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L'ignorance s'oppose-t-elle à la vérité ?

Publié le 05/10/2004

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Ou encore le rapport harmonieux qui peut s'instaurer entre nos facultés subjectives ? Diverses vérités ou formes de vérité, relativement arbitraires, guident notre existence ; ne sommes-nous pas obligés d'avouer leur fragilité, et de ce fait notre ignorance ? D'autant plus que chaque forme de savoir est limitée par sa nature même : elle ne sait que ce qu'elle peut savoir. Montaigne : Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance, et que nous sommes tenus d'accepter tout ce que nous ne pouvons réfuter. Nous parlons de toutes choses par précepte et résolution. Le style à Rome portait que cela même qu'un témoin déposait pour l'avoir vu de ses yeux, et ce qu'un juge ordonnait de sa plus certaine science, était conçu en cette façon de parler :Il me semble «. On me fait haïr les choses vraisemblables quand on me les plante pour infaillibles. J'aime ces mots, qui amollissent et modèrent la témérité de nos propositions : A l'aventure, Aucunement, Quelque, On dit, Je pense, et semblables. Et si j'eusse eu à dresser des enfants, je leur eusse tant mis en la bouche cette façon de répondre enquêteuse, non résolutive : « Qu'est-ce à dire ? Je ne l'entends pas.

L’ignorance est un défaut de la connaissance, elle est source d’opinion, de croyances et d’erreurs. En ce sens, on peut dire que l’ignorance s’oppose à la vérité en tant qu’elle se définit comme le savoir ou la connaissance de ce qui est, du réel. Dès lors il y a une exclusion conceptuelle entre ignorance et vérité (1ère partie). Pourtant, même le plus savant de tous ne peut tout savoir et atteindre la vérité pleine et entière. L’entendement de l’homme est marqué par la finitude. Il serait donc vain de vouloir tout savoir à moins de tomber dans le dogmatique. Cependant, le savant n’est pas alors l’équivalent de l’ignorant, c’est-à-dire de celui qui ne sait absolument rien. Au contraire, il faut alors distinguer entre une ignorance savante et une ignorance vulgaire (2ème partie). Dans ce cas, il faut alors interroger cette volonté de vérité à l’aune de cette impossibilité anthropologique (3ème partie).

« II – Inclusion conceptuelle : l'ignorance savante a) En effet, l'ignorance peut se concevoir de deux manières différentes et distinctes amenant des considérationsinverses.

Ces deux possibilités se développe suivant la dichotomie d'un concept positif et d'un concept négatif del'ignorance.

Et c'est bien ce que l'on peut percevoir à travers la définition que produit Kant de l'ignorance dans sa Logique .

Il y a en effet deux aspects de l'ignorance : l'ignorance savante, c'est-à-dire celle qui est scientifique et exprime simplement la finitude de notre entendement donc de nos connaissances ; et celle négative qui estsimplement un défaut de connaissance : "A la perfection logique de la connaissance au point de vue de sonextension propre s'oppose l'ignorance.

[...] Nous pouvons considérer l'ignorance d'un point de vue objectif et d'unpoint de vue subjectif.

» b) Comme il le développe ( Kant , Logique ) on peut identifier donc deux types d'ignorance : « L'ignorance peut être ou bien savante, scientifique ou bien vulgaire » L'ignorance vulgaire est l'ignorance : « celui qui est ignorant sansapercevoir les raisons des limites de l'ignorance et sans s'en inquiéter, est ignorant de façon non-savante ».

Quantà l'ignorance scientifique, c'est bien celle que développe Socrate, c'est-à-dire celle sait, celle qui est consciented'elle-même.

C'est donc un savoir qui connaît justement les limites de son savoir et c'est pourquoi Socrate se définitcomme un ignorant : parce qu'il sait qu'il ne sait pas.

En ce sens, s'il faut lutter contre l'ignorance, c'est bien contrel'ignorance vulgaire qu'il faut lutter puisque contre l'autre nous ne pouvons rien faire dans la mesure où elle estfonction de notre finitude humaine. c) Et pour cela alors que l'éducation est alors si importante.

Elle est le moyen exemplaire justement de lutter contrel'ignorance.

L'école est son lieu alors.

C'est pourquoi Kant s'est notamment intéresser à la question des écoles et de l'éducation comme on peut le voir dans ses Réflexions sur l'éducation .

L'idée est que c'est principalement par l'éducation des enfants qu'il faut commencer afin de bien les former.

Il utilise la métaphore de la forêt : il s'agit deproduire des arbres bien droits et non tortueux et rabougris.

Cette éducation est donc une discipline : nonseulement une discipline de l'esprit et de la raison mais aussi du corps donc l'une des clés est le travail.

Ce n'estqu'une fois ce travail de discipline et dressage de l'esprit humain que la vérité pourra être accessible à tous.

Cettetâche n'est pas aisée et elle prendra du temps car comme il le note dans Qu'est-ce que les lumières : « La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchidepuis longtemps d'une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'ilsoit facile à d'autres de se poser en tuteur des premiers.

Il est si aisé d'être mineur ! » Transition : Ainsi si l'ignorance s'oppose bien à la vérité il n'en demeure pas moins que l'exclusion n'est pas totale ou exclusive.En effet, la condition humain fait que notre entendement est fini, il est donc vain de recherche la totalité de lavérité. III – La volonté de vérité en question a) Or effectivement, comme on peut le voir avec Kant dans la Critique de la raison pure : l'homme ne peut pas tout savoir.

Si lutter contre l'ignorance est bien un but de la philosophie, il n'en reste pas moins que l'accès à une véritétotale sur le monde de la nature nous est impossible du fait même de notre finitude.

En effet, c'est cette finitude quiest la formation du concept de « chose en soi » chez Kant, c'est-à-dire la telle qu'elle est dans son essence mêmemais qui ne nous est pas accessible mais seulement à un entendement divin.

Nous n'avons accès qu'auxphénomènes et si un savoir est possible il est limité à la connaissance et capacités de l'homme.

L'homme reste doncnécessairement ignorant ; mais il l'est aussi du fait que même pour la connaissance qu'il lui est accessible l'hommene peut espérer connaître l'ensemble du savoir.

Un savoir encyclopédique est un idéal : une métaphore.

Cependant,il n'en est pas moins que cela doit constituer une Idée directrice l'entendement, c'est-à-dire que même si l'hommen'y a pas accès, il doit tout de même chercher à tout savoir en vue de sa perfection et du progrès de l'humanité. b) Exiger une victoire totale contre l'ignorance alors que cela apparaît impossible ce serait en fait développer unevolonté de vérité, comme un besoin psychologique.

Mais aussi mettre le fait la vérité ne serait pas voulue pour elle-même mais seulement comme consolatrice.

Et bien cette critique de la volonté de vérité que produit Nietzsche dans le Gai savoir au paragraphe 344 : Jusqu'on faut-il aimer la vérité ? Comme disait Pascal (L.

926) « On se fait une idole de la vérité même ».

C'est cette idolâtrie que Nietzsche entend questionner.

La discipline de l'espritscientifique devrait commençait par le fait de ne plus s'autoriser de convictions.

Mais pour commencer n'a-t-elle pasbesoin d'une conviction impérative ? La science repose sur une croyance.

Il n'y a absolument pas de sciences sanspréjugés.

En effet, il faut déjà avoir répondu oui à la question de la vérité nécessaire.

Mais ce oui est impératif,catégorique : « il n'y a rien de plus nécessaire que la vérité ».

Et ce problème est d'autant plus crucial que parfois lavérité est difficile à accepter, et nous préférons quelquefois rester dans l'ignorance. c) Il n'en reste pas moins que l'ignorance est l'apanage aussi de la bêtise et comme le dit Nietzsche dans Le livre du Philosophe que la philosophie a pour but principal de nuire à la bêtise et c'est encore ici à l'ignorance qu'il faut faire référence par la mesure où c'est bien l'ignorance qui est cause de la bêtise, en tant que l'on définir la bêtisecomme un comportement qui ne comprend pas nécessité d'agir suivant une règle de la raison.

Il faut donc luttercontre l'ignorance.

Dans ce cas, il ne s'agit pas seulement de lutter contre l'ignorance en tant qu'absence deconnaissance mais aussi l'ignorance comme dogmatisme, c'est-à-dire comme croyance en l'existence d'uneconnaissance.

C'est en ce sens alors que la remise en cause de cette volonté de vérité peut prendre tout son sens.Et seulement à ce prix.. »

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