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L'inconscient (texte de Freud)

Publié le 20/03/2015

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freud
« On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiée, d'aller au-delà de l'expérience immédiate. Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse. «
Freud, Métapsychologie, éd. Gallimard, coll. Idées, pp. 66-67.
Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient.
 
Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience.
 
Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée.
 
Ce texte présente une défense de la psychanalyse contre les objections des philosophes qui, à l'instar de Descartes, jugent impossible l'existence d'un inconscient psychique.
 
Il importe donc à Freud de fournir les preuves d'une pensée inconsciente.
 
Lorsque, par exemple, un jeune homme, qui a quitté sa fiancée parce qu'il la trouvait volage, avoue à Freud que la phrase : «il faut supprimer tous les témoins« lui traverse l'esprit plusieurs fois par jour, ce dernier l'explique par une volonté, refoulée mais toujours vivace dans l'inconscient de son patient, d'épouser l'infidèle sans risquer d'être un jour trompé.
 

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« Textes commentés 41 Ce texte présente une défense de la psychanalyse contre les objections · des philosophes qui, à l'instar de Descartes, jugent impossible l'existence d'un inconscient psychique.

Nous savons, en effet, que Descartes nomme pensée « tout ce qui se fait en nous de façon que nous en sommes conscients et pour autant que nous en ayons conscience.

» Il importe donc à Freud de fournir les preuves d'une pensée inconsciente.

La première preuve est d'ordre théorique : certains faits psychiques demeurent incompréhensibles et incohérents tant qu'on refuse de les interpréter à la lumière de l'hypothèse d'un inconscient psychique.

Tous les faits que Freud invoquent semblent absurdes et ne sont, pour les disciples de Descartes, que l'effet d'un dysfonctionnement organique.

Freud pense, au contraire, qu'ils doivent être considérés comme des signes chargés d'un sens, qu'un travail d'interprétation peut seul élucider.

Lorsque, par exemple, un jeune homme, qui a quitté sa fiancée parce qu'il la trouvait volage, avoue à Freud que la phrase : « il faut supprimer tous les témoins » lui traverse l'esprit plusieurs fois par jour, ce dernier l'explique par une volonté, refoulée mais toujours vivace dans l'inconscient de son patient, d'épouser l'infidèle sans risquer d'être un jour trompé.

C'est donc une exigence de sens qui justifie l'hypothèse de l'inconscient psychique car les actes psychiques ne sont, selon Freud, jamais absurdes et leur explication par des causes organiques dénuées de 1 toute intention ne peut rendre compte de leur signification.

La seconde preuve est d'ordre pratique : l'efficacité, sur un plan: thérapeutique, de la psychanalyse est une confirmation de l'hypothèse 1 d'un inconscient psychique.

Ce texte doit susciter chez le lecteur deux questions : 1) La première preuve suppose que les phénomènes névrotiques, les rêves et les actes manqués ont un sens.

Or, cette supposition a besoin d'être prouvée.

Autrement dit, on peut se demander si le psychanalyste ne prête pas arbitrairement un sens à des faits qui n'en ont pas.

En ce cas, il se contenterait de « découvrir » dans ces faits un sens qu'il y aurait · introduit préalablement et subrepticement.

2) La seconde preuve, par l'efficacité, n'exclut pas d'autres explications.

Seul est nécessaire un énoncé dont le contraire est impossible.

Il faudrait donc, pour prouver la nécessité de l'hypothèse de l'inconscient psychique, qu'on ait prouvé l'impossibilité d'une explication physiologique, ou neurologique, des faits psychiques invoqués par Freud.. »

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