Mort et sens de la vie
Publié le 21/01/2020
Extrait du document
- Or c’est par ces pratiques et qualités que l’homme confirme sa séparation du milieu naturel (cf. Hegel) et, donc, qu’il existe authentiquement. La conscience de la mort fournit ainsi le cadre à l’intérieur duquel l’action humaine se déploie (à l’échelle de l’histoire aussi bien que d’une vie) pour donner à l’homme une définition de l’existence — pour lui permettre de faire surgir du sens.
[Conclusion]
L’homme est « être-pour-la-mort », affirment Nietzsche et Heidegger. Cela signifie, non que la mort rend vaine toute entreprise, mais au contraire qu’elle seule permet de donner aux entreprises humaines leur juste mesure. C’est parce que la mort est toujours a l’horizon que l’existence de l’homme est une pratique au terme (toujours relatif) de laquelle l’humanité se manifeste par son auto production.
«
CORRIGÉ 11
Il.
L'espérance d'un au-delà]
- Pour toutes les pensées qui conçoivent une immortalité spirituelle, la
mort n'est qu'un moment de passage.
Dans ces pensées, c'est en général
la vie posthume de l'âme qui a le plus de valeur, et la mort est comprise
comme sanctionnant la valeur de l'existence antérieure.
Loin de faire.dis
paraître tout sens de l'existence de l'homme, elle permet au contraire de
saisir ce sens et d'en déduire un destin posthume.
- Confirmation par Platon : si l'existence doit être orientée par la quête
du Bien, c'est parce que l'âme sera jugée après la mort (cf Phédon).
- Mentalité chrétienne : l'existence terrestre doit être orientée par l'at
tente de la vie posthume.
Même dans les théories calvinistes affirmant une
prédestination de l'âme, l'existence terrestre doit avoir un but : il s'agit
alors de faire fructifier les biens (cf les analyses de Max Weber : il appa
raît que c'est la méditation sur l'au-delà de la mort qui détermine l'orien
tation économique de l'existence).
[Il.
Un sens sans vie posthume]
- Si l'on ne tient pas compte d'une éventuelle immortalité de l'âme, la
mort ne signifie pas pour autant la privation de toute orientation pour
l'existence, ni la disparition de toute signification.
- Dans l' Antiquité, le matérialisme absolu des épicuriens ne supprime
pas le sens de l'existence : celle-ci demeure au contraire orientée par ce
qu'indique la nature (le plaisir, l'ataraxie).
- Le matérialisme moderne (Marx 'par exemple) ne nie pas davantage
la possibilité du sens de l'existence.
Il le déplace plutôt de l'individuel au
collectif: c'est en participant à l'histoire (au déploiement de la liberté qui
doit s'y accomplir) que l'existence trouve sa signification et sa portée.
- Lorsque l'existence est conçue immédiatement comme dénuée de
sens, ou absurde (dans l'existentialisme sartrien), ce n'est pas à cause de la
mort, c'est parce qu'elle apparaît, dans l'absolu, comme sans justification.
[Ill.
La mort fonde le sens]
- Quel «sens» peut avoir une existence sans (conscience de) la mort?
Dans l'animalité, la vie, entièrement déterminée (par les instincts et le
milieu), ne produit aucune signification.
- Par hypothèse, une existence humaine privée de fin demeurerait sans
projet (celui-ci implique la temporalité) : n'entreprenant rien, elle ne
pourrait manifester ni intention ni signification ; elle serait condamnée au
sur-place, à l'absence d'histoire.
- C'est donc la mort et sa conscience comme fin de la temporalité indi
viduelle qui fondent pour l'homme la nécessité d'entreprendre, de tra
vailler, de transformer son milieu..
»
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