L'IDÉAL DE CIVILISATION

Plusieurs aspects dans l'idéal de civilisation : a) L'humanisme. La marque la plus certaine de la civilisation en soi c'est la pureté et la hauteur de l'idéal qui l'inspire ou la fonde, c'est la constellation morale qui lui sert de modèle et de référence. Or cet idéal n'est pas difficile à définir, il se déduit directement du principe fondamental de la morale : le respect de la dignité humaine. La civilisation est donc le caractère d'une société ou se réalise pleinement la nature humaine dans ce qu'elle a de supérieur, où l'on peut réaliser une vie pleinement humaine. C'est dire que l'humanisme est son impératif catégorique. On objectera que l'idéal d'ordre moral est relatif, qu'il varie en fait selon les sociétés, les temps et les lieux. Nous avons déjà affronté cette difficulté en étudiant les variations de la conscience morale et ce fut pour aboutir à cette conclusion qu'il existe une conscience morale universelle, d'ordre métaphysique, soustraite dans ses exigences fondamentales à la relativité et à la contingence de ses manifestations empiriques. C'est à la conscience morale ainsi entendue qu'il faut évidemment se référer pour concevoir l'idéal de civilisation fondé sur l'humanisme et sa couronne de valeurs suprêmes : liberté, justice, dignité, vérité, amour du prochain. Aucun homme, aucune société qui ne puisse et ne doive adhérer à cet idéal sauf par ignorance, aveuglement passionnel ou par suite de circonstances accidentelles et de contingences historiques défavorables. La civilisation idéale est la réalisation la plus large et la plus riche de la plus haute idée de l'homme. Elle est l'image la plus heureuse et la plus fidèle de la cité de Dieu. Elle l'est ou plutôt elle doit l'être, car nous ne devons jamais oublier qu'il s'agit d'une détermination normative et de la visée d'un idéal. Il ne s'agit pas de croire que cela est arrivé!