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Merleau-Ponty, Phénoménologie de la Perception: le corps, la nature et la culture

Publié le 22/07/2010

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merleau

L'usage qu'un homme fera de son corps est transcendant à l'égard de ce corps comme être simplement biologique. Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amour que d'appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain sont en réalité des institutions. Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait « naturels « et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique - et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme. Merleau-Ponty

Tout ceci permet bien de montrer que les moindres conduites sont totalement conventionnelles, liées à l’éducation et à l’histoire. L’usage qui est fait du corps humain n’est pas inné, tout dans ses actions est étroitement lié à la notion d’acquisition et d’apprentissage. L’Homme a-t-il pour autant totalement quitté son origine naturelle ? Dans cette seconde partie, Merleau-Ponty va chercher à montrer que l’Homme peut être défini par sa nature paradoxale, il n’existe pas de frontière entre nature et culture chez lui.   

merleau

« êtres.

Merleau-Ponty s'oppose ici à la théorie de Rousseau.

En effet, ce dernier affirmait, dans son Discours surl'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, que “L'Homme naît bon, la société le corrompt”.Reprenons la métaphore artistique de Merleau-Ponty.

Après avoir gratté une première couche de comportementsconventionnels, on verrait apparaître la couleur originelle de la nature.

Tel n'est pas l'avis de Merleau-Ponty, pourlequel un Homme ne peut pas vivre indépendamment des transformations que la société lui impose.

Ainsi, les deuxcouches naturelles et culturelles sont totalement inséparables.

Prenons l'exemple de la parole, la pensée estindissociable de la parole, de l'expression des idées.

L'Homme ayant un besoin naturel de s'exprimer, il ne peut lefaire qu'à travers des mots, ceux-ci étant l'un des plus grand manifeste de la culture et de la société.

C'estpourquoi, en parlant de l'Homme on ne peut séparer nature et culture.

Ce faisant “Tout est fabriqué et tout estnaturel chez l'homme, […]''.

Autrement dit, nature et culture sont toutes deux véridiques chez l'Homme tant qu'onles pose ensemble.

Merleau-Ponty s'efforce d'expliquer ce mélange d'inné et d'acquis en disant qu' “il n'est pas unmot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique et qui en même temps ne se dérobeà la simplicité animale''.

Un mot n'est-il pas la représentation d'une image mentale, représentation conventionnelle etinventée ? Une attitude, comme le rire, est une réalité biologique et culturelle, fruit de l'apprentissage (l'enfantapprend la signification du rire par imitation de l'adulte).

L'apparition et l'expression des comportements sontrégulées par les us et coutumes.

Cette influence de la culture sur la nature est définie comme étant une façon de“détourner de leur sens les conduites vitales''.

Ceci serait à l'origine d' “une sorte d'échappement'' caractéristique dela nature humaine qui correspondrait à une complexification des relations entre l'être humain à son milieu.

L'Hommen'échappe jamais complètement à sa nature.

Merleau-Ponty nous dit ici que l'humanité de l'Homme résiderait dans lamanière dont son régit ses comportements.On peut parler de génie de l'équivoque dans la mesure où l'Homme “détourne de leur sens les conduites vitales''.L'Homme se définirait par son génie (particularité essentielle donc naturelle) de l'équivoque (est équivoque, ce qui aplusieurs significations imbriquées), toute conduite humaine aurait donc un double sens : une cause naturelle et unefinalité culturelle.

De plus, sa capacité à inventer de nouvelles conduites le rendent insaisissable car ses inventionscomportementales lui permettent toujours d'échapper à sa nature strictement organique.

Ni nature, ni culture, doit-on comprendre que l'Homme, ainsi que le suggère Merleau-Ponty, n'est définissable qu'en tant qu'il s'efforce, sansjamais y parvenir totalement, d'élever l'une à la hauteur de l'autre ?Pourtant, depuis toujours la plupart des théologies ségrégationnistes se sont basées sur une différenciation entre unHomme considéré comme étant ‘animal' (et donc absolument naturel) et un Homme cultivé.

Mais si l'on en croitMerleau-Ponty l'Homme n'existe pas dans son état le plus pur de la nature, tout en lui est une expression d'uneréalité à la fois naturelle et culturelle.

Cette thèse empêche donc la formulation de l'existence d'une espèceinférieure car ‘animale' et sans culture digne de ce nom.

Merleau-Ponty nous permet ici de remettre en cause lesbases mêmes des thèses racistes. L'Homme a toujours été défini comme un ensemble de composants unis mais différenciable.

Ici, Merleau-Ponty nouspropose de faire disparaître la dualité de l'Homme et apparaître son équivocité.

Il nous dit ainsi que l'Homme, bienqu'étant à la fois un être de nature et de culture, ne saurait être identifié ni à l'une ni à l'autre.

C'est cette natureparadoxale qui permet d'introduire une notion d'égalité entre les Hommes.. »

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