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Y a-t-il une vertu à l'oubli ?

Publié le 28/01/2011

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    Se demander s'il y a une vertu à l'oubli, c'est tout d'abord mettre en évidence l'opposition qui structure ce sujet. En effet, on pourrait alors percevoir l'oubli comme vertu, c'est-à-dire une qualité particulière et positive. Ainsi, l'oubli n'aurait que des conséquences bénéfiques sur l'homme, et lui permettrait de se construire un équilibre dans sa vie. Or, comment est-il possible pour l'homme de se construire s'il n'a aucun souvenir ? Il ne peut donc pas devenir mature, car il ne tire aucun profit de ses expériences.   L'enjeu de ce sujet, par conséquent, est de se demander si l'oubli chez l'homme est une nécessité ; puis si, paradoxalement, le souvenir joue un rôle dans sa vie future.

« Par conséquent, l'oubli constituerait une véritable force d'équilibre. La mémoire de l'homme ne peut stocker toutes les informations qu'elle reçoit, elle trie ainsi naturellement ce qui doit être oublié ounon afin de ne pas encombrer le cerveau de l'homme.

Bergson, dans son œuvre intitulée Matière et mémoire , distingue d'ailleurs deux types de mémoires.

Premièrement, la mémoire habitude, c'est-à-dire celle qui utilise l'acquis de l'actionpassée pour l'action présente.

Elle est automatique, comme inscrite dans le corps.

Bergson déclare : « C'est l'habitude éclairéepar la mémoire plutôt que la mémoire même ».

La seconde mémoire à laquelle il fait allusion est celle du souvenir, qui représentele passé.

Elle est d'ordre contemplatif et théorique, et profondément spirituelle ; elle est liée à l'oubli.

C'est ainsi que parfois, ilarrivera à l'homme qu'il ne se souvienne pas d'un évènement mais que quelque chose lui fasse alors rappeler celui-ci et qu'il s'ensouvienne alors ; il était enfoui dans sa mémoire mais il n'en avait pas conscience. Cette méthode était utilisée par Freud, lors de la psychanalyse.

La thérapie va permettre de dénouer en déconstruisant tous lesmécanismes de défense, les mensonges mis en place par soi même, tout en permettant d'assumer.

Cela permet donc au passé enmoi de passer et de ce fait passer au présent, et de pouvoir vivre dans le présent.

Selon Freud, la personnalité s'est formée àpartir du refoulement dans l'inconscient de situations vécues dans l'enfance comme sources d'angoisse et de culpabilité.

La prisede conscience par le sujet de ce qui a été refoulé doit entraîner la disposition du symptôme et de la contradiction.

Freuds'aperçoit donc que la parole en association permet de soigner un patient souffrant de symptômes psychiques en découvrantl'origine cachée des troubles.

L'oubli a donc également des vertus curatives. Comme le montre Nietzsche dans les Secondes considérations intempestives , l'oubli apparaît nécessaire à la vie mentale et constitue une véritable puissance.

L'homme tourné vers le passé ne saurait alors voir ce qui est neuf dans le présent.

Grâce àl'oubli, le regard est libéré des anciennes habitudes et considère le présent d'un œil plus libre et plus vivant.

Selon lui, l'oubli estune véritable condition au bonheur : « Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui faitque le bonheur est un bonheur : la possibilité d'oublier, ou pour dire en termes plus savants, la faculté de se sentir pour un tempsen dehors de l'histoire.

[…] faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour des chosesnouvelles […] ». Cependant, certains souvenirs constituent une grande place dans la vie de l'homme, car ils lui permettent de grandir et de seconstruire. L'homme doit apprendre à tirer des leçons du passé, notamment historique.

Son devoir de mémoire historique est tel qu'il doitse souvenir des victimes de la Shoah, et comprendre alors le véritable sens du mot humanité.

En n'oubliant pas cette tragédie, ilrespecte la mémoire des victimes mais donne aussi un sens à sa vie.

Par conséquent, la remémoration et le souvenir sont iciconstructifs. En outre, l'esclavage peut lui permettre de penser à sa relation avec les autres et ne pas se tenir en position de dominateur absoluet arbitraire dépendant d'un dominant : il trouve donc sa place dans la société. De plus, l'être humain peut tirer profit de ses erreurs pour construire son bonheur.

Ainsi, s'il prend conscience des erreurs qu'il afaites, il ne les commettra plus et apprendra de celles-ci.

Elles lui auront donc permis de grandir, de mûrir, et de se construire entant qu'être humain à part entière, ayant vécu des expériences particulières qui l'auront fait grandir personnellement.

Cette maturitélui permet alors de savoir rebondir, et de se rendre compte que même après être tombé de haut, il est possible peut se relever.

Ilest approprié d'établir une méthode et des règles que l'on se fixerait à soi même pour ne pas s'écarter de la vérité et tirer profit deses erreurs, en avançant et en construisant sa vie à partir des expériences que l'on a faites, bonnes ou mauvaises. Le psychanalyste et auteur Cyrulnik, dans son œuvre intitulée Un merveilleux malheur , met en place un nouveau concept appelé celui de la résilience.

Selon lui, on peut utiliser le malheur pour construire notre bonheur.

Il nous raconte, dans son livre, avec ses mots baignés d'optimisme, l'histoire de ces enfants qui ont surmonté d'immenses épreuves et su construire une vie.

Et c'est ainsique le titre que l'on pouvait considérer comme une oxymore avant de lire son œuvre, n'en devient plus une : ces deux motsfinissent par devenir complémentaires dans l'esprit du lecteur.. »

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