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L'imaginaire et le réel

Publié le 16/01/2004

Extrait du document

Dans la philosophie classique le terme « imagination » a une extension plus vaste qu'aujourd'hui. Il est presque synonyme de connaissance sensible ; pour Descartes, Malebranche ou Spinoza, tout état d'âme qui correspond à une modification de mon corps appartient à l'imagination ; par exemple, c'est mon « imagination » qui voit le soleil comme une boule de feu qui tourne à quelques certaines de « pieds » de hauteur, tandis que le soleil objectif de l'astronomie est celui qui est conçu par « l'entendement ». Pour le rationalisme classique, l'opposition entre l'imaginaire et le réel se ramène à l'opposition entre le sensible et l'intelligible. Cependant il y a une différence entre voir le soleil, sentir sa chaleur, et rêver d'une belle journée ensoleillée tandis que la pluie bat les vitres ; telle est la toute première opposition dû réel et de l'imaginaire — en dehors des présupposés de doctrine — dont il nous faut partir. Comment distinguons-nous ce qui est perçu (le réel au sens le plus ingénu du terme) et ce qui est imaginé ?

« son réveille-matin.

Mais sa conscience engourdie est entièrement dominée par l'affectivité, d'où son rêve qui est unvéritable délire d'interprétation.

De même les images hallucinatoires (qui obéissent curieusement aux lois de l'optique,sont réfléchies et déviées par des miroirs) sont l'interprétation délirante de quelque excitation sensorielle.Malebranche et Descartes n'avaient pas tort au fond d'identifier imagination et connaissance sensible.

Il n'y a del'une à l'autre que la distinction d'une illusion particulière à une illusion de l'espèce.

Penser le soleil comme une boulede feu d'un mètre de diamètre qui tourne à une petite distance de la terre, c'est littéralement délirer.

Seulement cedélire est suggéré non par des modifications singulières de mon corps propre (comme le rêve ou l'hallucination) maispar des caractéristiques (position du corps sur la terre, disposition des organes sensoriels) communes à tous lescorps humains en ce monde.Cette façon de poser le problème retourne littéralement la théorie empiriste.

Ce n'est plus l'imagination qui seramène à la perception, mais tout au contraire, si l'imagination est une façon que j'ai de me projeter sur le monde,c'est la perception elle-même qui va se ramener à l'imagination, car je ne perçois jamais le monde tel qu'il est maisbien plutôt tel que je suis.

Pour les empiristes l'esprit part du réel dont l'image n'est qu'un résidu.

C'est le contrairequi est vrai.

L'imagination précède la connaissance objective.

Il n'est pas des vérités premières, il est des mythespremiers.

La connaissance objective est péniblement conquise.

Elle exige une « psychanalyse » des mythes et desillusions spontanées, comme l'a montré M.

Bachelard.

Le réel est le résultat d'un travail.

Le réel c'est l'imaginairesurmonté.Encore faut-il ajouter que l'imagination a son rôle, et non des moindres, dans cette victoire sur l'imaginaire ; à côtéde l'imagination « nocturne », celle du rêve, de la poésie, de la perception, il faut aussi compter celle que Bachelardnomme imagination « diurne », celle du savant qui construit des hypothèses.

Là, raison et imagination se trouventréconciliées ; la construction du possible prépare la connaissance du réel ; l'imaginaire rationnel devient le schémaintelligible du réel. 1.

Il est à peu près établi que nous pensons par images: ce que nous appelons la pensée est sans doute un défiléd'images.

La source originelle de cette imagerie est la perception.Mais la conscience opère tout un travail à partir des matériaux de la perception pour élaborer «la pensée» dans ladiversité que nous lui voyons.

Ces matériaux ne sont jamais dans la conscience la représentation exacte du réel,comme le ferait un appareil photo: ils sont sélectionnés, interprétés, modifiés, tronqués, inventés.Toute image de la conscience est le produit final de deux sources combinées: les matériaux de la perception etl'activité propre de la conscience de produire des images.Chacun a pu éprouver que dans la perception d'un objet, la mise au point qui l'identifie ne se fait que par un va-et-vient entre la sensation et l'imaginaire: progressivement, on construit l'objet dans sa conscience, c'est-à-dire uneimage.

On ne peut saisir le monde qu'à travers le travail de la conscience, et dans une certaine mesure la structurequi résulte de son élaboration en chaque individu. 2.

L'imaginaire désigne d'abord cette distance au réel que présentent toujours les produits de la conscience, ce donton est conscient.

Cette distance est variable selon le travail que fait la conscience, c'est-à-dire selon l'usage qu'elleveut faire de ces matériaux.

On a donc, avec un degré croissant de travail imaginaire:• la perception attentive, dans laquelle la conscience tente de reproduire les objets aussi fidèlement que possible:c'est l'observation, qui permet la pensée objective.• la perception peu attentive, ou habituelle, sans pression de besoin, où les matériaux sont considérablementtransformés ou tronqués, mêlés à beaucoup de manque ou d'inventé: voir les témoignages d'accidents.• certains objets de pensée désignent indirectement les objets perçus: par l'abstraction et les figures, le langagefabrique des idées éloignées du réel, métaphores, symboles, concepts: c'est ce que font la littérature, laphilosophie, les sciences.• enfin la conscience peut inventer complètement certains de ses objets, dans le sens où ils n'existent pas telsquels dans la réalité: c'est ce qu'on appelle l'imagination ou l'invention.

Elles produisent les chimères, les oeuvresd'art, les inventions techniques, l'artificiel, etc.Dans son sens le plus général, le mot imaginaire désigne cet écart variable que présente le produit de la conscienceavec les objets réels. 3.

C'est pourquoi l'imaginaire désigne la part d'irréalité qui entre en tout objet.

Le mot peut alors prendre le sensd'illusoire, de faux, d'irréel, d'inexistant.Mais dans certains objets seulement, par ex.

les chimères, la part d'irréel est totale: ceux-là sont donc totalementimaginaires, ce qui signifie qu'ils n'existent pas.

Toutefois, le réel ne peut se réduire au matériel, à ce qui estperceptible par les sens.La vie psychique, les sentiments, les constructions intellectuelles, les rêves apparaissent comme des objets. »

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