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l'oubli est-il une vertu de la pensée ?

Publié le 29/11/2005

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L'oubli a donc une « vertu » au sens premier de ce mot : une force (virtus) ; force d'effacement, disparition, il est comme une seconde mort. Ainsi, même lorsqu'il est ce qui fait seulement défaut, ce qui manque, comme lorsqu'une idée m'échappe au moment où je voulais l'exprimer, c'est un sentiment de perte que laisse l'oubli derrière lui. ·         Le redoublement = Pourtant, le propre de l'oubli est que nous ne savons pas ce que nous avons oublié, justement parce que nous l'avons oublié : s'il est involontaire, si je ne sais pas ce que j'ai perdu, ce qui me manque m'échappe doublement, puisque je ne sais pas même ce qui me manque. ·         Mais si ce qui est oublié est ce que la conscience cherche à effacer, à enfouir au fond d'elle-même, et ce que la mémoire refuse de se rappeler (par traumatisme), il est alors refoulé : mais dans ce cas encore, je ne le saisi pas comme oubli ; c'est un oubli dont je n'ai pas conscience, sauf parce qu'il se manifeste par d'autres voies, symptômes de la souffrance, et retours que la mémoire devra exorciser.     2)      Faut-il savoir oublier ? ·         L'éternel retour = vouloir oublier serait donc une contradiction dans les termes : reconnaître une vertu de l'oubli supposerait qu'on puisse le choisir ou le provoquer positivement ; or l'oubli n'est pas véritablement un acte, c'est la fuite ou l'effacement de quelque chose. Et comme le montre la psychanalyse, on peut feindre d'oublier, mais en l'occurrence cet oubli n'en est pas un : le lapsus, le rêve, les actes manqués montrent que ce refoulement hante la conscience, et empêche la vie. C'est alors justement l'impossibilité d'oublier qui nous entraîne à revivre éternellement le Même. ·         Pourtant, la mémoire ne comporte-t-elle pas nécessairement des absence ? La seule mémoire constante que nous ayons à notre disposition est notre corps, mais cette mémoire n'est pas entièrement transportable en conscience.
  • Angles d'analyse

*  Pour les massacres commis sous nos yeux en silence, nous exigeons un devoir de mémoire : comme si garder à l'esprit la présence de la barbarie pouvait nous empêcher de la laisser se reproduire à nouveau. C'est qu'il y a en effet une force, une puissance de l'oubli : il est comme le Léthé, le fleuve qui emporte aux Enfers, dans le royaume des morts, et qui efface les traces du souvenir. Mais quand le traumatisme empêche la vie, n'est-ce pas sagesse que de savoir oublier ? *  Au premier sens du mot, vertu signifie la force physique, le courage, la sagesse. On parle de vertu « curative «, par exemple, à propos d'une chose qui renferme un principe susceptible d'avoir des effets sur une pathologie. Il s'agira donc ici de définir en quel type de vertu consiste l'oubli s'il est bien une vertu de la pensée. *  Nous serons nécessairement amener à définir l'essence, la nature et la fonction de l'oubli, afin, précisément, de puovoir donner une juste réponse à la question. De la même manière, il est tout à fait concevable de dire qu'il y a une vertu de l'oubli, sans pour autant affirmer qu'il s'agit d'une vertu de la pensée. La pensée elle-même devra donc être expliciter dans sa définition contextuelle. Car si par pensée on appelle conscience, peut-être alors y a-t-il obstacle à définir l'oubli comme vertu.  

  • Problématique

  L'oubli, dans ce qu'il comporte d'ignorance et d'inconscience, peut-il être considéré comme un acte positif de la pensée, en tant qu'il sera curateur ou bénéfique pour la vie d'un sujet ? Il faut donc s'interroger sur la fonction de l'oubli tout autant que sur sa nature. Appartient-il à la pensée en tant que telle ? En quel sens peut-on et même doit-on entendre « vertu de la pensée « ? Un travail de définition rigoureux est ici requis.

« Elysées (là où séjournaient les âmes vertueuses) : durant leur trajet, les âmes boiventde ses eaux pour oublier les circonstances de leur vie ; celles qui sont destinées à unenouvelle existence terrestre y boivent pour perdre tout souvenir de la mort. · L'oubli est ainsi ce qui garantit la séparation entre la vie et la mort en évitant que le souvenir de la vie ne vienne hanter les morts, et que le souvenir de la mort ne soitun obstacle à la vie.

L'oubli a donc une « vertu » au sens premier de ce mot : uneforce (virtus) ; force d'effacement, disparition, il est comme une seconde mort.

Ainsi,même lorsqu'il est ce qui fait seulement défaut, ce qui manque, comme lorsqu'une idéem'échappe au moment où je voulais l'exprimer, c'est un sentiment de perte que laissel'oubli derrière lui. · Le redoublement = Pourtant, le propre de l'oubli est que nous ne savons pas ce que nous avons oublié, justement parce que nous l'avons oublié : s'il est involontaire, si jene sais pas ce que j'ai perdu, ce qui me manque m'échappe doublement, puisque je nesais pas même ce qui me manque. · Mais si ce qui est oublié est ce que la conscience cherche à effacer, à enfouir au fond d'elle-même, et ce que la mémoire refuse de se rappeler (par traumatisme), il estalors refoulé : mais dans ce cas encore, je ne le saisi pas comme oubli ; c'est un oublidont je n'ai pas conscience, sauf parce qu'il se manifeste par d'autres voies,symptômes de la souffrance, et retours que la mémoire devra exorciser. 2) Faut-il savoir oublier ? · L'éternel retour = vouloir oublier serait donc une contradiction dans les termes : reconnaître une vertu de l'oubli supposerait qu'on puisse le choisir ou le provoquerpositivement ; or l'oubli n'est pas véritablement un acte, c'est la fuite ou l'effacementde quelque chose.

Et comme le montre la psychanalyse, on peut feindre d'oublier, maisen l'occurrence cet oubli n'en est pas un : le lapsus, le rêve, les actes manquésmontrent que ce refoulement hante la conscience, et empêche la vie.

C'est alorsjustement l'impossibilité d'oublier qui nous entraîne à revivre éternellement le Même. · Pourtant, la mémoire ne comporte-t-elle pas nécessairement des absence ? La seule mémoire constante que nous ayons à notre disposition est notre corps, maiscette mémoire n'est pas entièrement transportable en conscience.

Une certaine formed'oubli ne serait-elle pas nécessaire à la vie sans être une perte pour la conscience ? · Le seuil de l'instant = La conscience n'est que l'effort, pour l'identité d'un individu, pour se ressaisir ; cette identité est faite de souvenirs, d'actes, d'une histoire.

Maistout acte exige l'oubli, parce qu'au moment où nous agissons, nous devons alors nous« asseoir au seuil de l'instant » selon la formule de Nietzsche : celui qui serait incapablede rien oublier serait condamné à se perdre dans le torrent des choses en devenir.

Lamémoire représente donc cette faculté par laquelle le souvenir, au lieu d'êtreconservation morbide, peut être conscience du passé comme passé : dans cesconditions, un devoir de mémoire et une vertu de l'oubli ne sont plus contradictoires. · L'oubli est donc vital, comme la lumière aux êtres organiques, mais seulement lorsqu'il n'est pas fuite, ni refoulement : capacité de se sentir pour un temps hors del'histoire, « de se dresses un instant tout debout comme une victoire » (Nietzsche), lafaculté d'oubli n'est rien d'autre qu'un honneur rendu au présent et à son absoluenouveauté.. »

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