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L'oeuvre d'art peut-elle manifester un absolu ?

Publié le 27/02/2008

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Aucun discours ne saurait l'exposer, aucune pensée précise ne le concerne, il est le rien où toute détermination se consume. Par-delà les formules et les rituels, qui flétrissent sa pureté sans visage, inintelligible, le Dieu visé par toute religion n'est que l'Inconnu absolument inconnaissable.Cette logique simple et implacable commande la théologie négative des mystiques néoplatoniciens, accordée à la pensée indienne, et reprise d'âge en âge. Théologie critique de toute affirmation particulière de Dieu, elle réduit les dogmatiques et les symboliques religieuses à leur relativité et à leur contingence pour inviter au silence, à l'accueil muet de l'Ineffable. Dieu n'est ni quelque chose ni quelqu'un. Nommer l'absolu, c'est lui rapporter illusoirement notre langage, insérer dans nos catégories ce qui leur est indifférent, tout autre. Plotin nous enseigne que l'Un, terme destiné à nier toute altérité intérieure à l'absolu qui lui conférerait un statut, une nature, établit encore dans l'ordre de la quantité ce qui est infiniment au-delà de tout ordre. Le Pseudo- Denys élabore le plus complet des discours sur Dieu afin de l'abolir dans l'universelle négation des attributs divins. Cette conception négative de l'absolu, on le voit, contredit directement, dans son essence même, le christianisme. Si toute religion, en effet, paraît insensée, qui invoque un rapport de l'homme avec le sans- rapport, a fortiori celle qui annonce l'incarnation, et la parole de Dieu.

Absolu signifie inconditionné, principe sans principe, l’absolu est mis en question par toute recherche du vrai, tout système philosophique en exprime une conception particulière. Dans un contexte théologique, c’est la question de Dieu, de sa présence ou de son absence, de son affirmation ou de sa négation, qui est posée par le mot « absolu «. Mais parallèlement, étant donné qu’absolu signifie ce qui est par soi, indépendamment de toute autre chose, il est difficile qu’il soit objet de médiation et qu’il puisse être représenté par une œuvre d’art. Aussi l’art manifeste peut-être en vérité l’intelligible et non l’absolu.

 

« d'idéal : il est « révélation de l'Absolu sous sa forme intuitive, pure apparition » ; mais il est une forme moins élevéede l'Esprit, si on le compare à la religion et à la philosophie, car c'est seulement en celle-ci que l'Absolu retourne enlui-même.

On voit comment l'idée d'un développement historique de l'art constitue un retournement de la position deSchelling : car Hegel doit nécessairement conclure à la mort de l'art, pour que la religion et la philosophie soient.C'est pourquoi « l'art, dans sa plus haute destination, est et reste pour nous un passé ».

D'où l'affirmation que« seul un certain cercle et un certain degré de vérité est capable d'être exposé dans l'élément de l'œuvre d'art :c'est-à-dire une vérité qui puisse être transportée dans le sensible, et y apparaître adéquate, comme les dieuxhelléniques » La beauté est donc l'apparition sensible de l'Idée : en tant que telle, elle requiert l'œuvre d'art et Hegelrejette le Beau naturel. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparitiondu christianisme.

La religion chrétienne est essentiellementanthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. Conclusion.

L'art reste un médium imparfait pour manifester l'absolu selon Hegel.

L'art ne peut en vérité qu'être unemanifestation, une faible représentation de ce que peut être l'absolu.

Une manifestation sensible.

Mais cettemanifestation ne peut faire mieux que d'indiquer indirectement, restrictivement ou négativement, ce qui, en droit, nepeut pas se présenter.

L'éclair, dans les derniers poèmes de Hölderlin, est un signe de Dieu ; il n'en est pas lamanifestation.

De même, dans la sentence d'Isis rapportée par Kant, la déesse n'énonce que ceci, qu'elle estindévoilable.

Le sublime est cette gageure de tenter de présenter l'imprésentable.

Pour Hegel, toute réalité effective est concrète, tout ce qui est en vérité doit se présenter.

Une essence sans manifestation est incomplète.

Et celavaut tout autant pour Dieu (ou pour l'Absolu) qui, pour être lui-même, c'est-à-dire identique à soi ou rapporté à soi,doit s'être présenté dans son élément contraire, le sensible ou le fini.

Le métaphysique n'est tel qu'à faire l'épreuvedu physique.

Ceci règle la question de la représentation de l'absolu qui en soit est impossible, sauf abstraitement.. »

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