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Malebranche, De la recherche de la vérité

Publié le 19/09/2015

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Malebranche, De la recherche de la vérité

 

Expliquer le texte suivant:

 

«Quand je dis que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté, je ne prétends pas soutenir que nous ayons le sentiment intérieur d’un pouvoir de nous déterminer à vouloir quelque chose sans aucun motif physique1; pouvoir que quelques gens appellent indifférence pure. Un tel pouvoir me paraît renfermer une contradiction manifeste ( ...) ; car il est clair qu’il faut un motif, qu’il faut pour ainsi dire sentir, avant que de consentir. Il est vrai que souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir; mais c’est que nous n'y faisons pas réflexion, surtout dans les choses qui ne sont pas de conséquence. Cer-

 

tainement il se trouve toujours quelque motif secret et confus dans nos moindres actions ; et c’est même ce qui porte quelques personnes à soupçonner et quelquefois à soutenir qu’ils2 ne sont pas libres ; parce qu’en s’examinant avec soin, ils découvrent les motifs cachés et confus qui les font vouloir. Il est vrai qu’ils ont été agis pour ainsi dire, qu’ils ont été mus; mais ils ont aussi agi par l’acte de leur consentement, acte qu’ils avaient le pouvoir de ne pas donner dans le moment qu’ils l’ont donné; pouvoir, dis-je, dont ils avaient le sentiment intérieur dans le moment qu'ils en ont usé, et qu'ils n’auraient osé nier si dans ce moment on les en eût interrogés.»

1. Motif physique: motif qui agit sur la volonté.

 

2. Ils: ces personnes.

 

La connaissance de la doctrine do l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Comment affirmer que toute action se rapporte à un motif? On pourrait en effet objecter que l'on éprouve parfois l'impression de se résoudre à agir indépendamment de tout motif. Malebranche répond à cette objection implicite dans la fin de la première partie. S'il est vrai que «nous ne pensons pas» nécessairement au motif qui nous fait agir, on peut néanmoins affirmer la présence d'un motif: l'argument avancé est celui de l'inconscient, même si Malebranche n'utilise pas le terme. Un motif peut être lié à l'action sans que nous en ayons immédiatement et clairement conscience. C'est le cas notamment dans les «choses qui ne sont pas de conséquence», c'est-à-dire tous les actes que nous accomplissons sans y porter réelle attention, en raison de leur peu d'importance. Il est vrai que dans les actions plus importantes le motif apparaît plus aisément, ne serait-ce parce que la réflexion et ses hésitations nous font clairement concevoir les enjeux et les intérêts de cette action. Comment caractériser l'aspect parfois inconscient des motifs? Il semble que cette inconscience ne soit qu'une privation momentanée de conscience. Pour Malebranche, le motif qui échappe à la pensée (c'est-à-dire à la conscience immédiate) peut devenir conscient dès lors qu'on «y fait réflexion», c'est-à-dire dès lors que l'on s'interroge, par introspection, sur les motivations de nos actes. Cet argument de l'inconscient permet à Malebranche d'aller jusqu'à conclure que toute action, même la plus futile, est liée à un motif. Simplement celui-ci échappe parfois plus («secret») ou moins («confus») à la conscience immédiate.

malebranche

« lc oRRIGÉ ....

Cll � • Élém ents d' analy se u NOT IONS EN JEU La liberté, la conscie nce et l'inc onscient, le désir.

THÈSE ADVERSE 1 La liberté suppose une totale ind ifférence à l'égar d des motifs sensi bles.

PROCÉDÉ D'ARGUME NTATI ON Ma lebranche pose la nécessité de rappor ter la liberté à un motif phy­ sique en affirma nt d'a bord la contr adiction de la thèse adverse: un e li ber té d'ind ifférence n'a pas de sens.

Il répond ensu ite à l'ob jection selon laquelle l a présence de motifs phy sique s serait le signe d'une dé termi nation exté rieure.

Ces motif s ne contr aigne nt pas la volo nté, et la liber té se révè le dans l'acte de consentement ou non à un motif phy sique.

DÉC OUP AGE DU TEXTE ET IDÉES PRINCIP ALES Il> La premi ère par tie du texte (depuis le début jusqu' à Dans la seco nde par tie du texte (depuis «et c'est même " jusqu' à la fi n) , Mal ebranche récuse l'objection du détermin isme.

REMARQUES ET DIFFICU LTÉS Il> L'or iginali té et la difficu lté de ce texte résiden t dans le fait que Male­ br an che retourne un argu ment déter min iste pour penser la liber té.

Il> Pour bien compr endr e l'enjeu du texte, il importe de s'at tarder sur le terme de. »

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