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MERLEAU-PONTY: L'homme public et l'homme des koulaks !

Publié le 27/02/2008

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merleau
L'homme public, puisqu'il se mêle de gouverner les autres, ne peut se plaindre d'être jugé sur ses actes dont les autres portent la peine, ni sur l'image souvent inexacte qu'ils donnent de lui. Comme Diderot le disait du comédien en scène, nous avançons que tout homme qui accepte de jouer un rôle porte autour de soi un « grand fantôme » dans lequel il est désormais caché, et qu'il est responsable de son personnage même s'il n'y reconnaît pas ce qu'il voulait être. Le politique n'est jamais aux yeux d'autrui ce qu'il est à ses propres yeux, non seulement parce que les autres le jugent témérairement, mais encore parce qu'ils ne sont pas lui, et que ce qui est en lui erreur ou négligence peut être pour eux mal absolu, servitude ou mort. Acceptant, avec un rôle politique, une chance de gloire, il accepte aussi un risque d'infamie, l'une et l'autre imméritées . L'action politique est de soi impure parce qu'elle est action de l'un sur l'autre et parce qu'elle est action à plusieurs. Un opposant pense utiliser les koulaks ; un chef pense utiliser pour sauver son oeuvre l'ambition de ceux qui l'entourent. Si les forces qu'ils libèrent les emportent, les voilà, devant l'histoire, l'homme des koulaks et l'homme d'une clique. Aucun politique ne peut se flatter d'être innocent. Gouverner, comme on dit, c'est prévoir, et le politique ne peut s'excuser sur l'imprévu. Or, il y a de l'imprévisible. Voilà la tragédie. MERLEAU-PONTY

Les philosophes se sont toujours beaucoup intéressés à la politique, à la meilleure manière de gouverner et de diriger la cite. Platon déjà dans La république, décrivait ce que pouvait être la cité idéale. Mais, on doit à Machiavel le fait de s’être intéressé à l’image que le prince et les gouverneurs devaient donner à leurs sujets, à comprendre la différence, la distinction entre image publique et caractère véritable des dirigeants. Au-delà de l’action réelle, pour ce penseur, le prince garder son pays, sa terre en sachant gérer l’image que ses sujets avaient de lui, pas trop dure( il ne fallait pas être méprisé), ni trop douce( il fallait être craint).  Merleau-Ponty, dans ce texte, prolonge la réflexion de Machiavel et s’intéresse à l’exposition du politique. Comment l’auteur conçoit la fonction publique du politique ? Comment celui-ci doit-il gérer son image ? Peut-il tout maîtriser dans ses actes et dans son image ?

 

merleau

« chacun donnent à un geste, à un fait sont relatives et subjectives( c'est-à-dire qu'elles différent pour chaquehomme).- De plus, l'auteur nous dit que les gens jugent de manière excessive les hommes publiques.

« témérairement »renvoie dans un sens littéral à une hardiesse excessive.

Disons donc que les citoyens ne jugent pas de manièreraisonnable ou du moins tempéré les politiques.

Dès lors, l'opinion publique peut les porter à la gloire comme audiscrédit le plus total et une haine féroce.

Merleau-Ponty parle en effet des deux extrêmes la gloire et l'infamie maisprécise que les deux sont immérités, donc qu'elles ne correspondent pas à la réalité.

Le politique devrait mais ne peut tout maîtriser- Dans un troisième temps, Merleau-Ponty pointe la difficulté pour le politique de prévoir les conséquences de cesactes.

Ainsi, ils peuvent penser œuvrer pour leur propre bien, c'est-à-dire œuvrer en vue de ses propres plans etpourtant se voir déposséder de son action.

L'auteur nous dit que la politique n'est pas « pure » dans le sens littéraledu terme, c'est-à-dire sans mélange, sans dégradation due à ce métissage.

En effet, l'action politique s'accomplitrarement par l'intermédiaire d'un seul homme.

Elle avance, s'effectue sous l'effet de plusieurs forces, de plusieurspersonnalités.

Pour réaliser son projet, le politique doit donc trouver des alliés, influence d'autres personnes, agir surd'autres personnes.

Merleau-Ponty parle d' « action l'un sur l'autre ».

Il ne s'agit pas d'agir directement sur laréalité, les faits.- Le philosophe prend deux exemples pour illustrer son propos : le koulak( en Russie, termes désignant les paysansassez aisés qu'il s'agissait de déposséder pendant la révolution russe) et l'utilisation d'homme ambitieux.

Un hommepeut très bien penser servir son projet en se servant des désirs de gloire et d'évolution de ceux qui l'entourent et enramenant les volontés autour de son projet qu'il peut avoir une chance de le mener à bien.

Mais il ne peut alors êtresûr de ce que vont faire les autres, des conséquences des actions qu'il lance.

Il peut libérer des forces et ne peutpas les maîtriser, se laisser « emporter ».

Les ambitions sur lesquels s'appuyaient le chef peuvent le dépasser oul'emmener dans une direction inattendue, la simple idée de démanteler les koulaks peut devenir d'une importancehistorique capitale,… Les deux personnages se trouvent alors avec une image spécifique qu'il ne prévoyait pas et quileur collera à la peau.- Pourtant, nous dit Merleau-Ponty, faire de la politique, c'est essayer de prévoir et d'orienter un pays ou unenation dans le meilleur chemin pour l'avenir.

C'est pour cela par exemple que Machiavel parlait de virtu pour caractériser les bons princes.

Cette vertu consistait à pouvoir prévoir, à réussir à construire des digues pour quemême si la tempête arrive, elle ne cause que des dégâts limités.( la tempête étant une métaphore pour la fortune,le sort) La politique consiste effectivement à essayer d'agir de telle sorte que la société soit le mieux préparé aufutur.

Pourtant, si le politique doit agir sur la société en fonction de ce qu'il croit être le futur, il ne peut pas pourMerleau-Ponty prévoir l'imprévisible.

Sa fonction l'oblige en quelque sorte à le faire puisque c'est son rôle, mais il a« tragédie » parce que tout ne peut être prévu.

Dès lors, tout politique est responsable de l'imprévu et est coupablede ne pas avoir pu prévoir ce qui allait se passer.

Ainsi, le politique en choisissant cette fonction accepte dans un même temps d'être jugé non plus sur ce qu'il estréellement, mais sur le rôle, l'image qu'il accepte de jouer, d'être.

Le politique se veut un comédien qui doit composéun rôle, faire croire aux gens qu'il est naturel.

L'image publique fait partie de sa fonction et il doit l'assumer.Cependant, l'image qu'il veut donner n'est jamais celle que les autres perçoivent, notamment parce que les valeursaccordés aux gestes de l'homme politique ne sont pas les mêmes, diffèrent d'une personne à l'autre et que lesjugements portés sur les hommes publics sont toujours excessifs.

Le politique ne peut en effet tout prévoir nil'importance que les gens vont accorder à tel détail, ni les imprévus qui accompagnent toute action politique.

Celle-ci se fait en effet avec d'autres personnalités, concernent des hommes et les réactions de ces derniers peuventcomplètement dépasser le politique dont l'image se trouve alors marquée.. »

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