L'HOMME POURRAIT-IL PENSER SANS LE SECOURS DES MOTS ?
Publié le 10/03/2004
Extrait du document
Si la rédaction d'une dissertation est un
exercice de pensée, la question posée paraît saugrenue : sans mots, il n'y a
guère à réfléchir, semble-t-il, en tout cas rien à écrire. Aussi convient-il
de chercher d'abord ce qui peut justifier une telle question.Dans le quotidien, il peut arriver que les mots fassent défaut: j'ai alors
l'impression d'avoir, quelque part en mon esprit, quelque chose (un
sentiment, une sensation) qui cherche à s'exprimer, mais je ne trouve pas
«les mots pour le dire».D'un point de vue philosophique, Bergson a notamment critiqué les mots tels
que le langage commun nous les fournit. Et il
est vrai que je peux avoir parfois le sentiment que ces mots communs me
trahissent, et ne parviennent pas à traduire ce qui ferait l'originalité
réelle, profonde, secrète, de mon être, de mon expérience ou de ma pensée.Autre référence possible: Nietzsche, pour qui le langage commun est
également déficient pour traduire la pensée la plus singulière.Les mots ne sont pas seulement un outil de communication: ils constituent
une évocation du monde, sa doublure symbolique.Ils véhiculent des concepts: si je ne disposais pas du mot «arbre», je
serais obligé, dès que j'aperçois un tronc, des branches et des feuilles,
d'utiliser le terme désignant l'espèce particulière de ce végétal (et dans
un tel cas, en effet, je me trouve vite à court de vocabulaire, et donc
incapable de désigner).Ils renvoient sans doute, comme le dit Bergson, à un fond d'expériences
communes et moyennes, mais c'est précisément ce qui me donne la capacité
d'être compris par mon auditeur (qui participe de son côté au même fond
d'expériences communes). C'est grâce à ces sens « moyens» que nous pouvons
dialoguer - c'est-à-dire penser ensemble si l'on en croit Platon.
• Le sujet concerne le langage dans la philosophie, et non pour la linguistique : essayer de ne pas confondre les deux points de vue.
• Importance de l'adjectif «primordial«: la réflexion sur le langage est ici affirmée comme essentielle au travail philosophique lui-même; il ne s'agit pas d'un «thème« parmi d'autres.
• Sujet assez difficile: quels philosophes pouvez-vous utiliser, chez lesquels la réflexion sur le langage revêt une telle importance?
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