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LOCKE: Etat de nature et liberté

Publié le 25/03/2005

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Si l'homme, dans l'état de nature, est aussi libre que j'ai dit, s'il est le seigneur absolu de sa personne et de ses possessions, égal au plus grand et sujet à personne; pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté et de cet empire, pourquoi se soumet-il à la domination et à l'inspection de quelque autre pouvoir? Il est aisé de répondre, qu'encore que, dans l'état de nature, l'homme ait un droit, tel que nous avons posé, la jouissance de ce droit est pourtant fort incertaine et exposée sans cesse à l'invasion d'autrui. Car tous les hommes étant Rois, tous étant égaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice, la jouissance d'un bien propre, dans cet état, est mal assurée, et ne peut guère être tranquille. C'est ce qui oblige les hommes de quitter cette condition, laquelle, quelque libre qu'elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels dangers, et cela fait voir que ce n'est pas sans raison qu'ils recherchent la société, et qu'ils souhaitent de se joindre avec d'autres qui sont déjà unis ou qui ont dessein de s'unir et de composer un corps, pour la conservation mutuelle de leurs vies, de leurs libertés et de leurs biens; choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés. LOCKE

1. Comment qualifieriez-vous l'introduction de ce texte (première phrase)? Quel est l'objectif exact de Locke en commençant de cette manière? Quel statut accorde-t-on, en règle générale à cette thèse philosophique concernant l'état de nature?  2. L'auteur développe, tout au long du texte, une analogie entre deux types de souveraineté (naturelle, politique). Relevez toutes les expressions du texte qui font référence à l'une ou à l'autre de ces formes de souveraineté.  3. «Pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté?«: identifiez la phrase qui énonce la thèse du texte et qui répond à cette question. Reformulez-la et précisez-la, en vous fondant sur l'ensemble de l'argumentation qui suit.  4. «Car tous les hommes étant Rois«; «c'est ce qui oblige«; «cela fait voir que ce n'est pas sans raison«: montrez comment ces expressions marquent les étapes de l'argumentation de J. Locke. Quelle est la logique qui sous-tend cette démonstration? Que veut prouver l'auteur (qui se fonde ici sur la psychologie hypothétique de l'homme à l'état de nature)?

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« justice » à « choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés ») . L'état de nature est un état de liberté Pour Locke comme pour Rousseau, la terre appartient originellement à tous.

Il écrit au cours du paragraphe 25 duSecond Traité du gouvernement civil: « il est clair que Dieu (...) a donné la terre aux enfants des hommes, l'a donnéen commun à l'humanité.

».

L'état de nature n'est pas un état où il n'y a pas de propriété.

Tout homme a un droitégal sur chaque partie de ce qui est commun.

Cependant, cela ne peut signifier que chacun à sa part à lapossession de toute chose, cela veut signifier qu'il n' a pas de propriétaire de nature. Seulement il y a une exception à cette communauté universelle c'est le propre de chaque homme.

Chaque hommedispose de sa propre personne, il écrit en effet: « Bien que la nature et toutes les créatures inférieures soientcommunes à tous les hommes cependant, tout homme est propriétaire de sa propre personne.

Sur cela, personnen'a aucun droit excepte lui-même.

», Second traité du gouvernement civil, paragraphe 27.

La propriété que chaque homme a de sa personne et de son propre travail est la propriété originelle et naturelle; mais elle est le fondementde tout autre propriété dans l'état de nature.

Tout autre propriété dérive de cette propriété originelle, naturelle etprimitive.

C'est le travail qui fait qu'une chose, originellement propre à personne en particulier, devient la propriétéd'une seule personne.

Il écrit dans ce paragraphe 27: « ce travail étant la propriété incontestable du travailleur,aucun homme excepté lui ne peut avoir un droit à ce qu'il y a ajouté.

» C'est en cela que Locke affirme dans le texte que l'homme est: « aussi libre que j'ai dit, s'il est le seigneur absolu desa personne et de ses possessions, égal au plus grand et sujet à personne ».

Pourquoi alors s'en remettre à uneinstance supérieure, comme l'État, qui risquerait, au moins pour une part, de brimer cette liberté originelle? Commentd'ailleurs envisager que l'on puisse se donner ou se soumettre à une instance supérieure sans perdre la pleinepossession de sa personne? Ou comme le dit Locke dans ce texte: « pourquoi se dépouille-t-il de sa liberté et decet empire, pourquoi se soumet-il à la domination et à l'inspection de quelque autre pouvoir? ». L'état de nature est traversé par la crainte de tous les individus d'être dépossédés. Eh bien répond Locke c'est justement pour conserver cette pleine possession de lui-même et de ses biens quel'homme consent à cet autorité supérieure.

En effet l'état de nature n'étant régulé par aucune loi coercitivepersonne ne peut s'assurer que l'on empiètera pas sur ses biens.

Dans l'état de nature, contrairement à Hobbes,n'est pas parcouru par une hostilité réciproque des individus les uns à l'égard des autres, mais par l'absence de loilégitime qui garantisse l'étendu et la limite de la propriété de chacun.

Comme l'explique Locke dans ce texte: « dansl'état de nature, l'homme ait un droit, tel que nous avons posé, la jouissance de ce droit est pourtant fort incertaineet exposée sans cesse à l'invasion d'autrui.

».

Chacun peut, en l'absence de législation approuvée par tous, affirmerqu'un bien est le sien même si il n'y a pas de droit dessus.

En effet, « tous les hommes étant Rois, tous étantégaux et la plupart peu exacts observateurs de l'équité et de la justice, la jouissance d'un bien propre, dans cetétat, est mal assurée, et ne peut guère être tranquille.

».

C'est la crainte d'être dépossédé de son bien qui conduità l'établissement de la société. Ainsi la communauté originelle, celle qui précède l'établissement de la société, est tolérable lorsque ses conditionssont: une abondance de produits bruts, un petit nombre d'hommes, beaucoup d'espace et une égalité générale defaiblesse.

Mais il arrive un moment où les produits non possédés sont plus rares à obtenir; et dans cette situationnouvelle, une nouvelle inégalité de pouvoir entre les hommes, fondée sur la nouvelle inégalité des possessions,surgit.

Dans ces nouvelles circonstances, le travail ne peut plus donner un titre à la propriété ou être la mesure dela valeur, et la détérioration cesse de limiter l'acquisition.

Maintenant, la possibilité existe de possession tropétendues pour pouvoir être protégées par les moyens disponibles dans un état de nature.

La souveraineté de lanature disparaît et les hommes doivent instituer une nouvelle forme de gouvernement, faite par eux-mêmes, pour lesremplacer.

C'est ce que Locke entend lorsqu'il affirme, dans ce texte, que: « C'est ce qui oblige les hommes dequitter cette condition, laquelle, quelque libre qu'elle soit, est pleine de crainte, et exposée à de continuels dangers,et cela fait voir que ce n'est pas sans raison qu'ils recherchent la société ».

Les hommes sont « rapidement poussésà entrer en société.

», paragraphe 127, en vue de la protection de la propriété.

Les possessions des hommes doitêtre protéger du caprice et de la cupidité des autres hommes.

La fin de l'Etat est donc l'accroissement des terres etleur usage convenable.

Et le prince est dit « semblable à un Dieu » qui « (...) encourage l'industrie honnête del'humanité », paragraphe 42.

Tel est le mobile, pour Locke, que les hommes «souhaitent de se joindre avec d'autresqui sont déjà unis ou qui ont dessein de s'unir et de composer un corps, pour la conservation mutuelle de leurs vies,de leurs libertés et de leurs biens; choses que j'appelle, d'un nom général, propriétés.

» . Conclusion -Le passage de la liberté à l'état de société n'est pas un paradoxe pour Locke, ni même ce qui nous conduit à unerestriction de notre liberté mais ce qui la préserve en la rendant tangible aux yeux de tous grâce à l'institution delois.

-C'est la société qui nous permet de rendre nos possessions, que nous acquérons par notre travail, assurées, et quipermet que nous pouvons jouir de nos biens comme nous l'entendons.

La fin de la société est donc la garantie denotre liberté originelle.. »

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