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l'homme peut-il se rendre comme maître et possesseur de la nature ?

Publié le 24/11/2005

Extrait du document

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme, dans son propre intérêt. Connaître et fabriquer vont de pair. D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices « pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature. La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature. Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désenchantée est encore le nôtre. Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature «. « Comme «, car Dieu seul est véritablement maître & possesseur. Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur «), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître «). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation. C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Les sciences et les techniques modernes confèrent à l'homme une maîtrise incomparable sur la nature. Les progrès en ces domaines étant cumulatifs, il paraît n'y avoir de limites que provisoires à l'appropriation du monde par l'homme. Cependant, la confiance en l'avenir se fait beaucoup moins triomphaliste qu'au XIXe siècle. C'est que les effets pervers de la technique, les menaces qu'elle fait planer sur l'avenir de l'homme et de la planète, conduisent à s'interroger sur la valeur des relations que l'homme entretient avec la nature. Doit-on se rendre maître et possesseur de la nature? Sans contester les bénéfices tirés de l'industrie humaine, on s'interrogera néanmoins sur les limites dans lesquelles il paraît souhaitable de contenir le développement. Cela nous amène à rechercher des critères permettant de fixer ces limites. La détermination de ces critères est à son tour fonction de la manière dont on conçoit le rapport de l'homme à la nature.  

Introduction

  • I. « Nous rendre comme maître et possesseur de la nature. « (Descartes, Discours de la méthode, VIe partie)

1. Analyse de l'expression « maître et possesseur de la nature « : sciences et techniques. 2. Pourquoi l'homme doit se rendre maître et possesseur de la nature. 3. Naissance d'une contestation de la technique.

  • II. Une critique humaniste de la technique.

1. L'homme, critère des limites de la technique. 2. Peut-on être maître et possesseur de la technique? 3. Peut-on respecter la nature autrement qu'en référence à l'homme?

  • III. Repenser le rapport de l'homme à la nature.

1. La vision du monde présupposée par la technique conduit à nier la nature : Descartes. 2. L'idée grecque de la nature et de la technique. 3. Retrouver une autre relation avec la nature que celle de la monstrueuse technique moderne : Heidegger.

Conclusion

« Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une nature désenchantée est encore le nôtre. Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecinequ'on doit le chercher. » La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. [2.

Pourquoi l'homme doit se rendre maître et possesseur de la nature.

] Si l'homme doit ainsi assujettir la nature, c'est qu'originellement, il est soumis à elle : leurs relations reposent sur unconflit.

Voir le thème du dénuement de l'homme face à la nature décrit dans le mythe de Protagoras (Platon,Protagoras) : c'est pour compenser la faiblesse de l'homme dans la nature — car il est le plus mal loti de tous lesanimaux — que Prométhée fait don aux hommes de la connaissance du feu (le feu est nécessaire pour forger) et destechniques après les avoir volés aux dieux.Donc, c'est grâce à la technique que la nature cesse d'être pour l'homme ennemie et étrangère.

Il peut alors serendre possesseur de la nature, c'est-à-dire l'habiter.

Habiter ne signifie pas seulement être dedans, mais faire sien,imprimer sa marque.

L'homme est ainsi chez lui dans un paysage où on ne peut plus démêler la part de la nature etla part du travail (voir la différence entre le paysage ou la campagne comme nature humanisée, et la forêt « vierge» comme nature brute).

Cela permet déjà de comprendre que tout prétendu « retour à la nature », n'est en faitqu'un retour à une nature façonnée par la technique humaine.

La critique de la technique ne peut donc être querelative.

[3.

Naissance d'une contestation de la technique.] S'il est absurde de vouloir se passer de la technique, est-ce à dire que toute technique comme telle est justifiée? Ya-t-il des limites à la maîtrise et à la possession de la nature par l'homme? Au-delà des réactions affectives defascination devant les prodiges de la technique ou d'effroi devant sa démesure, il faut rechercher un critèrerationnel grâce auquel on pourrait fixer des limites à l'expansion de la technique.

C'est en particulier à ce prix qu'onpourra donner un fondement philosophique aux options politiques de type écologiste.Enfin, les menaces de la technique « moderne » nous poussent à nous demander si cette dernière se distingue de latechnique « d'autrefois » par une simple différence de degré ou par une différence essentielle. [II.

Une critique humaniste de la technique.] [1.

L'homme, critère des limites de la technique.

] Il y a lieu de critiquer la technique dès lors que, au lieu de servir l'homme, elle le met en danger en tant queproducteur de technique et en tant qu'utilisateur.C'est le thème de l'asservissement de l'homme à la machine (cf.

Hannah Arendt, La Condition de l'homme moderne).Pendant la durée de son travail, le corps de l'ouvrier doit épouser le rythme de la machine (en particulier dans les «chaînes de production ») alors que dans un travail manuel, c'est l'outil qui suit le corps (Manuel Hatier des classesde terminale, chap.

« Technique », texte 9).

Le travail de l'homme est conçu sur le modèle de la machine, ce quiconduit à une parcellisation à outrance du travail.

Le travailleur d'usine, à la différence de l'artisan, n'accomplit pasd'oeuvre achevée.

Le travail cesse alors d'avoir la fonction libératrice par laquelle l'homme se démarque de la natureen la façonnant.

On peut souligner la situation paradoxale de l'homme face à la technique : ce qu'il avait créé pourse libérer de sa position de faiblesse par apport à la nature et pour se sentir chez lui dans le monde, est devenufinalement l'instrument de son aliénation.. »

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