d'autre pour objectif que de comprendre le monde qui nous entoure, d'en admirer et d’en percevoir l’étrange beauté.

Descartes bouleverse la tradition.

D'une part, il cherche des connaissances pratiques et utiles à la vie, d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance et de savoir.

La science antique et la philosophie chrétienne étaient désintéressées, Descartes veut, lui, une « philosophie pratique ».

La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les éloges de Dieu, elle est offerte à l'Homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître et possesseur ».

Et non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique.

Si la science peut devenir pratique, c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir- faire, une routine, elle devient une science appliquée.

D'une part, il s'agit de connaître les éléments puis de les employer de la même façon à tous les usages auxquels ils sont propres On connaît comme on agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.

D'autre part, il s'agit d'inventer une infinité de stratagème pour profiter sans aucune peine de ce que fournit la nature.

Le salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, voire artificiellement la nature.

Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désabusé est encore le nôtre.

Or la formule de Descartes est aussi précise que froide : il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître et possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient « possesseur », et qui peut en faire ce que bon lui semble dans ses propres intérêts « maître ».

Pour qu'un tel projet soit réalisable, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l’homme, et poser des frontières et des limites à ses désirs de domination et d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps et esprit.

Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Ce qu'il y a. »

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